[Grèves des archéologues à la direction des antiquités...

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localisation Bibliothèque municipale de Lyon / P0740 FIGRPT0075A 02
technique 1 photographie positive : tirage noir et blanc ; 17,5 x 12,5 cm (épr.)
historique L'archéologie est en crise. La réforme, proposée par l'Etat, ne satisfait pas la profession. Qui a décidé, le 23 janvier 1990, la grève générale. Après huit jours de conflit ouvert, la situation pourrait se débloquer...
historique Une trentaine de personnes réunies autour d'une table. Certains assis, d'autres debout. Des va-et-vient incessants. Une atmosphère de fièvre régnait, [le 23 janvier 1990], dans les locaux préfabriqués de la Direction des antiquités historiques de Rhône-Alpes. De retour de Paris, les observateurs régionaux rendaient compte du résultat de la visite d'une délégation d'archéologues auprès du ministère de la Culture. "Contrairement au 16 janvier, notre délégation n'a pas été reçue par le conseiller technique de Jack Lang, mais par le directeur du Patrimoine et le sous-directeur à l'archéologie, explique Laurence Tranoy, archéologue lyonnaise contractuelle, présente à Paris. Mais ils ne connaissaient pas assez le dossier, pour débloquer la situation et nous répondre sur le fond du problème". Or, ce dossier est complexe et la situation dans une impasse. Aujourd'hui, les archéologues sont en grève, les chantiers arrêtés et les discussions suspendues. A l'origine, les archéologues contractuels créent, il y a un an et demi, une coordination interrégionale des archéologues non statutaires. Le but : demander à l'Etat d'engager une réforme de l'archéologie, en concertation avec tous les intervenants, afin de mettre en place une politique cohérente, inexistante jusqu'alors. Pour cette action, ils s'appuient sur une double constatation. L'archéologie de sauvetage a connu en France, en dix ans, un développement considérable. Mais les contractuels, qui représentent la main d'oeuvre malléable de tous les chantiers, n'ont ni statuts, ni perspectives scientifiques, ni perspectives d'avenir. "Nous travaillons quelques mois sur un chantier. Puis, nous passons à un autre. Sans aucune cohérence, ni stabilité. Il faut que cela cesse", explique l'un d'entre eux. Devant cette demande, l'Etat confie, en mai 1989, une mission d'étude à M. Martin-Leprade, maître de requêtes au Conseil d'Etat. Ses objectifs : renforcer les bases juridiques et financières de l'archéologie et définir de nouvelles conditions d'emploi des personnels concernés. Mais ses solutions n'emportent pas l'adhésion du monde archéologique. Un comité interministériel est donc créé par Jack Lang en septembre 1989. Après de multiples réunions, il a rendu ses conclusions le 16 janvier [1990], par la voix de M. Bady, directeur du Patrimoine. Réaction des archéologues contractuels : la grève. "Ce texte ne correspond en rien à nos attentes, explique l'une des grévistes. Il nous donne plutôt l'impression d'une volonté de l'Etat de se désengager de l'archéologie. En confiant les chantiers à la seule responsabilité des aménageurs privés". Le projet prévoit en effet de confier aux aménageurs la responsabilité d'une partie des personnels archéologiques. Si la proposition de création de deux cent cinquante emplois fixes sur cinq ans est bien accueillie, il reste un gros litige : la disparition de l'association pour les fouilles archéologiques nationales (AFAN), organisme parapublic placé sous la tutelle du ministère de la Culture, qui embauche et gère le personnel archéologique français. "Sa disparition risque d'entraîner la prolifération d'associations-relais, avec toutes les disparités d'embauche que cela suppose", estime-t-on auprès de la Direction des antiquités Rhône-Alpes. La semaine [précédente], le conflit s'est peu à peu étendu à tous les archéologues, contractuels ou non. Devant cette levée de boucliers, une réunion de concertation a été organisée [le 21 janvier] à Paris. En vain. "Le ministère a refusé catégoriquement les préalables que nous avions exprimés, au nom de l'ensemble de la profession", déclare le communiqué commun, rédigé par l'ensemble des archéologues à l'issue de l'entrevue. Appelant à la mobilisation générale. [Le 23 janvier], les représentants du ministère de la Culture ont rejeté l'échec des discussions sur les archéologues. Une version aussitôt contestée par ceux-ci. "Nous ne sommes pas des terrassiers. L'archéologie est un acte de fouille. Il faut prendre en compte une réelle spécificité scientifique de l'acte. Poursuivant, dans une position d'attente. Nous considérons comme un effort réel la création de deux cent cinquante emplois publics. Et nous prenons acte du refus du ministère de discuter du maintien provisoire de l'AFAN comme structure unitaire d'emplois parapublics". Un point considéré comme préalable pour la reprise des négociations. Bref, c'est l'impasse. Désormais, l'espoir de dénouement repose sur la réunion de la conférence des directeurs des Antiquités, qui se déroule [le 24 janvier] à Paris. Leur décision pourrait peut-être faire pencher la balance d'un des deux côtés. Car ils souhaitent "une réforme dans le cadre des projets de restructuration des services du Patrimoine, à l'intérieur du service public". Source : "La guerre des tranchées" / Didier Falcand in Lyon Figaro, 24 janvier 1990, p.4.
note à l'exemplaire Négatif(s) sous la cote : FIGRP01569B.
note bibliographique "Les archéos repartent en guerre" / Didier Falcand in Lyon Figaro, 11 octobre 1990, p.5.

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