[Exposition Boltanski à la Maison de la Culture de...

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localisation Bibliothèque municipale de Lyon / P0741 FIGRPT0236A 02
technique 1 photographie positive : tirage noir et blanc ; 18 x 24 cm (épr.)
description Adresse de prise de vue : Christian Boltanski, à la Maison de la culture et de la communication, Jardin des plantes, 42000 Saint-Etienne.
historique L'impression d'un silence sourd, oppressant, juste agacé par le grizzeli continu des néons d'une salle, à côté. La sensation de pénétrer dans un lieu de recueillement, un lieu de mort. Un mémorial. L'obscurité rend immense la salle d'exposition de la Maison de la culture et de la communication de Saint-Etienne. Seules sources lumineuses, les lampes des autels-icônes qui occupent tout un pan de mur. Boltanski expose. C'est sur la disparition, la fragilité, la mort, que nous invitent à réfléchir vingt boîtes en fer blanc grillagées, renfermant quelques photographies noir et blanc, de qualité médiocre. Photos d'une humanité moyenne, banale, saisie dans son quotidien intime ou ses rites sociaux : baptêmes, mariages, anniversaires, flirts sorties du dimanche. On voit la toile cirée, on imagine le lino. Sourires, bonheurs, peines, ce petit théâtre des émotions devient le nôtre quand, à ces histoires qu'on nous raconte, notre propre imagination superpose son cinéma. La mise en page de ces photos, toutes d'un temps passé, évoque à la fois celle de la presse populaire à sensations et la mise en scène des petits autels privés que certaines personnes élèvent à leurs proches sur un coin du buffet de la salle à manger. C'est émouvant, morbide, car ces visages sont des figures mortes. Ces familles n'existent plus même si les personnages illustrés vivent encore. C'est fascinant, car, à y regarder de près, des histoires différentes naissent d'images récurrentes et répétitives. La pin up en maillot, l'athlète fier de ses biceps, la jeune épousée, la mère de famille méritante, le père au-dessus de tous soupçons... se combinent indifféremment avec d'autres hommes et d'autres femmes pour endosser des identités nouvelles. En route vers d'autres existences. Comme si, chaque donne de photos, réinventant les relations entre les personnages, signifiait l'aléatoire d'itinéraires que la mort fige en destin. Source : "Les âmes mortes" / Nelly Colin in Lyon Figaro, 22 avril 1987, p.35.
note bibliographique Photographie reproduite in Lyon Figaro, 22 avril 1987, p.35.

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