[Couvent de la Visitation à Condrieu (Rhône)]

[Couvent de la Visitation à Condrieu (Rhône)]
droitsCreative Commons - Paternité. Pas d'utilisation commerciale. Pas de modification.
localisationBibliothèque municipale de Lyon / P0740 FIGRPT2900 01
technique1 photographie positive : tirage noir et blanc ; 24 x 18 cm (épr.)
descriptionAdresse de prise de vue : Couvent de la Visitation, 69420 Condrieu.
historiqueA Condrieu, au sud de Lyon, une association de défense des monuments de la ville se bat pour tenter de percer un mystère. Sous l'enduit qui recouvre la cheminée monumentale de l'ancien couvent de la Visitation, se cacheraient... des fresques du XVe siècle. Enquête.
historiqueDans la minuscule salle des gardes du couvent de la Visitation, à Condrieu, un petit groupe de retraités s'agite. Munis d'échelles, de seaux d'eau et d'éponges, ils se lancent à l'assaut de la monumentale cheminée qui orne le mur du fond. Minutieusement, ils passent et repassent la main sur l'enduit qui recouvre le fronton. Ils le scrutent. Ils l'observent. Sous tous les angles. A la recherche d'un signe... Pour un vulgaire passant, candide, la vieille cheminée n'a rien d'exceptionnel. Si ce n'est quelques auréoles dues, sans doute, à l'humidité. Inévitable, dans cette demeure aux murs de pierre, six ou sept fois centenaire. Mais pour les militants de l'Association de la sauvegarde du patrimoine historique et culturel de Condrieu (ASPC), la cheminée recelle un trésor inestimable. "Nous sommes certains aujourd'hui que l'enduit recouvre une fresque, datant du XVe siècle environ", assure Roger Hanriat, président de la petite association. Pour le prouver, le défenseur des monuments prend la baguette et, tel un professeur de géographie, apporte la démonstration. "Ici, on ne voit que des ombres ou des auréoles. Mais en fait, du fond de la pièce, on constate qu'elles correspondent à des personnages. Au total, il y en a douze. Et leur disposition tend à prouver qu'il s'agit d'une représentation de l'Adoration des rois mages à l'enfant Jésus", explique le représentant de l'association. Et Roger Hanriat de dévoiler, un mage enturbanné - "C'est l'époque de la turcomania", souligne-t-il -, le pli d'une robe ou les yeux et le visage de Joseph. Tandis que, amusés et curieux, des visiteurs essaient de deviner une silhouette ou deux. Intriguée depuis plus de trois ans par ces ombres sur la cheminée, l'association a décidé d'acquérir la salle des gardes pour se consacrer pleinement à la restauration du fronton de la cheminée. "Nous avons acheté la pièce lorsque le bâtiment a été vendu à un promoteur. Qui a aménagé dans le couvent une quarantaine d'appartements", souligne Roger Hanriat. Un des escaliers de ce qu'il convient d'appeler désormais la résidence du Prieuré, est d'ailleurs en passe d'être classé officiellement. Passionnés par les peintures et sculptures du couvent, les membres de l'ASPC ont décidé de sauver une partie du patrimoine : la cheminée. Ils se sont donc mis au travail et ont fait appel à un fresquier de la région. Très vite, il a mis à jour, sur les extrémités du fronton, deux peintures représentant... des pots de fleurs. Rien à voir avec la dimension divine de l'icône. "C'est normal, se rassure Roger Hanriat. La facture montre que l'oeuvre est récente. C'est sans doute parce que cette salle des gardes était devenue le cadre de conversations trop crues que la peinture religieuse a été recouverte". Malheureusement, faute de moyens, le spécialiste n'a pas pu poursuivre ses investigations. Et rien ne prouve qu'une fresque religieuse est sous le plâtre. Cachée entre les deux pots de fleurs. Aujourd'hui, les membres de l'association attendent que d'éventuels sponsors soutiennent l'opération de restauration des fresques. Ils ont d'ores et déjà reçu récemment une enveloppe de vingt mille francs de la part des élus locaux. Pour les convaincre, ils prendront prochainement un cliché qui, par un système infrarouge, pourrait prouver l'existence de l'icône et dévoiler ses personnages. En attendant, avec la précision d'un horloger et le doigté d'un chirurgien, ils commencent le travail de restitution. En passant et repassant des coups d'éponge. Inlassablement, guettant le moindre signe. La moindre preuve. Source : "Les mystérieuses fresques de Condrieu" / Philippe Courtois in Lyon Figaro, 28 mai 1991, p.36.
note à l'exemplaireNégatif(s) sous la cote : FIGRP03884.
note bibliographiqueBase Mérimée (réf. PA00117747).

Retour