Leonetto Cappiello (1875-1942), l’arabesque vivante
« L’affiche a pour mission de crier haut un nom et par la clarté et la volonté de sa forme, par la surprise et la beauté de son arabesque, par l’éclat de ses couleurs, elle doit la rendre inoubliable au passant… » confiait Leonetto Cappiello à Paul Nicolas dans un entretien paru dans Vendre en septembre 1934.
L’œuvre de Leonetto Cappiello, unanimement considéré comme l’un des pères de l’affiche moderne, se trouve désormais dans le domaine public depuis 2012. C’est là une belle occasion pour découvrir les affiches de l’artiste conservées à la bibliothèque municipale de Lyon.
Né en 1875 à Livourne, ses dessins et caricatures connaissent un immense succès entre 1896 et 1905. Il s’installe à Paris en 1898 et réalise sa première affiche en 1899 pour le journal humoristique Le Frou-Frou. Il signe ensuite son premier contrat d’affichiste avec l’imprimeur Pierre Vercasson en 1900. C’est avec ce mode d’expression particulier qu’il va marquer son époque. L’affiche étant avant tout un support publicitaire et commercial, Cappiello met un soin particulier à distinguer son travail de la production des « concurrents ». L’affiche doit « sauter aux yeux » et se détacher de ses voisines sur les palissades. Elle doit attirer le regard et offrir un message surprenant et efficace.
Il va pour cela recourir à l’emploi de couleurs très vives comme le rouge ou le vert, privilégiant les contrastes marqués par des aplats noirs ou colorés. Les affiches Buvez tous Evian-Cachat, Cognac Pellisson, La Fraisette, ou bien encore Papier à cigarettes Job sont des exemples emblématiques de cette volonté d’accrocher l’attention du passant dans la rue.
Pour les personnages qu’il met en scène, Cappiello se souvient être italien et s’inspire volontiers d’un répertoire iconographique traditionnel issu de la Commedia dell’Arte. Les collants et chaussons colorés de Pantalon, le maillot d’Arlequin acrobate, les blouses et culottes bouffantes, les coiffures et plumes de coq géantes et effilées se rencontrent ainsi fréquemment sur les affiches du maître.
Cappiello ne se laisse pour autant pas enfermer dans un style particulier. Loin d’être figé, ce dernier se laisse volontiers influencer par l’esthétique Art déco au tournant des années trente. En témoigne l’affiche réalisée pour l’Exposition internationale Arts et Techniques de 1937. Avec un lettrage en caractères « bâtons » et des silhouettes plus rigides, la courbe semble s’effacer au profit de lignes plus géométriques : Cappiello sait épouser le style de l’époque dans laquelle il vit.
