[Exposition d'art contemporain à L'Embarcadère]

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localisation Bibliothèque municipale de Lyon / P0740 FIGRPT0227B 03
technique 1 photographie positive : tirage noir et blanc ; 18 x 24 cm (épr.)
description Adresse de prise de vue : Exposition Sastre-Kayser-Aubanel-Lo Greco, L'Embarcadère, 13 bis, quai Rambaud, Lyon 2e.
historique Kayser-Aubanel-Lo Greco. Le trio est à L'Embarcadère, tout de suite en entrant, et à droite. A gauche, c'est Tofol Sastre. Faut pas mélanger les univers. Celui de Jackie Kayser, par exemple, est bien spécial. Peuplé de formes suggestives qui nous édifieraient presque sur le fameux sexe des anges... Etrange, baroque. fantasmagorique. Humoristique. Comme ce cochon rose à tutu. Le regard bleu lagon irrésistible. Humorales, aussi, et viscérales, les formes de Kayser. Pas autant que Schoendorff, mais il y a de ça. Dans une palette à la Grünewald, une sorte de chips soufflée, figure récurrente, joue les personnages principaux de l'exposition. On la retrouve, en volume celle fois, ceinte d'un collier de perles, reposant dans un écrin précieux. Par terre, une élégante sculpture de grillage et dentelle noire : face à face en miroir pour deux phallus à collerette et chapelets qui nous la font grand deuil. Tout à côté, un fauteuil en bois invite à la contemplation devant un tableau au colossal cadre de bois. Quelques tableautins s'amusent, eux, à reprendre pour cadre les boudins joufflus du fauteuil. L'art dans un fauteuil, le rêve du peintre depuis Matisse. L'ensemble de cet accrochage-installation signé Jacky Kayser a une bien bizarre allure. Point de bizarrerie, en revanche, chez Aubanel, mais du calembour. Du jeu de mot. On sait ce que la psychanalyse en fait. Lui n'a jamais pu s'en priver. Il ne va pas changer maintenant, d'autant que cela ne l'empêche pas d'être peintre. Pour preuve, cette belle bleue qu'est La grande nuit, profonde et enveloppante. Ou ce tête-à-tête monumental mais tendrement intime qu'est le "Firmaman". On y retrouve, demeurés les seuls occupants de son univers, la Femme et le Cheval. A chacun son Yin et son Yang. On aurait tout de même préféré moins de jongleries et de pitreries, et plus de d'oeuvres, des vraies. Ou alors, Aubanel, peintre ès cheval laid ? Du côté d'Horacio Lo Greco, on est dans la franche dérision. Le style est violemment expressif : couleurs stridentes, formes bâclées. Résolument de la peinturlure, plutôt que de la peinture. Quant aux sujets... On n'ose imaginer ce qui se trame dans ce combat entre "Spiderman, Rintinplin et les Grecs"... Plus loin, Poliglouglou et ses glottes en folie laisse sans voix. Un comble. Quant à "Perversité Mat 1", est-ce vraiment un effet de berlue quand on y distingue l'indéfrisable de Jack Lang ? A ce joyeux trio de lascars qui dérident l'atmosphère avec un art calembourgeois, répond le solo plus sérieux de l'Espagnol Sastre. Ici, point de discours. Mais de la peinture. Point de fantaisie. Mais de la violence et de la rudesse. De l'âpreté même dans une matière à la texture grenue, parfois grumeleuse, à l'aspect mat, matière qui accroche particulièrement bien la lumière. Tout de suite, dans ces compositions, c'est la couleur qui frappe. Jetée qu'elle est sur la toile en oppositions franches, vigoureuses, qu'adoucissent çà et là quelques coloris travaillés en délicatesse. Si certaines toiles laissent deviner des bribes de figuration, des natures mortes, par exemple, le motif, chez Tofol Sastre, est secondaire. L'intérêt est dans le geste vital qui construit des oeuvres de juste équilibre entre l'ordre et l'anarchie. Source : "Trois plus un" / Nelly Gabriel in Lyon Figaro, 17 septembre 1991, p.37.
note à l'exemplaire Négatif(s) sous la cote : FIGRP04392.

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