[Signature du protocole de concertation et de coopération...

[Signature du protocole de concertation et de coopération Lyon-Saint-Etienne]
droitsCreative Commons - Paternité. Pas d'utilisation commerciale. Pas de modification.
localisationBibliothèque municipale de Lyon / P0740 FIGRP01299 002
technique1 photographie négative : noir et blanc ; 36 x 24 mm
historiqueFrançois Dubanchet a gagné. Il suffisait de voir, [le 23 novembre 1989] après-midi, le sourire triomphal qu'il affichait dans les salons de l'Hôtel de ville de Lyon pour mesurer l'ampleur du succès du maire de Saint-Etienne. Il a beau jurer la main sur le coeur "je ne fais pas de politique" en prenant l'accent de Fernand Raynaud s'exclamant : "j'suis qu'un "pauvre paysan", Dubanchet, qui ne manque pas une occasion de revendiquer sa fidélité au MRP, peut être satisfait du coup qu'il vient de jouer : mettre Saint-Etienne sur orbite européenne en célébrant les noces de sa ville avec Lyon. Il en était même aussi ému que le père de famille qui conduit sa fille jusqu'aux marches de l'autel, à tel point que le rythme de son discours s'en est singulièrement ressenti. Noces en grande pompe, célébrées sous l'oeil attentif d'un témoin irréfutable dans le rôle du notaire de famille : Charles Millon. Le président de la Région qui tient plus que quiconque à ce concept de réseau des villes, ne pouvait que se réjouir du mariage Lyon - Saint-Etienne. C'est ainsi que les salons, illuminés et pavoisés aux couleurs des deux cités, naguère soeurs-ennemies et désormais complices, ont vu siéger côte à côte les conseils municipaux, au grand complet, de Lyon et de Saint-Etienne. "Pour forger le réseau des villes, il fallait que les maires se mettent autour d'une table et négocient. D'où mon obstination, à l'heure où je n'entendais autour de moi que prononcer les noms de Lyon, Grenoble, Genève, sans jamais voir arriver le nom de Saint-Etienne, oublié sans cesse". En choisissant la carte de la sincérité, François Dubanchet authentifiait en même temps les motivations profondes de la démarche stéphanoise. "A quoi auraient alors servi six longues années passées à enrayer une situation de crise aiguë dont les friches industrielles étaient autant de témoins hagards, à essayer de renverser la tendance et conduire avec une volonté jamais démentie Saint-Etienne sur les chemins ardus d'une reconversion industrielle et économique vitale pour notre avenir. C'est dire notre appétit et notre souci de faire entendre notre voix dans le concert des villes en Rhône-Alpes...". "Le réseau des villes se décline d'abord en termes de communications, mais aussi coopérations, recherche de synergies, relations plus souples. C'est très exactement ce que nous venons signer aujourd'hui. La charte est plus qu'un acte de foi dans l'avenir de nos deux villes, un formidable pari sur la nécessaire construction de ce réseau des villes en Rhône-Alpes". A quoi Michel Noir répondait avec autant de spontanéité : "Le maire de Lyon n'a pas oublié le premier courrier qu'il a reçu de votre part, au lendemain de son élection. En plus du message de félicitations plus formel quoiqu'amical, il y avait cette phrase de votre main : 'J'espère que nous allons travailler ensemble'. J'ai eu pleinement conscience de l'importance des liens qui doivent unir nos deux cités. Nous devons sans cesse penser que nous sommes ensemble, alliés volontaires face aux défis de l'avenir". Et, devançant les questions, Michel Noir révélait alors que le même type de travail avec Grenoble a déjà commencé et que déjà des séances de travail entre élus des deux villes ont eu lieu. Dans la charte que les deux maires ont paraphée solennellement, les deux villes s'engagent : "à pratiquer une politique de concertation pour les voies de communications et les réseaux ferroviaires, routiers et autoroutiers, les télécommunications, la culture et les équipements à caractère culturel, l'enseignement supérieur et la recherche, l'urbanisme, les affaires économiques : recherche de stratégies communes pour un développement économique d'un pôle de taille européenne, les manifestations et les équipements sportifs". Autant dire que le mariage est consommé puisque, à plusieurs reprises, des échanges entres les adjoints des divers secteurs concernés ont d'ores et déjà eu lieu à plusieurs reprises. Dans ce mariage, tout le monde retrouve son compte. Saint-Etienne qui, dans le rôle de la mariée, fait son entrée dans une structure de concertation et de collaboration qui ne peut que contribuer à renforcer son image régionale et donc internationale. La campagne de communication entreprise pour redorer son image de marque vient à point nommé et se trouve fortifiée par les démarches en direction de Lyon. La ville de Lyon elle-même, qui inaugure une ère nouvelle de relations de partenariat et se sent du coup fortifiée pour offrir la même chose à la cité grenobloise, qui avait tendance à manifester des velléités autonomistes en direction d'une entité alpine. On peut même d'ores et déjà parier que les enfants de ce couple seront beaux et sains, car les populations des deux agglomérations redynamisées ne pourront qu'en tirer des bénéfices à long terme. Reste cependant que l'opération fait aussi quelques "cocus", les partis politiques. A Lyon, depuis l'élection de Michel Noir et l'émergence du courant rénovateur, les formations politiques mesurent chaque jour un peu plus que leur influence en terme de politique municipale est tangente à zéro. A Saint-Etienne, la demande en mariage de Francois Dubanchet à Michel Noir s'est faite sans les partis qui, depuis les dernières élections municipales, se trouvent de plus en plus souvent sur la touche et, avec eux, les élus qui les incarnent. En se revendiquant MRP, François Dubanchet ne fait pas mystère de sa volonté de rester très libre vis-à-vis des structures politiques. En se mariant avec Lyon, il leur en administre très concrètement la preuve, en leur laissant le loisir de penser qu'ils sont cocus peut-être, mais À coup sûr magnifiques. Source : "Deux villes en réseau" / Jeanine Paloulian in Lyon Figaro, 24 novembre 1989, p.3.
note à l'exemplaireCe reportage photographique contient 53 négatifs.
note bibliographique"Pour faire tomber le mur de l'indifférence" / Propos recueillis par Georges Sermet in Lyon Matin, 23 novembre 1989. - "L'allégeance au prince noir" / Guy Lekkduc in L'Humanité Rhône-Alpes, 24 novembre 1989. - "Le mariage de Lyon et Saint-Etienne / Pierrick Eberhard in Le Progrès de Lyon, 24 novembre 1989. - "La hache de guerre est enterrée" in Lyon Matin, 24 novembre 1989.

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