« Où sont les femmes ? » MARCELINE DESBORDES-VALMORE (1786-1859), dite « Poétesse maudite »
Marceline Desbordes-Valmore, surnommée « Poétesse maudite » par les un·e·s ou « Notre-Dame-Des-Pleurs » par les autres, en raison des nombreux deuils et périodes difficiles qui ont parsemés sa vie, est à la fois poétesse, écrivaine et épistolière. Elle s’engage auprès des pauvres, des enfants, des femmes et de toutes les personnes dans le besoin. Ses écrits montrent à la fois ses pensées féministes ainsi que sa force et sa volonté d’aider les personnes les plus démunies.
Marceline Desbordes-Valmore est née à Douai le 20 juin 1786 et est morte à Paris le 23 juillet 1859. Sa famille n’est pas, au départ, des plus pauvres ; mais suite à la crise de l’industrie textile dans les années 1790, elle se retrouve dans une situation difficile. A 12 ans, elle quitte son Douai natal avec sa mère, pour demander asile à un riche cousin propriétaire de plantations en Guadeloupe. Cette aventure des Tropiques l’a inspiré à écrire, plus tard, Les Veillées des Antilles, publiée en 1821.
À l’âge de 16 ans, elle revient sur le territoire métropolitain. Le cousin décède suite aux révoltes des esclaves contre les colons et sa mère est emportée par la fièvre jaune. Marceline se retrouve ainsi orpheline, sans le sou, le capitaine du navire l’ayant dépouillée de tout. A cette période, elle commence sa carrière de comédienne et entretient une première liaison de laquelle nait un enfant décédé très tôt. Plus tard, elle a un deuxième enfant, issu d’une seconde liaison plus durable, qui meurt à cinq ans et demi. Cet homme reste son amant à de nombreuses reprises dans sa vie, même après son union avec Prosper Valmore. Il est très présent dans les poèmes de Marceline bien qu’elle ne le cite jamais dans ses textes directement. On le reconnaît en effet dans certains poèmes.
Elle a conquis, sans l’avoir voulu, à 31 ans, le cœur de Prosper Valmore, un camarade de théâtre de Bruxelles de 24 ans, et l’a épousé. Son premier-né légitime, ne vit que quelques semaines. Trois autres enfants suivent - les deux filles disparaissent, Inès à l’adolescence et Ondine jeune femme - après avoir perdu elle aussi un tout jeune enfant. Seul Hippolyte survécut à ses deux parents.
Marceline est à la fois une poétesse, une écrivaine (de contes, nouvelles, romans) et une épistolière. Au départ, elle écrit pour s'apaiser afin de traduire sa peine, suite aux conseils de son médecin. Cela lui permet également de subvenir à ses besoins. Ses lettres ne sont initialement pas destinées à être publiées.
Elle a écrit 25 000 vers, un bon millier de pages de prose et plus de 3000 lettres. Sa poésie est surtout élégiaque, parfois satirique, parfois épique, souvent politique. Son style n'est pas traditionnel. Elle n'est pas allée au collège et n'a pas fait d'études. Son style n'est pas non plus révolutionnaire. Il est plutôt inventif, c'est-à-dire à la fois novateur et surtout indépendant. Son premier recueil est publié en 1819 sous le titre d’Elégies et Romances.
Pour elle, écrire, est également une arme contre les puissants, les sots et pour aider les faibles. Enfin, il ne faudrait pas l'oublier, c'est aussi un don. A douze ans, elle a composé un poème, aujourd'hui disparu. Elle a persisté et écrit pendant presque un demi-siècle et n'a cessé de progresser. Indubitablement, les trois derniers recueils sont les meilleurs.
Marceline défend de manière opiniâtre les pauvres, les enfants, les femmes, les banni·e·s, les prisonnier·e·s (civil·e·s ou militaires), autrement dit toutes les personnes vulnérables et les victimes d’une société encore trop dure et injuste. Elle était l’amie de Béranger, de Lamennais, Raspail, Hugo… Tous dotés d'un esprit d'ouverture en même temps que persécutés.
Elle se remarque par son féminisme, discret, mais tenace. Un féminisme moins constitué de revendications que de doléances. "Les femmes, je le sais, ne doivent pas écrire, j'écris pourtant." (Poésies Inédites, 1860).
D’abord installée au 10, place des Terreaux. Elle vécut à Lyon par intermittence, dix années entre 1821 et 1837 où elle y connu le succès en tant que comédienne. Elle n’a pas vraiment aimé Lyon, ni la ville, ni son climat, mais elle y a tissé tout un réseau d’amitiés lyonnaises : Boitel, Berjon, Coignet, Dessaix, Prud’hon qui fut le parrain d’Ondine, et bien d’autres, comme Eugène Vial, qui leur a consacré tout un livre.
Elle consacre certains de ses poèmes aux journées sanglantes des révoltes des Canuts d’avril 1834, notamment dans le recueil Pauvres Fleurs, publié en 1839.
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Elle a vibré aux détresses diverses de la population, que ce soient les deux émeutes de 1831 et 1834 dont elle fut témoin ou l’inondation de 1840.
En savoir plus
La médiathèque de Vaise (Lyon 9e) porte le nom de Marceline Desbordes-Valmore.
Références
- Jean BUTIN, Ces Lyonnaises qui ont marqué leur temps, passionnées, fascinantes, légendaires, Lyon, éditions lyonnaises d'art et d'histoire, 2004, p. 119-134.
- Eugène VIAL, Marceline Desbordes-Valmore et ses amis lyonnais, La Connaissance, Paris, 1923.
- Janine MOULIN, Marceline Desbordes-Valmore, Seghers, 1955.
- Francis AMBRIERE, Le siècle des Valmore, Le Seuil, 1987.
- Marc BERTRAND, Une femme à l’écoute de son temps, J. André éditeur, 2009.
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Ce portrait est un extrait des balades urbaines « Où sont les Femmes ? » proposées par l’association Filactions.
Qu'elles soient artistes, poétesses ou réalisatrices, militantes, résistantes ou gastronomes, nombreuses sont les femmes qui ont laissé leur empreinte dans notre ville, sans être pour autant connues du grand public. Venez découvrir la ville à travers les lieux qui rendent hommage à des femmes qui ont marqué leur temps, par leurs idées, leurs actions, leur métier.
Vous pouvez trouver plus d’informations sur notre association et nos balades urbaines sur notre site www.filactions.org ou sur Facebook Filactions Asso.