[Musée urbain Tony-Garnier]

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localisation Bibliothèque municipale de Lyon / P0740 FIGRPT0084 01
technique 1 photographie positive : tirage noir et blanc ; 17,5 x 12,5 cm (épr.)
historique Pour se diriger dans leur vaste quartier, les habitants des Etats-Unis s'étaient trouvé, au fil des années, des points de repères visuels : couleur d'un immeuble, volet cassé, particularité d'une loggia. Avec la réhabilitation du quartier, impulsée en 1985 par l'Office public communautaire HLM, ces points de repères étaient destinés à disparaître au profit de murs blancs, de volets réparés, de loggia refaite. Seule solution pour conserver une identité : créer d'autres repères, esthétiques de surcroît, en profitant de la réhabilitation. Et suivant un double objectif : embellir un quartier trop urbain en faisant ressortir positivement son esprit ouvrier. Réhabiliter la mémoire de son créateur : Tony Garnier. La genèse du projet de musée urbain consacré à l'oeuvre de l'architecte lyonnais tire son essence de ce cheminement d'idées. Cheminement qui trouve un aboutissement concret en novembre 1985 avec la création d'une maquette en carton au travers de laquelle les riverains tentent de composer leur projet : peindre des fresques de deux cent cinquante mètres carrés sur les murs-pignons vierges des immeubles restructurés. Une idée qu'ils peaufinent et soumettent aux responsables de l'OPCHLM. Envoyés sur les roses, les habitants persistent pourtant. Ils confient leur initiative aux membres de la Cité de la Création. Sous les coups de crayons de cette équipe de plasticiens, l'idée s'améliore et devient un projet ambitieux, prévoyant d'une part la réalisation de vingt-quatre fresques, peintures inspirées des écrits et esquisses de Tony Garnier et de sa Cité industrielle. D'autre part l'élaboration d'un parcours à travers le quartier, matérialisé par des aménagements au sol, de la Halle Tony-Garnier aux Etats-Unis. L'opération bien qu'à priori onéreuse (huit millions de francs) finit par séduire les techniciens de l'OPCHLM. Son côté expérimental et son unicité semblent alléchants. Fin 1988, l'Office public signe son engagement financier. La ville de Lyon propose ses subventions (1,2 million). Imitée par la CoUrLy, le Conseil général et le ministère de l'Equipement. Quant aux habitants, ils acceptent que soit augmenté leur loyer de vingt francs par mois pour aider au financement de leur entreprise.Avec ces initiatives d'embellissement urbain, les élus lyonnais appréhendent d'un nouvel oeil ce quartier, à la pointe de la modernité au moment de sa construction, devenu un site repoussoir, une cité endormie. La première fresque est inaugurée en grande pompe par Francisque Collomb et son équipe, peu avant les élections, en mars 1989. On souhaite vivement que les vingt trois autres peintures voient le jour. Un souhait partagé par les candidats au siège de premier magistrat de Lyon. En effet, Michel Noir fait de la réalisation de ces vingt-quatre fresques l'un des arguments majeurs de sa campagne sur les Etats-Unis. Le candidat Noir promet même de les illuminer une fois réalisées. Pourtant, c'est avec son arrivée aux commandes de la ville que le projet connaît ses premiers problèmes. Il suscite les jalousies des professionnels qui n'ont pas eu l'imagination ni la capacité de concevoir une telle forteresse urbanistique. Ces mêmes personnes, devenues pour la plupart chargés de mission auprès du nouveau maire, qualifient les fresques d'insulte au "maître". [...] Le musée urbain subit ainsi la première vague des remises à plat qui seront opérées systématiquement sur chacune des opérations envisagées par l'ancienne équipe. Plus qu'une remise à plat, c'est une remise en cause du projet que provoque la municipalité. Jugeant plus urgente la réhabilitation du parc locatif qu'une valorisation du paysage urbain effectuée au travers d'une opération esthétique certes, mais trop onéreuse - en particulier dans un quartier aussi excentré, ancien bastion du communisme. Un avis que ne partagent pas les membres de l'OPCHLM. Certains qualifieront même cette entreprise de première gaffe politique. Une critique dont la cible n'est autre qu'Henry Chabert. Ce dernier se rend sur les lieux du conflit le 12 mai 1989, quinze jours après l'annonce de la "remise à plat". Et se trouve confronté à des esprits sérieusement échauffés. Impressionné sans nul doute, c'est lors de cette rencontre avec les instigateurs du musée, qu'Henry Chabert opère un virage à cent quatre-vingts degrés. Il s'estime "d'accord sur le principe du musée dans le secteur des Etats-Unis". On n'envisage plus de le dispatcher sur l'ensemble de la ville. Retour au calme. Précaire toutefois. Dans un ultime sursaut, la municipalité décide de retirer à la Cité de la Création la réalisation de huit fresques. Ces dernières seront laissées à la libre imagination de peintres freelance, qui devront "barbouiller" les huit pignons restants. Leurs coups de pinceaux devraient être futuristes. Condition sine qua non à l'acceptation du projet. Et dernier couac dans ce laborieux dossier. Le projet a donc survécu aux critiques et vagues de pessimisme dont il a fait l'objet. Seize fresques seront bel et bien financées dans le cadre de la réhabilitation des logements. Avec elles, la restructuration des espaces publics et la création d'un appartement témoin. Au mois de décembre 1989, l'OPCHLM votait en pionnier et à l'unanimité, le dossier du musée. Coupant ainsi l'herbe sous les pieds de ceux qui espéraient encore pouvoir en modifier quelques éléments [...] Source : "De quoi grimper aux murs" / Séverine Meille in Lyon Figaro, 29 mars 1990, p.30-31.
note à l'exemplaire Négatif(s) sous la cote : FIGRP01876.

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