[Nouveau Guignol de Lyon (dir. Jean-Guy Mourguet)]

[Nouveau Guignol de Lyon (dir. Jean-Guy Mourguet)]
droitsCreative Commons - Paternité. Pas d'utilisation commerciale. Pas de modification.
localisationBibliothèque municipale de Lyon / P0740 FIGRPT2030D 01
technique1 photographie positive : tirage noir et blanc ; 24 x 18 cm (épr.)
descriptionReprésentation de la pièce "Il est minuit docteur Joseph" produite en décembre 1989 et janvier 1990 au Nouveau Théâtre de Lyon. Adresse de prise de vue : Nouveau Guignol, 2, rue Louis-Carrand, Lyon 5e.
historiqueQuand l'espace Guignol se métamorphose en espace Crèche. en compagnie de Jean-Guy Mourguet et de son équipe.
historiqueVingt heures pétantes. Avec une exactitude qui n'a rien de lyonnais, Jean-Guy Mourguet rejoint son théâtre de la rue de l'Angile. Comme tous les soirs où Guignol, la marionnette de bois créée par son ancêtre à l'aube du [XIXe siècle], s'apprête à vivre quelque nouvelle aventure. Un petit bonjour à la préposée qui rejoint la caisse pour accueillir les premiers spectateurs, un coup d'oeil sur le cahier des réservations et c'est l'entrée dans le saint des saints : les coulisses. Lumière. Et chaleur, puisque le sous-sol de l'ancien conservatoire, où gîte la bande à Mourguet, bénéficie de la chaudière-maison dont, visiblement, personne ne sait trop régler les débordements calorifiques. Ils sont tous là, sur leur ratelier, attendant dans une oecuménique fraternité le moment de monter sur scène. L'ange Gabriel et la Madelon, le boeuf et l'âne, le pape Jean-Paul et un petit Arabe, la Maggy et rabbi Jacob. Car, pour ce spectacle de fin d'année, le péplum est à l'honneur. Un péplum chrétien, évidemment, où Guignol, Gnafron et leurs "fenottes" s'en vont visiter certaine crèche du Proche-Orient, y rencontrent un pape en déplacement, trois rois mages aux visages connus (Gorby, Bush, Maggie) et même Dieu lui-même, en la républicaine personne de qui vous savez.... Quinze minutes avant l'heure H, l'équipe est au complet : six personnes plus Simone, isolée en fond de salle et qui s'occupe des éclairages. De Jean et Jean-Guy, le duo de vétérans à Louis-Dominique, le dernier venu, jeune instituteur passionné de manipulation, en passant par Yvette, passionnée de théâtre, qui a rejoint l'équipe il y a cinq ans. Coup d'oeil sur la salle où n'en finissent pas d'arriver les spectateurs, en particulier le contingent d'un club chic qui regroupe, pardon qui coopte, les rejetons de bonnes familles lyonnaises. Très BCBG. Côté coulisse, chacun s'est armé de la bonne marionnette, les petits ont leurs semelles compensées, les grands plient les genoux, "Vous y êtes tous ?", souffle Jean-Guy Mourguet, et de lancer dans l'interphone relié à la régie : "Va-s-y Simone". Le sempiternel "Il est né le Divin enfant" fait (presque) taire les conversations de la salle, le rideau se lève, nous sommes à Lugdunum, aux Ides de mars de l'An 0... L'histoire commence. Tout y est Guignol, Gnafron, La Madelon et la Glaudia, laquelle, devenu vestale à mi-temps, se met à avoir des visions : un Ange lui est apparu. Si ! Chaque entrée, chaque sortie est dans les coulisses l'occasion d'un étonnant ballet muet, soigneusement réglé. Qui ne manipule pas, un oeil sur la marionnette, l'autre sur le texte posé sur un longitudinal pupitre, sert d'accessoiriste, apporte une carte du monde (romain) à Guignol, un jésus de Lyon à Glaudia... On suit le texte, mais on brode volontiers autour, pour retomber sur ses pieds. Au copain de prendre le dialogue au bond et de le raccorder au scénario. Regards complices, rires étouffés... On sait manier le calembour, là-peu-près. Même si, ce soir, la salle pèse des tonnes. Un coup de griffes aux Lyonnais, "ceux de la rue Sala", un autre à la Tour Rose, un clin d'oeil au nouveau maire... Mais c'est surtout l'actualité qui titille nos comédiens. Certain tyran vient-il d'être abattu ? Guignol évoque cette lointaine Roumania où "Dracula s'est fait botter le Ceausescu". Et quand Dieu apparait, Jean-Guy Mourguet lui-même sait prendre des accents mitterandiens plus vrais que nature. Nouveau tableau, après un bref changement de décor, où le velcro a fait merveille pour accrocher les dunes de sables en contreplaqué. Nous sommes en Israël. Enfin, en Judée. A Cana, on fait la noce. Madelon veut acheter un tchador, rabbi Jacob s'inquiète de savoir où va naître son fils. Lequel lui ressemble assez peu d'ailleurs. Glaudia en profite pour flirter païennement sur la paille divine avec un fringant gardien de chameau. Colère de Gnafron : "C'est pas un porno sur la Cinq, c'est la Nativité". Le pape distribue des papillotes, un lapsus transforme son "anneau" en "agneau". Fou-rire vite refréné. Le Sauveur est né. Elisabeth Schwarzkopf chante le "Panis angélucus". Moment d'émotion avant l'arrivée des rois mages. Gorby est en rouge, George porte un chapeau de cow-boy. Quant à Maggie... le chapeau et les dents suffisent. La salle veut bien rire. Si! Toute histoire, même de la Nativité, ayant une fin, il faut bien conclure. Sur le dos d'un âne articulé, que Louis-Dominique s'emploie à faire fonctionner, rabbi Joseph et Marie s'en vont faire un petit tour en Egypte. Avec Hérode, on n'est jamais assez prudent. Echanges de cadeaux. La fille de Gnafron offre le sien à rabbi Joseph : une boîte de préservatifs. Allons, le petit Jésus n'aura jamais de petit frère ! Rideau. Si la salle reste fraîche, on s'éponge le front dans les coulisses. Les grands déplient leurs genoux et les petits abandonnent leurs semelles compensées. Les marionnettes ont regagné leur ratelier. On retrouve Simone quittant la régie et l'on compte la recette. A demain. Dehors, sur le trottoir, les club-men de spectateurs discutent. "Que faites vous pour Noël ?". Source : "Les coulisses de l'exploit" / Gérard Corneloup in Lyon Figaro, 25 décembre 1989, p.15.
note à l'exemplaireNégatif(s) sous la cote : FIGRP01442.

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