[Festival Jazz à Vienne (1992). Concert de Rachelle Ferrell]

[Festival Jazz à Vienne (1992). Concert de Rachelle Ferrell]
droitsCreative Commons - Paternité. Pas d'utilisation commerciale. Pas de modification.
localisationBibliothèque municipale de Lyon / P0741 FIGRPT2316 02
technique1 photographie positive : tirage noir et blanc ; 18 x 24 cm (épr.)
historiqueRachelle Ferrell et Rickie Lee Jones, puis The Lighthouse All Star et Gerry Mulligan ont charmé Vienne. Après le cool, l'hommage à Miles Davis continue, le 10 juillet 1992. Avec Herbie Hancock, Wayne Shorter et les autres.
historiqueElle est tout de rouge vêtue, arpente d'abord timidement la scène si vaste, puis se rassure aux échos que le public renvoie. Rachelle Ferrell vocalise, joue de la voix comme d'un instrument dont elle repousse les limites. Après une apparition à Montreux et à Antibes, [en 1991], Vienne a découvert une grande chanteuse de jazz, [le 8 juillet 1992]. Qui a enchanté un théâtre antique archi-plein. Une voix remarquée par Dizzy Gillespie et Wayne Shorter, entre autres, qui perce, entre suraigu stratosphérique et basse volcanique, un souffle tranchant et arrondi à la fois. La belle inconnue fait un triomphe. Dans la loge, puis au restaurant backstage installé sous la scène, Rickie Lee Jones paraît fébrile. En proie au doute ou presque. Elle ne voulait pas passer après Rachelle Ferrell. Il faut toute la persuasion des organisateurs et de son entourage pour la convaincre que les spectateurs, près de 8000, sont là, pour elle, égérie éclectique et sensible de la musique actuelle. Petit instant de panique qu'elle maîtrise, dès son apparition face à l'impressionnante arène. Robe estivale légère, cheveux blonds et longs qui tombent sur les épaules dénudées, silhouette qui capte la lumière. Les ovations lèvent les doutes. Accords plaqués, bluesy, jazzy, et la voix s'élève, fluide et voilée, un timbre unique qui rebondit sur l'instrumentation du groupe, jusqu'au public conquis par le feeling langoureux et irrésistible du rythme, des intonations et le charisme évanescent de Rickie Lee Jones. Succès... mais frustration. Malgré les rappels, la blonde chanteuse a boudé le plaisir du public. Les ladies of jazz sont reparties. [Le 9 juillet], Vienne a plongé dans les racines d'un jazz en perpétuelle évolution, style renaissance. Celle du west coast sound, avec The Lighthouse All Star, Shorty Rogers et Bud Shank. Celle du cool ressuscité par le saxophoniste Gerry Mulligan et, déjà, l'ombre portée de Miles Davis. Hommage prolongé, [le 10 juillet], à partir de 20h30, toujours au théâtre antique, par Herbie Hancock, Wayne Shorter, Ron Carter, Wallace Roney et Tony Williams, via un détour par Cuba et le trio de Gonzalo Rubalcaba. Les musiciens qui ont appartenu aux différents orchestres de l'incomparable trompettiste, dont la mort laisse un vide béant et aphone, parlent tous ou presque de cette expérience comme du plus beau moment de leur vie artistique. Une véritable famille, les "enfants de Miles Davis" ; musiciens surdoués d'abord, devenus inventifs et créateurs au contact du maître à jouer. Tony Williams n'avait que 17 ans quand il devint le batteur de Miles Davis, Herbie Hancock, le pianiste, en avait 23, le bassiste Ron Carter 26 et Wayne Shorter, le saxophoniste, à peine 30. C'était en 1963 et le second quintet de Miles Davis est devenu, en six années et six disques studio, l'un des groupes les plus homogènes et créatifs de l'histoire du jazz. Des dizaines de thèmes aussi complexes que concis, une interprétation vertigineuse, souvent à la limite de la rupture, pure créativité, création qui bouscule l'état des choses jusqu'au paroxysme, réinvente le swing et l'émotion. Les enfants de Miles Davis ont grandi, mais la sensibilité est la même, virtuose. Maîtres à jouer à leur tour, sans que l'omniprésence du trompettiste ne leur fasse ombre, musiciens de premier plan du jazz contemporain. Avec l'humilité des créateurs accomplis, ils confrontent leur expérience à ce fragment de leur vie illuminé par la grâce. A Vienne, le trompettiste Wallace Roney, virtuose discret, y mêlera un souffle qui a bercé son enfance... Hommage. Source : "Les femmes fatales et les enfants de Miles" / Jean-Luc Coppi in Lyon Figaro, 10 juillet 1992, p.22.
note à l'exemplaireNégatif(s) sous la cote : FIGRP05405A.

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