[Marqueterie d'art Dominique Ciamarone (M.O.F., 1991)]

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localisation Bibliothèque municipale de Lyon / P0758 FIGRPT0236A 01
technique 1 photographie positive : tirage noir et blanc ; 12,5 x 17,5 cm (épr.)
historique Dominique Ciamarone, Meilleur ouvrier de France du Rhône (M.O.F. - Marqueterie ; 1991).
historique "Les gens ne me considèrent pas comme un artiste. Et pourtant, le métier que j'effectue est un travail d'art à part entière". Ainsi s'exprime Dominique Ciamarone, marqueteur à Pierre-Bénite. Sacré meilleur ouvrier de France en mars [1990], il éprouve cependant des difficultés à être reconnu et à définir son statut. Dans le domaine de l'artisanat, seule la marqueterie sur meubles a sa place et Dominique Ciamarone réalise des tableaux. "D'un autre côté, la maison des artistes me considère comme un artisan, ce qui me ferme la porte de certaines galeries". La démarche employée par le marqueteur est en tous cas complète. Pour réaliser ses tableaux en bois, Dominique Ciamarone part d'abord à la recherche d'essences de différentes natures, ce qui l'emmène parfois à l'étranger. "J'emploie une centaine de bois différents. J'ai élargi ma palette au fil des années. Mes critères de choix sont bien sûr la couleur, la texture, mais aussi les mouvements du bois et ses dessins". Commence ensuite un travail de précision et de minutie : la découpe du matériau au bistouri. "Comme je suis un autodidacte, ma méthode de travail est originale. Les autres marqueteurs emploient généralement une scie à marqueterie". Il faut dire que Dominique Ciamarone a exercé tous les métiers du monde avant de s'abandonner à sa passion : d'abord chauffeur-livreur chez Mercedes, le jeune homme a même pratiqué des autopsies... d'où l'idée du bistouri." Le résultat est surprenant : le travail du bois, permet, en effet, de réaliser des ouvres de styles très différents. "J'essaie de faire de tout : paysages, natures mortes, et même des nus". Les arbres fournissent à à l'artiste une palette de couleurs très variées : du blanc au jaune, en passant par le vert du tulipier, le rouge du bois de corail, l'orange et même le bleu. Cette dernière catégorie est cependant très rare, car elle est le produit du pur hasard : l'oxyde de cuivre dégagé par un éclat d'obus s'est mélangé à la sève d'un arbre lors de la dernière guerre mondiale, pour produire cette teinte étonnante. La difficulté majeure : le bois ne permet pas vraiment les dégradés de couleurs. "II faut jouer avec la texture de son matériau. Un noeud du bois peut faire l'ombre d'un visage et ses veines sont parfaites pour représenter le ciel au soleil couchant". La seconde difficulté est sans doute celle de la rapidité. Si le bois travaille pendant la réalisation d'une oeuvre, les formes découpées ne s'encastrent plus parfaitement. Patience et agilité sont donc nécessaires. Comment naît une passion ? Dominique Ciamarone s'intéresse depuis longtemps au domaine de l'art. Etant plus jeune, il ne se destinait cependant pas à la marqueterie, mais plutôt au commerce. Mais la vie en a décidé autrement. "En rentrant de l'armée, je ne trouvais pas de travail dans ma branche. De toutes façons, je ne pense pas que la vie d'entreprise m'aurait plu". Son père, qui a réalisé quelques tableaux en marqueterie, lui lance un jour un défi amical : "Tu ne serais pas capable de faire la même chose que moi", lui dit-il. Défi relevé. Pour le plaisir de Dominique, qui se félicite d'avoir choisi cette voie, même s'il se plaint de certaines difficultés financières. "Mon atelier est beaucoup trop exigu. J'aurais aussi besoin de matériel, mais je manque de moyens". Les tableaux de l'artiste se vendent entre 290 francs et 65.000 francs. Pourtant, cela ne suffit pas à Dominique Ciamarone pour boucler son budget. "J'ai demandé à la mairie de La Mulatière, dont je suis originaire, de m'aider. Mais je n'ai reçu aucune réponse. Je vais donc m'adresser ailleurs pour qu'on me loue un local pas cher. Ma présence pourrait pourtant profiter à une commune". L'homme n'est cependant pas un artiste maudit. Il a exposé en juin [1990] à l'Hôtel de ville de Lyon, ses oeuvres ont été accueillies par une galerie à Annecy et tous les dimanches, au marché de la création, Dominique Ciamarone se fait connaître. Les projets, non plus, ne manquent pas. Entre autres, il espère gagner dans les mois qui viennent le concours de l'International art company, à New York. Source : "Scène de bois" / Marie-Pierre Agnès in Lyon Figaro, 13 juillet 1990, p.48.
note bibliographique Modèles de marqueterie : tableaux / Dominique Ciamarone, 2002 [non conservé]. - Modèles de marqueterie : oiseaux et papillons / Dominique Ciamarone, 2011 [non conservé].

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