[Hommages à Paul Ribeyre, ancien maire de Vals-les-Bains...

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localisation Bibliothèque municipale de Lyon / P0741 FIGRPTP3251 07
technique 1 photographie positive : tirage noir et blanc ; 18 x 24 cm (épr.)
description La population de Vals-les-Bains vient signer le cahier de condoléances.
historique Ancien président du Conseil régional, Paul Ribeyre est mort [le 15 janvier 1988] à Valence. Trois jours après avoir été gravement blessé dans un accident de la circulation. A 81 ans. Huit fois ministre, cet Ardéchois réaliste et modéré était une figure de la IVe République. Proche d'Antoine Pinay à partir des années 1960, il s'est toujours distingué par ses engagements plus régionaux. Partageant son temps entre le Sénat, l'Ardèche et la région. Jusqu'au début des années 1980 où des revers électoraux l'ont contraint à décrocher. Réactions unanimes dans la classe politique pour vanter la compétence et la simplicité de ce serviteur discret de la chose publique.
historique C'était pendant l'occupation, les Allemands sont entré un jour à la mairie de Vals-les-Bains et ont demandé au maire fraichement élu de lui désigner des gens qu'ils allaient prendre en otage. Paul Ribeyre n'a pas hésité une seconde, il a pris une feuille de papier sur laquelle il a inscrit un seul nom, le sien, et la leur a tendue. "Personne n'a jamais oublié cela" explique l'un de ses vieux amis André Chabanel. Ensemble, il ont siégé pendant plus de vingt ans au Conseil général d'Ardèche. En 1980, alors qu'il venait d'être battu aux élections sénatoriales et ne pouvait, du coup, plus être président de la région Rhône-Alpes, Paul Ribeyre, accusant le choc a passé son bras autour des épaules de l'un de ses collaborateurs, geste suprême de confiance de la part de quelqu'un très peu expansif avant de murmurer... "que vais-je devenir moi qui n'ai jamais su faire autre chose que de la politique". Il avait soixante-quatorze ans, mais pour lui, quitter la politique c'était en quelque sorte se dérober au service de la nation. Entre ces deux images, quarante années de la vie politique nationale et régionale, quarante années qui se feuillettent comme un livre d'histoire tant il est vrai que celle de Paul Ribeyre s'est confondue pendant près d'un demi-siècle avec celle du pays et de la région. Destin national pendant toute la durée de la IVe République qui le vit huit fois ministre, destin départemental et régional sous la Ve. Né le 11 décembre 1906, Paul Ribeyre était sur le plan du calendrier le frère jumeau de Leonid Brejnev, la similitude s'arrête là. Toute sa vie il aura conservé cette silhouette élancée et cette personnalité faite de pudeur, que l'on pouvait prendre pour de la réserve et qui était surtout de la timidité. Fils de la bourgeoisie ardéchoise qui avait lié son existence matérielle à la source d'eau minérale qui a fait la réputation de sa commune, il fut directeur général de la société Vals-Reine, il choisissait, muni de son seul certificat d'études, la voie politique pour se mettre au service de ses contemporains. Lors de sa première campagne cantonale, ce jeune maire qui était de santé fragile avait impressionné tout le monde. "Il fera une grande carrière politique", avait déjà prophétisé le sous-préfet de l'époque dont l'histoire n'a pas retenu le nom. Elu pour son premier mandat en mars 1941, conseiller municipal, le directeur de la société des eaux minérales de Vals est aussitôt nommé adjoint. Deux ans plus tard il est maire de la commune. En 1947, il entre à l'Assemblée départementale comme conseiller général de Saint-Pierreville et prend la présidence du Conseil général en 1951. Mais déjà ses mandats nationaux et locaux se superposent puisque élu membre des deux assemblées nationales constituantes d'octobre 1945 et juin 1946, il devient en 1951 vice-président de l'Assemblée nationale. Des activités législatives qu'il occupe en alternance avec ses postes ministériels puisqu'à huit reprises de 1949 à 1958 il participera aux divers cabinets plus ou moins éphémères de la quatrième république. Sous secrétaire d'Etat à la Santé et à la Population en 1949 avec Georges Bidault, ministre de la Santé en 1951 avec René Pleven, puis en 1952 avec Edgar Faure puis Antoine Pinay. En 1953 il est ministre du Commerce et de l'Industrie dans le cabinet Mayer. En 1954, Garde des Sceaux dans le cabinet Laniel, puis à nouveau ministre de l'Industrie et du Commerce en 1957 et 1958 avec Félix Gaillard et Pierre Pflimlin. La Ve république le verra quitter l'Assemblée nationale pour gagner le Sénat où il sera élu le 26 avril 1959 et où il siégera pendant plus de vingt-et-un ans. Mais désormais son destin est plus régional et c'est ainsi qu'en 1974 Paul Ribeyre devient le premier président du Conseil régional Rhône-Alpes. Un poste qu'il perdra en même temps que son mandat sénatorial en 1980. Un an plus tôt, il avait été blackboulé au Conseil général. Alors à soixante-quatorze ans, le "Président Ribeyre" qui avait aussi été président du Conseil supérieur du thermalisme et du climatisme, Président du Club européen pour la santé et président de l'association parlementaire pour la liberté de l'enseignement, entrait dans l'automne de ses activités retrouvant le rythme de la vie familiale que, malgré ses responsabilités, il avait toujours réussi à préserver. Aujourd'hui, au delà même des conventions courtoises qui traditionnellement occultent les moments les plus difficiles d'une existence, les adversaires même de Paul Ribeyre, ceux qui l'ont combattu des années durant s'accordent à dire que l'Ardèche et la Région viennent de perdre un monument. Source : "Un demi-siècle de politique" / Jeanine Paloulian in Lyon Figaro, 16 janvier 1988, p.2.
