[Manifestation des groupuscules de l'extrême-droite...

[Manifestation des groupuscules de l'extrême-droite lyonnaise]
droitsCreative Commons - Paternité. Pas d'utilisation commerciale. Pas de modification.
localisationBibliothèque municipale de Lyon / P0741 FIGRP00032 017
technique1 photographie négative : noir et blanc ; 36 x 24 mm
historiqueDeux cents personnes environ ont défilé [le 13 mai 1989] dans les rues de Lyon pour célébrer la traditionnelle fête de Jeanne-d'Arc. Les manifestants, à l'appel de l'Action-Française et de quelques groupuscules d'extrême-droite tels le GUD ou le mouvement Troisième voie se sont rassemblés place des Cordeliers devant l'église Saint-Bonaventure, pour rallier la place Puvis-de-Chavannes où se trouve la statue de la sainte. Une autre organisation, Anti 89, appelait également à manifester. Elle regroupe des personnes opposées à la commémoration du bicentenaire de la Révolution. Ce comité, regroupant selon ses organisateurs un millier de personnes dans le Rhône veut perpétuer le souvenir des martyrs du siège de Lyon. Source : "La Révolution à la lanterne" in Lyon Figaro, 15 mai 1989, p.4.
historiqueAnnoncée comme "un cortège en hommage à Jeanne d'Arc", la manifestation des royalistes Lyonnais, a rapidement pris, - [le 13 mai 1989] - des allures de parade des groupes activistes de l'extrême droite locale. Quinze heures : l'ordonnancement des participants devant l'église Sainte-Bonaventure suffit à indiquer que tout ne va pour le mieux entre les cinq composantes de la manifestation. L'"Action française" - puissance invitante - ne partage son bout de trottoir qu'avec le "comité anti-89 de Lyon". De création récente ce "comité d'abonnés" au journal l'Anti-89, est le plus hétérogène par l'âge de ses membres et l'absence de look. Il sera renforcé en cours de manifestation par des "lecteurs actifs", porteurs de boucliers en plexiglas et de brassards à croix celtique, puis par des militants du Front national porteurs de leur drapeau identique à celui des supporters de l'olympique lyonnais. Regroupés (sans volonté humoristique manifeste) sous le panneau de la station qui a pris le nom du club jacobin des Cordeliers, les militants de "Troisième voie" attendent en peaufinant la détermination de leurs visages, l'ajustement de leurs cuirs, foulards et lunettes noires. Le GUD (groupe union défense) porte brassards, drapeau et croix celtiques le tout en noir et blanc, avec quelque chose du "style para" de leurs ancêtres de "Jeune Nation". Des militants de l'ex-Comité de liaison et d'action nationaliste (CLAN), dissout à l'automne [1988] attendront la fin de la manifestation pour faire connaitre "publiquement" qu'ils ont décidé de se manifester "ès qualité" mais "ponctuellement". Drapeaux, étendards, banderoles déclinent toutes ces différences. La fleur de lys se porte avec discrétion à la boutonnière. Elle coupe le cortège en deux : au delà du comité anti-89, on la tient pour "un gadget archaïque". Tout aussi décorative, la canne plombée (ou pas) voisine - côté Action française - avec des manches de pioche de bonne facture. Cet accessoire associé au casque, indique l'appartenance à la "première ligne" du Service d'ordre. Côté Troisième voie, un militant ne sait pas comment tenir virilement un sac poubelle bourré de matraques. Les quatre cortèges s'ébranlent ensemble mais à bonne distance les uns des autres. Un écart confirmé par les slogans : "Ni droite! ni gauche ! monarchie populaire !" le plus prisé de l'AF. "Aujourd'hui l'anarchie ! demain l'ordre nouveau !" assure le GUD jugé frileux par "troisième voie" qui préfère : " Europe ! Jeunesse ! Insurrection !". Le groupe des "anti-89" venus au nom de "la mémoire des martyrs du siège de Lyon" a mis du temps pour retrouver le style oublié des "Enfants de Marie" ; ils entonnent des cantiques sous la conduite d'un porte drapeau tricolore (frappé du sacré-coeur chouan) et tenu par un homme en gants blancs. Parvenus Cours Lafayette, les cortèges ont regroupé deux cents personnes. Le rituel autour de la statue de Jeanne d'Arc est assuré dans la conformité à la tradition par le groupe de l'AF (y compris le "camelots du roi ! garde à vous !") qui rappelle que "ce défilé est imposé à la République". Tenus a distance et contraints de faire le pied de grue autour de la place, les autres groupes n'y feront leur entrée que sous quelques lazzis. Chaque chef y va de son discours pour déplorer les interventions précédentes attribuées à des folkloristes archaïques et irrésolus. Puis on range les matraques, les casques, et les banderoles, pas les cannes plombées. A Paris, trois jours plus tôt, Pierre Verbrugghe, préfet de police avait décidé d'interdire la manifestation qui devait se dérouler [le 14 mai] à l'occasion de la fête de Jeanne d'Arc à l'appel du Parti nationaliste français et européen. Il avait eu connaissance des consignes données aux militants invités à se présenter en "uniforme du parti" et à assurer la service d'ordre avec des "armes non prohibées". A Lyon, bonne fille, la république a décidé d'autoriser "l'hommage à Jeanne d'Arc" et d'en assurer discrètement la protection. Source : "L'anti-89 parade pour Jeanne d'Arc" / Bernard Fromentin in Lyon Libération, 15 mai 1989.
note à l'exemplaireCe reportage photographique contient 46 négatifs.
note bibliographiqueLyon et ses extrêmes droites / Alain Chevarin, 2020 [BM Lyon, 6900 T9 CHE].

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