[La Savoie à l'heure des Jeux olympiques d'hiver]

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localisation Bibliothèque municipale de Lyon / P0740 FIGRPT1383C 03
technique 1 photographie positive : tirage noir et blanc ; 24 x 18 cm (épr.)
historique Le Cojo a réussi le tour de force de faire financer une bonne partie des Jeux par le sponsoring et les recettes TV. On est bien loin de Grenoble... En 1968, aux Jeux olympiques de Grenoble, un seul sponsor ou presque avait pris l'organisation des Jeux olympiques à sa charge. Il s'agissait de l'Etat. Et, à l'époque, les droits de retransmission télévisée avaient représenté une misère... Depuis, les choses ont bien changé. Les Jeux de Los Angeles sont passés par là. Et Jean-Claude Killy, l'homme-clé du marketing, a bien assimilé tous les rouages des subtiles négociations entre le milieu sportif et les grands groupes industriels. Un Killy, négociateur inflexible !... La tête que faisaient Jean-Maxime Lévêque, à l'époque patron du Crédit Lyonnais, et Claude Andreuzza, le boss d'IBM-France, qui furent les premiers à rejoindre le Club Coubertin, le 8 septembre 1988, montrait qu'ils avaient eu affaire à forte partie. Quant à Marc Braillon, p-dg de RMO, il a appris à ses dépens qu'il ne servait à rien de crier victoire trop tôt... Pour le Cojo, qui a toujours affirmé que les Jeux payeraient les Jeux, il n'était pas question de faire le moindre cadeau, d'autant que l'Etat a veillé au grain de bout en bout.... D'où la mise sur pied d'un programme de sponsoring sans équivalent jusque-là en France afin de parvenir à boucler le budget. Au mois de septembre 1986, c'est-à-dire un mois et demi avant Lausanne, il était estimé à 2,933 milliards. Il est ensuite passé à 3,176 milliards avant d'être réévalué deux fois à la hausse, la dernière, intervenue le 18 janvier 1990, l'ayant fait frôler les 4 milliards. Celle-ci a été suivie d'une baisse de 63 millions, le 18 septembre dernier, le budget du Cojo avant alors été établi à 3,935 milliards. Un chiffre qui n'a cependant rien de définitif, des modifications étant toujours susceptibles d'intervenir au cours de la dernière année. Il est en tout cas acquis que le budget restera autour des 4 milliards. Une somme à laquelle il convient d'ajouter 4 autres milliards pour les travaux routiers, autoroutiers, les aménagements hospitaliers et ferroviaires pris en charge par l'Etat et les collectivités locales. Ceux-ci auraient de toute façon dû être réalisés, la Savoie affichant un sérieux retard dans ces domaines. D'où le fait qu'ils ne soient pas comptabilisés dans le budget JO. Ce programme de marketing, présenté le 28 juin 1988, s'appuie sur la création du Club Coubertin, un cercle très restreint de douze entreprises qui ont déboursé en moyenne 60 millions de francs chacune. Elles ont apporté une partie de leur contribution en cash et l'autre en nature. IBM, le plus gros sponsor avec 200 millions, a ainsi livré deux gros ordinateurs, quinze cents terminaux et les logiciels alors que Renault a versé 60 millions dont 20 sont représentés par le parc de véhicules du Cojo, les Espace et les cars RVI qui desserviront l'ensemble des sites au mois de février 1992. En complément du Club Coubertin, on trouve la catégorie fournisseurs officiels qui sont vingt et un. Pour eux, le ticket d'entrée a été au minimum de 10 millions. Et là encore, une bonne part de cet apport s'est faite sous la forme de produits en nature. Parallèlement à ces deux structures, à vocation nationale, le CIO a reconduit de son côté le Top Programme qui avait permis d'engranger des sommes rondelettes à l'occasion des JO de Calgary et de Séoul. Il réunit onze grandes multinationales dont les produits ne peut vent en aucune façon être concurrencés par ceux des adhérents du Club Coubertin. Le 25 janvier 1989, Richard Pound, le Canadien chargé du marketing au CIO, s'estimait en mesure de recueillir au minimum 150 millions de dollars, c'est-à-dire 36 de plus qu'en 1988. 20% de ce total iront au Comité olympique américain, l'USOC, alors que le CIO prélèvera sa quote-part avant de distribuer une partie de la recette au Cojo d'Albertville et au Cob de Barcelone... Voilà pour la partie commerciale proprement dite. Mais les Jeux modernes vivent également grâce au concours de la télévision. Aujourd'hui, les images sportives vont au plus offrant. Et de ce côté-là, le gros lot est revenu à la chaîne américaine CBS qui s'est assurée l'exclusivité de la diffusion des JO aux Etats-Unis moyennant 243 millions de dollars alors que d'autres chaînes ont été sélectionnées pour chacun des autres grands pays ou continents. Les deux tiers de ces 243 millions vont au Cojo. Mais le mode de paiement - 15% à la signature en juillet 1988, 5% pour chacune des années suivantes, 30 à 35% juste avant les JO et autant après -, n'est pas forcément à l'avantage du Cojo qui pourrait retirer moins que prévu - malgré une partie de cette recette couverte par les assurances à plus de 6 francs -, à cause de la sérieuse dégringolade du dollar qui s'est encore accentuée depuis le début de l'année [1991]. Il aura malgré tout réussi le tour de force de savoir se vendre, ce qui n'est en général pas une spécialité française. Et, au moment des comptes, ses recettes devraient s'établir à 1236 millions de francs pour les droits TV et à 1145 pour la commercialisation, le reste provenant de participations publiques - dont 412,64 millions de l'Etat -, de l'hébergement, de la billetterie, de la vente des monnaies olympiques et de la revente d'un certain nombre d'équipements. Source : "Des sommets... pour la France" / Dossier par Christian Dybich in Lyon Figaro, 11 février 1991, p.24.
note à l'exemplaire Négatif(s) sous la cote : FIGRP03318.

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