historique Paul Ribeyre restera pour tous ceux qui l'ont connu un homme affable. L'intelligence et le coeur au service d'autrui. Ces dernières années, l'ancien maire de Vals-les-Bains avait décidé de se consacrer en priorité à ses cinq petits-enfants. "Nous nous sommes mariés tard et notre père s'inquiétait de ne pas connaître les joies d'être grand-père, c'est pourquoi il a été très proche de nos enfants, accourant dès que l'un d'eux l'appelait au téléphone". Les trois fils de Paul Ribeyre, dont deux habitent Paris, se souviennent avec tendresse des faits et gestes de leur père. Le dernier en date, aura été de remercier par courrier Philippe Séguin qui lui annonçait qu'il était reconduit dans ses fonctions au sein du Haut Comité du thermalisme. "Il a été victime de sa bonté". L'ami qui parle ainsi a été témoin de l'événement qui a failli coûter la vie à Paul Ribeyre en 1944. A partir de cette date, Paul Ribeyre prend auprès de ses concitoyens une dimension exceptionnelle. Dans un pays très marqué par les anciennes luttes religieuses, il réussit pour la première fois à faire s'entendre et s'unir tous ces administrés. "Même les communistes votaient pour lui", signale un de ses fils. Paulette Coulomb, qui a travaillé pendant vingt ans à ses côtés lorsqu'il était à la tête de la société Reine, une société d'exploitation des eaux, parle de Paul Ribeyre avec émotion. "Avec lui, on se sentait en famille. Il ne faisait jamais de peine, ne prononçait jamais un mot plus haut que l'autre. Sa gentillesse était innée." L'ancienne secrétaire raconte, en souriant cette fois, qu' "à cinquante ans, M. Ribeyre recevait encore son argent de poche de la main de son père tous les lundis quand il montait à Paris". "Il exigeait que les dossiers des gens les plus modestes soient traités en premier". Marie-Thérèse Audigier, qui fut sa secrétaire pendant quinze ans lorsque Paul Ribeyre était président du Conseil général, ne le considérait pas comme un patron. "J'ose même dire qu'il était un ami". La personnalité de Paul Ribeyre a séduit tous ceux dont il a croisé la vie à un moment ou à un autre. Pour son fils Jean-Paul, qui est maire de Vals-les-Bains depuis 1983, il sera difficile de se faire un prénom. "Je n'ai pas l'intention d'égaler mon père. Il avait le génie des contacts et une aura particulière qui justifient sa carrière. J'espère être digne de lui". Source : "Emotion à Vals" / Hasmig Papazian in Lyon Figaro, 16 janvier 1988, p.3.
note bibliographique "Un demi-siècle de politique" / Jeanine Paloulian in Lyon Figaro, 16 janvier 1988, p.2. - "L'autre Pinay" / Jeanine Paloulian in Lyon Figaro, 16 janvier 1988, p.3. - "Emotion à Vals" / Hasmig Papazian in Lyon Figaro, 16 janvier 1988, p.2-3. - Dernier hommage de l'Ardèche à Paul Ribeyre" / René Gharbi in Lyon Matin, 17 janvier 1988. - Wikipédia. [En ligne] : https://fr.wikipedia.org/wiki/Paul_Ribeyre (consulté le 01-10-2023).

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