[Capitaine Nicole Riedel, commandant d'escadrille à Corbas]

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localisation Bibliothèque municipale de Lyon / P0741 FIGRPT0110A 17
technique 1 photographie positive : tirage noir et blanc ; 15 x 20 cm (épr.)
historique "Il m'est arrivé de rencontrer des hommes cons. Mais j'ai aussi rencontré des connes." Coupe-sangle fixé au mollet, casque de vol sous le bras, treillis réglementaire et rangers, le capitaine Nicole Riedel prend les commandes de l'Alouette III. "Comme quoi, à l'armée, rien n'est différent d'ailleurs". Officier, pilote de combat totalisant plus de 1200 heures de vol, Nicole Riedel se considère comme un cadre de l'armée parmi tant d'autres. A une différence près cependant, et de taille : elle est la première femme officier à prendre le commandement d'une escadrille. Ce qui lui vaut quelques égards, mais surtout la vedette de tous les médias. Depuis son apparition [le 29 juin 1988] dans la région pour prendre le commandement de la première escadrille du cinquième groupement d'hélicoptères légers à Corbas, elle n'a cessé d'être sollicitée de toutes parts. Au point, presque, d'éclipser l'arrivée simultanée du nouveau commandant du groupement, le colonel Gautrot, dont la première tâche a été de gérer l'impact médiatique de son capitaine. Avec humour et résignation. "On se croirait au zoo. Tout le monde vient voir la merveille". Nicole Riedel n'en est pas à sa première expérience. Le crépitement des flasches est presque devenu une habitude. Il faut dire que, depuis dix ans, date de son entrée dans la carrière, elle n'a cessé d'être talonnée dans chacune de ses mutations à travers la France. Ce n'est encore pas si courant de voir une femme choisir la carrière d'officier. Un intérêt qui ne va d'ailleurs pas sans lui déplaire. Par goût du jeu et de la dérision. Même si elle avoue, tout sourire, un léger agacement. "Cela ne me laisse pas indifférente, bien sûr. Mais je trouve cela un peu artificiel. Dans mon travail quotidien, je n'ai pas l'impression qu'il y ait de différence". Ni "tas", ni "boudin", ni "hommasse". Pas même quelconque, passable ou mignonne. Nicole Riedel est carrément jolie. Du genre top-model, longues jambes et silhouette athlétique. Pas vraiment l'image attendue d'un militaire de carrière, surtout féminin. Ce dont elle est la première consciente. Et elle en joue à la perfection, l'oeil ironique, avec juste ce qu'il faut de coquetterie : "J'ai trente-deux ans. On ne dirait pas, n'est-ce pas ?" L'armée ne pouvait rêver meilleure publicité. Originaire de Metz, Nicole Riedel s'est engagée à vingt-deux ans. Avec, en poche, une licence de langues étrangères appliquées. "Par goût des déplacements, pour bouger un peu." Sur les conseils d'un grand frère, un "réserviste à l'esprit militaire". Et surtout par "intérêt pour les problèmes de la nation". Par militantisme aussi, bien sûr : "Pour montrer que les femmes s'intéressent aussi aux problèmes de défense de la nation. Et que l'on a trop souvent tendance à les oublier, comme toutes celles qui se sont illustrées dans la résistance." Un militantisme. qui est cependant loin d'être aveugle ou complètement béat. Nicole Riedel aimant trop garder la distance du jeu pour se prendre au sérieux : "De très nombreuses femmes continuent à colporter une certaine image. Même au sein de l'armée". Et sans non plus, et de loin, faire du militantisme une vocation : "Le machisme, je n'y crois pas. Je me suis toujours bien entendu avec certains hommes, comme avec certaines femmes. A l'armée comme ailleurs, ce n'est pas une question de sexe. C'est une question d'affinités". Ecole de Coëtquidan, école de pilotage de Dax, puis formation de chef de patrouille au Luc et affectation dans un régiment du Génie, Nicole Riedel a suivi le cycle classique des officiers de l'Aviation légère de l'armée de terre (l'ALAT). Toujours avec l'étiquette de "première femme". Ce qui ne rendait pas la formation plus facile ou les exercices moins exigeants. "La principale difficulté que l'on rencontre a l'armée est l'exigence de la disponibilité. Ce n'est pas propre à la carrière de militaire. Les sacrifices consentis sont importants, surtout en ce qui concerne la famille." Surtout quand un capitaine de l'ALAT épouse un lieutenant de vaisseau de l'aéronavale constamment en mission en Méditerranée. La liaison Golfe Persique-Corbas est un rien acrobatique. "C'est un choix. Cela fait des années que nous nous retrouvons pour les week-end ou les vacances. Une situation qui risque de durer encore longtemps. Toulon n'est pas vraiment un lieu d'affectation pour un pilote d'hélicoptère de l'ALAT". Pas plus que Corbas n'est un port de guerre. En attendant, Nicole Riedel tente de se familiariser avec le commandement. Sous ses ordres, pilotes et mécaniciens pour un parc de neuf appareils, Alouette II et Alouette III. Avec, pour mission, l'instruction et la formation. "Cela me semble plus spontané qu'auparavant. Je suis moins à cran, moins sur mes gardes. Je n'ai pas besoin de menacer pour me faire obéir. Cela vient tout seul désormais. Question d'expérience. Source : "L'Alouette de Corbas" / Carole Chatelain in Lyon Figaro, 2 juillet 1988, p.60.
note bibliographique "Capitaine Nicole Riedel, profession : commandant d'escadrille à Corbas" / Marcel Legendre in Le Progrès de Lyon, 27 juin 1988. - "Des galons de haut vol pour le capitaine Nicole Riedel" / Jocelyne Blanchard in Lyon Matin, 27 juin 1988.

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