[Fontaine de la place Saint-Jean]

[Fontaine de la place Saint-Jean]
droitsCreative Commons - Paternité. Pas d'utilisation commerciale. Pas de modification.
localisationBibliothèque municipale de Lyon / P0740 FIGRPT0811D 03
technique1 photographie positive : tirage noir et blanc ; 18 x 24 cm (épr.)
historiqueElle est essentielle à la vie ! Aujourd'hui peut-être pas plus qu'hier, mais à coup sûr différemment... Dès la nuit de l'humanité, l'homme a cherché à dominer ce cher partenaire indispensable pour lui : l'eau. Cet élément liquide ne lui servait-il pas, en effet, à se tenir propre afin d'éloigner (relativement) les maladies ? A se nourrir et à faire naître et croître ses nourritures, tant végétales qu'animales ? A célébrer son culte ? Du coup, les collectivités ont suivi et l'alimentation en eau des villes est l'une des préoccupations majeures des édiles. A Lyon comme ailleurs. Encore que d'après l'universitaire Gilbert Gardes, grand spécialiste de la chose : "jusqu'en 1646, le consulat fait peu d'efforts pour assurer l'alimentation en eau des habitants dont le plus clair est assuré par des puits privés et des puits publics en mauvais état..." Or donc, longtemps on fouilla le sol, on capta les sources suintant des deux collines. La construction d'un somptueux hôtel de ville, utilisant largement l'élément hydraulique, provoqua le déclic : petit à petit, la ville se dota de fontaines, tantôt surtout décoratives et monumentales, tantôt plus ménagères et plus modestes. Beaucoup ont disparu, volontiers jetées à bas par la main de l'homme, qui prend un malin plaisir à vouloir détruire ce qu'ont fait ses prédécesseurs. Architectes, urbanistes et politiciens en tête. Bien des fontaines monumentales ont été démembrées, dépecées, vendues à l'encan, sous prétexte d'élargissement ou de métro. Du monument à Sadi Carnot à celui de la République. De la fontaine de la place des Célestins à celle de la place Valmy. Bien des discrètes fontaines de quartiers ont été laissées à l'abandon et pour tout dire à sec. D'autres ont survécu. Et certaines même se portent bien, sous l'égide de l'actif service des Espaces verts de la ville de Lyon et d'une armada de fontainiers attentifs. D'autres encore, en sont à leur énième lifting. D'autres enfin, n'ont pas (encore) cette chance. Elles végètent misérables dans leurs coins. Mais toutes, même les plus modestes, sont une part fondamentale du patrimoine lyonnais sans laquelle notre histoire se serait (ne sera ?) plus tout à fait ce qu'elle est (était ?). Quelques exemples pris au gré d'une promenade urbaine autant qu'estivale, sont là pour en témoigner. Source : "Histoire d'eau" / G.C. [Gérard Corneloup] in Lyon Figaro, 9 août 1993, P.11.
historiqueOn l'oublie souvent : l'actuelle place Saint-Jean, avec son armada d'automobiles mal garées [en 1993], était jadis la vaste place centrale de l'antique cité épiscopale de Lyon, siège du primat des Gaules et d'un puissant chapitre de chanoines, comtes et seigneurs de la ville, munificents et respectés. Une sorte de (petite) ville dans la ville, entourée de fortifications, qui regroupait trois églises (la cathédrale Saint-Jean, le baptistère Saint-Etienne et l'église paroissiale Sainte-Croix), la manécanterie où logeaient les clercs et les clergeons, les hôtels particuliers des chanoines-comtes, le palais archiépiscopal, ses dépendances et ses prisons. Au centre, s'élevait, par tradition, une fontaine récoltant les eaux qui provenaient d'un tènement appartenant au chapitre, sur les pentes de Fourvière et qui s'échappaient par la montée du Ruel (aujourd'hui Saint-Barthélémy). La première est mentionnée des 1417 et semble déjà, alors, très ancienne... L'actuelle, qui date du milieu du [XIXe siècle], est la cinquième. La première était modeste : un simple bassin hexagonal posé sur un emmarchement de deux degrés, avec au centre un petit chapiteau de pierre, surmonté d'une boule, d'où l'eau s'échappait en quatre jets. Décrépite, elle fut détruite par les Huguenots quand ils prirent le cloître (et la ville) en 1562. Elevée en remplacement, dès 1572, par nos chanoines revenus, la deuxième était identique. Plusieurs fois réparée, elle allait tenir jusqu'à la Révolution, remplacée en 1805 par deux petits bassins rectangulaires imaginés par l'architecte de la ville, Flachéron. Las, l'alimentation était trop maigre et les bassins souvent à sec ! Flachéron proposa à la municipalité divers projets de reconstruction. Le troisième fut le bon : il conduisit à élever une nouvelle et quatrième fontaine, alimentée par un puits creusé en sous-sol. Tout changea en 1844, quand la municipalité décida d'élever là une vraie fontaine monumentale et en confia la réalisation à René Dardel, successeur de Flachéron depuis 1830. C'est le monument que nous avons sous les yeux, bien éclairé la nuit, mais malheureusement en bien mauvais état (il manque l'un des quatre pinacles, la pierre est fissurée...). Elégant, il est formé d'une arcature surmontée par un dôme et supportée par un soubassement carré en pierre de Villebois, qui laisse l'eau s'échapper de ses quatre côtés, par des bouches en bronze représentant des têtes de lion. Une eau qui tombe dans des vasques demi-rondes en pierre de Crussol. Sous le dais de pierre, abondamment sculpté d'animaux fabuleux, se dressent deux statues : Saint-Jean baptisant le Christ, demandées au sculpteur Bonassieux, par ailleurs auteur de la fameuse Vierge du Puy-en-Velay. Statues à qui un bon lifting rendrait leur splendeur première, alors qu'une piétonisation intégrale de la place rendrait au monument toute sa signification et sa dignité, face à l'imposante façade de la cathédrale. Mais ce serait peut-être aussi l'occasion de restituer aux deux statues leur fonction symbolique initiale : Bonnassieux avait prévu un filet d'eau s'échappant de la coquille élevée par Jean et inondant la tête de Jésus. Il y a bien longtemps que cela ne fonctionne plus... A l'intérieur du bronze, pourtant, le tuyau d'alimentation subsiste. Alors... Source : "Le baptême du Christ" / Gérard Corneloup" in Lyon Figaro, 11 août 1993, p.15.
note à l'exemplaireNégatif(s) sous la cote : FIGRP06217.

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