[Journée nationale du souvenir de la Déportation (1992)]

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localisation Bibliothèque municipale de Lyon / P0741 FIGRPT0063 25
technique 1 photographie positive : tirage noir et blanc ; 18 x 24 cm (épr.)
historique L'affaire Touvier était au coeur de toutes les discussions lors de la Journée du souvenir de la Déportation. Michel Noir en a profité pour annoncer la tenue à Lyon d'un colloque international, pour l'inauguration du Centre de l'histoire de la Résistance et de la Déportation.
historique Moins de quinze jours après le non-lieu prononcé en faveur de Paul Touvier, la journée du souvenir de la Déportation a incontestablement revêtu cette année un caractère exceptionnel. Surtout dans la région, où l'ancien chef des renseignements de la Milice lyonnaise a sévi il y a près de cinquante ans. Témoin, la visite effectuée, [le 24 avril 1992 dans la matinée], par Louis Mexandeau, secrétaire d'Etat aux anciens combattants. Tout d'abord à Neyron (Ain), sur la tombe de Victor et Hélène Basch, assassinés en janvier 1944, à l'âge de 80 ans, sur ordre de Paul Touvier. Victor Basch était alors président de la Ligue des droits de l'Homme. Puis à Lyon, où Louis Mexandeau a assisté en l'église de Saint-Bonaventure à une messe concélébrée par le cardinal Decourtray. "Par cette messe à la mémoire des martyrs de la Déportation, les chrétiens veulent affirmer leur respect des faits et le respect des autres", a expliqué l'archevêque de Lyon dans son homélie, "un respect des faits dont les historiens et les juges doivent être les garants". Deux heures plus tard, lors de la réception officielle organisée à l'Hôtel de Ville de Lyon, René Horner était beaucoup plus virulent. Pour le président de la Fédération nationale des déportés, "cette décision de justice est une insulte envers tous les morts pour la France". Et, se référant au serment fait par tous les rescapés du camp de Buchenwald, il a affirmé avec force que "nous ne mettrons pas fin à notre combat tant que le dernier des coupables ne sera pas jugé". Dénonçant pêle-mêle "l'intolérance, la xénophobie, le racisme et l'antisémitisme", qui gagnent les pays occidentaux. Or "le racisme et l'antisémitisme sont des délits", estimait Michel Noir quelques minutes plus tard. Qui s'est à son tour lancé dans un réquisitoire contre la décision de la Chambre d'accusation de la cour d'appel de Paris. "Ce qui m'a le plus frappé dans cette affaire Touvier, c'est l'unanimité avec laquelle a été jugé sévèrement le non-lieu. Il faut s'interroger. Ce qui fait de cette décision un scandale, c'est qu'il paraît exprimer l'air du temps (...) Quelles compétences peuvent avoir des magistrats pour jouer ainsi les apprentis-historiens ? C est pour cela que nous avons le droit de demander des comptes à ces juges". Et c'est aussi pourquoi le maire de Lyon s'est prononcé en faveur d'un "devoir national de mémoire active", auquel il compte bien contribuer avec l'inauguration, à Lyon cet automne, du centre de l'histoire de la Résistance et de la Déportation. Prévu à l'origine début septembre, cet événement aura finalement lieu les 15 et 16 octobre [1992]. Une cérémonie en grande pompe, puisque Michel Noir a annoncé qu'il préparait pour l'occasion "un grand colloque international, suprême réponse au non-lieu, où seront présents des prix Nobel, des chefs d'Etat et de gouvernement et des historiens..." Elie Wiesel, prix Nobel de la paix et ancien survivant des camps de concentration nazis, aurait déjà donné son accord pour parrainer l'opération. On parle aussi de la participation de Václav Havel, président de la Tchécoslovaquie... Pour le reste du "plateau", on devrait être fixé dans les semaines qui viennent, selon Sabine Zeitoun, directrice du centre de l'histoire de la Résistance et de la Déportation. Qui précise également que ce colloque, intitulé "Résistances et mémoire", ne se limitera pas seulement au phénomène de la résistance française. Même s'il est organisé dans des locaux hautement symboliques : l'ancienne école de santé militaire de Lyon, siège de la Gestapo au cours de la deuxième guerre mondiale. "Car la seule manière de préparer l'avenir, c'est de se souvenir de son passé", déclare Michel Noir. Source : "De Paul Touvier à Elie Wiesel..." / Didier Falcand in Lyon Figaro, 27 avril 1992, p.3.
note à l'exemplaire Négatif(s) sous la cote : FIGRP05197.

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