[Affiche pour Octobre des arts (1988)]

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localisation Bibliothèque municipale de Lyon / P0741 FIGRPT0226B 02
technique 1 photographie positive : tirage noir et blanc ; 20 x 15 cm (épr.)
historique Toucher à l'essentiel, fioritures et bavardage, séduire en s'adressant à l'intellect et non en flattant l'inconscient... Depuis cinq ans qu'elle est chargée de l'identité visuelle globale d'Art Contemporain Lyon, l'agence BBV est fidèle au concept d'image évolutive qui s'est élaboré au fur et à mesure de sa collaboration avec le musée, de même qu'elle ne déroge pas à l'esprit d'élégance et de sobriété qui caractérise ses productions. C'est dans le droit fil des campagnes précédentes que Ruedi Baur et son équipe ont modelé pour Octobre des arts 88 un nouveau look. Même donnée de base que les années antérieures : le parti pris radical du noir et du blanc, et toujours l'austérité du graphisme, la simplicité dans la construction de l'image. Mise en place sur les panneaux Avenir dès le début juillet, à dose homéopathique, le cru 1988 a essaimé en quelques endroits de la ville de grands mots noirs sur fond blanc. Rigoureuses, les lettres bâtons disent en toute simplicité quelques couleurs du spectre. Une à la fois, en cultivant le laconisme. Juste de quoi intriguer et faire s'interroger le passant qui se demande en un premier temps ce que ces "bleu", "rouge", "violet" veulent bien signifier, avant de reconnaître au bas de l'affiche la griffe ODA (Octobre des arts, pour les non-initiés). Nulle concertation, nulle préméditation (mais de banales raisons financières) dans ce dispositif minimal qui pose les affiches comme les indices d'une stratégie de communication évoquant celle de l'araignée tissant sa toile. De l'extérieur vers le centre, en un réseau toujours plus serré. D'autant qu'en septembre, l'armée des primaires et des complémentaires installera ses batteries démultipliées en centre ville, à la une des panneaux Decaux. Des bannières assureront le relais en octobre. Même dans le métro, on n'échappera pas à "La Couleur Seule, l'expérience du monochrome", grande exposition thématique qui constitue, c'est une première mondiale, l'Octobre des Arts 88. Organisée par le musée Saint-Pierre Contemporain, cette exposition conçue par Maurice Besset et initialement prévue pour le Centre Beaubourg, rassemblera près de deux cents oeuvres. On en trouvera jusque dans la crypte de la basilique de Fourvière... Distribuée en deux sections, elle permettra de saisir dans sa partie rétrospective les démarches qui, de Monet à Klein, ont fondé ou approché une peinture de la couleur seule. Une partie plus contemporaine proposera des oeuvres d'artistes de ces trente dernières années. Certaines pièces seront réalisées pour l'occasion. Réflexion sur la couleur, sur sa nature, son mode de fonctionnement, l'exposition d'Octobre des Arts tentera de faire le premier bilan historique d'une forme extrême de peinture que prend la couleur comme unique sujet, hors de toute préoccupation de composition ou d'écriture. On voit quel paradoxe stimulant a dû affronter Ruedi Baur : utiliser le seul graphisme et la seule-sonorité des mots dans le paramètre restreint du noir et blanc qui est le sien, de façon telle que cela résonne (et raisonne) en couleur dans la tête des gens. Mais BBV a le goût du jeu, on l'a bien vu l'an dernier avec les variations sur le "O" d'Octobre, qui tour à tour se faisait chiffre, disque, ou s'étirait vers l'oval. Résultat : des affiches qui dissociant signifié et signifiant font un clin d'oeil à la peinture "cosa mentale", et à l'expérience du monochrome, la grande aventure extrémiste de l'art abstrait. Source : "Des mots pour la dire" / Nelly Colin in Lyon Figaro, 4 août 1988, p.23.

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