[Opéra national de Lyon. "Le Songe d'une nuit d'été", de...

[Opéra national de Lyon. "Le Songe d'une nuit d'été", de Britten (mise en scène : Robert Carsen)]
droitsCreative Commons - Paternité. Pas d'utilisation commerciale. Pas de modification.
localisationBibliothèque municipale de Lyon / P0741 FIGRPT2405 01
technique1 photographie positive : tirage noir et blanc ; 18 x 24 cm (épr.)
historiqueA partir du 4 mars 1994, l'Opéra de Lyon accueille la légendaire production du Festival d'Aix-en-Provence, plébiscitée par le public et la critique : "Le Songe d'une nuit d'été" de Britten. Dans une mise en scène du jeune Canadien Robert Carsen.
historiqueCe fut la grande réussite du Festival d'Aix-en-Provence 1991, celui d'avant la crise, qui se permettait d'afficher quatre ouvrages lyriques en même temps. C'était pourtant une oeuvre moderne, sinon contemporaine, peu connue, chantée en anglais, montée sans budget pharaonique, mise en place sur la scène de l'archevêché en deux ou trois soirs seulement, dirigée par un chef britannique quasiment inconnu en France, et mise en scène par un tout jeune artiste dont la célébrité n'avait guère dépassé le cénacle distingué mais réduit des lyricophiles chevronnés. Sauf à Lyon où certaine "Salomé" en version originale française, avait (presque) provoqué les mêmes émois. Bref, bien vite, on s'arrachait les places, pour aller voir et entendre "Le Songe d'une nuit d'été". Du coup, la critique, conquise elle aussi, décernait au spectacle son grand prix, en particulier pour la merveilleuse mise en scène conçue par Robert Carsen. Après avoir triomphé à Paris, ce spectacle arrive à Lyon, pour quelques représentations seulement. Lesquelles risquent fort d'être l'événement de la (maigrichonne) saison lyrique, l'éclairant d'un halo de lumière, de rêve et d'humour. Bref, lui donnant une aura qu'une suite quasiment ininterrompue de reprises diverses et variées, bonnes et moins bonnes, lui a plutôt chichement compté jusqu'à présent. Au coeur de cette tornade lyrique qui s'annonce, Robert Carsen reste passionné sans excès, décontracté sans laisser-aller, ne reniant pas cet encombrant bambin déjà présenté dix-sept fois, dont on n'arrête pas de lui faire compliment, au risque d'occulter ses autres réalisations. Mais soucieux de peaufiner encore son spectacle : "Un spectacle que j'aime beaucoup, que j'aime toujours autant... Chaque fois que j'entends cette musique, le charme opère sur moi et je me dis que, chaque fois aussi, un nouveau public voit et écoute cette production. Ce n'est nullement lassant, mais au contraire stimulant. De plus, je découvre le nouveau bâtiment, son excellente acoustique, le cadre parfait que représente tout ce noir pour les couleurs vives que j'ai mises là. Enfin, l'orchestre est superbe, royal." Les origines ? "Une commande du Festival d'Aix. Mais je connaissais bien l'oeuvre, pour avoir travaillé comme assistant metteur en scène lors d'une reprise à Ottawa. Comme d'habitude, je me suis lancé dans l'aventure, sans vraiment savoir comment j'allais travailler. Il y eut d'abord le travail d'équipe, chose fondamentale pour moi, puis une évidence : comment évoquer la nature, cadre omniprésent ici, sans mettre de vrais arbres sur scène, ce qui eut été bien trop triste. D'où l'idée de jouer sur les couleurs, le vert pour la végétation, mais aussi pour le personnage du jaloux Obéron, le bleu nuit pour le ciel, mais aussi pour la tendre Titania, le blanc enfin, pour les lits multipliés à dessein, s'il est vrai que le sommeil et le rêve qui en découle, sont l'une des composantes de cet opéra." Restait à traiter la rutilante mais difficile scène de comédie, incluse dans l'ouvrage. "C'est souvent l'occasion de gags innombrables et massifs. J'ai voulu en faire un minimum et que le rire du public se teinte parfois de tendresse et de nostalgie. Ceux qui ont assisté aux représentations aixoises ont unanimement salué la réussite d'un spectacle théorisant magistralement bien, une constante qui parcourt les mises en scène de Robert Carsen, de la Salomé lyonnaise au "Mefistofele" genevois, en passant par Puccini et Bellini : l'art du naturel et la déférence par rapport à la musique et au livret. Car le jeune Canadien n'est pas du genre "vous allez voir ce que je sais faire", qui prend systématiquement le contre-pied de la tradition, saccage et modifie pour le plaisir d'affirmer une prétendue personnalité, bref se sert des opéras plutôt que de les servir. "J'adore l'opéra, en tant que genre artistique, je pense avoir l'oreille qui frémit dès que j'entends une note. Je crois à l'importance capitale de la musique qui donne l'émotion et le rythme. C'est déjà l'architecture d'un opéra. Le metteur en scène ne vient qu'après. Ce n'est pas un créateur, comme le librettiste et le compositeur. C'est un interprète, comme les chanteurs et les musiciens. Je suis un interprète. Je ne veux pas raconter une autre histoire... sinon j'écrirais un autre scénario. Au contraire, je veux servir la musique. Ce n'est pas le plus facile. Là est le challenge qui m'intéresse." Le futur ? "Ma première "Flûte enchantée", à Aix, l'été prochain, mais aussi deux projets qui me tiennent à coeur : "Lohengrin" à Genève en juin [1994], qui sera mon premier Wagner, ce qui me donne le trac, puis la continuation du cycle Puccini à Anvers, avec "Madame Butterfly". Avant une "Cendrillon" de Massenet à Nice." Mais Robert Carsen a aussi un autre projet lyonnais dans ses cartons, pour la saison [1994-1995] : la reprise du présent "Songe", mais dans une version française conçue pour l'occasion, et qui devrait être interprété par les jeunes chanteurs de l'Atelier lyrique. Seule ombre au tableau qui contrit le metteur en scène et ne peut que désoler les mélomanes : le spectacle n'a pas et ne sera pas gravé dans la pellicule. Ni les diverses chaînes TV mercantilo-culturelles, ni présentement l'Opéra de Lyon, pourtant archiprolifique en la matière, n'ont envisagé de réaliser un vidéodisque. Une belle occasion de ratée... Source : "Un songe, à l'Opéra" / Gérard Corneloup in Lyon Figaro, 4 mars 1994, p.1 et 22.
note à l'exemplaireNégatif(s) sous la cote : FIGRP06646.
note bibliographique"Le sacre d'une nuit d'été" / Gérard Corneloup in Lyon Figaro, 7 mars 1994, p.[15].

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