[Evénements de mai-juin 1968. La mort du commissaire René...

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localisation Bibliothèque municipale de Lyon / P0901 FIGRPT2004A 12
technique 1 photographie positive : tirage noir et blanc ; 24 x 18 cm (épr.)
historique Le premier mort de Mai est lyonnais et du côté des forces de l'ordre : le commissaire René Lacroix, qui commandait les forces de l'ordre sur le pont Lafayette, est écrasé par un camion chargé de pierres venu des rangs des manifestants. La soirée avait été assez violente entre construction de barricades (devant les halles des Cordeliers, devant les Galeries Lafayette et rue Vendôme) et charges des CRS. La violence des manifestations de rue n'est plus seulement parisienne. L'opinion lyonnaise bascule alors du côté de l'ordre et dépose des fleurs à l'endroit où est mort le commissaire. La tension monte dans la ville. Le Préfet invite les commerçants à baisser leurs rideaux après avoir fait effectuer des rafles dans le quartier de la Guillotière (où vivaient de nombreux Algériens) et des perquisitions dans les milieux étudiants. Le mardi 28 mai ont lieu les funérailles du commissaire. Un cortège composé de personnalités et de nombreux Lyonnais se rend de la préfecture à l'église Saint-Bonaventure, place des Cordeliers. Ce rassemblement sur la voie publique d'une population hostile au mouvement fut le premier à Lyon : ainsi se manifestait ce que l'on a nommé plus tard "la majorité silencieuse". Source : Mai 68 à Lyon : exposition du 8 avril au 28 juin 2008, Bibliothèque municipale de Lyon / commissaire scientifique, Michelle Zancarini-Fournel ; commissaires de l'exposition, Catherine Goffaux et Philippe Rassaert, 2008 [BM Lyon, B 064884].
historique A la suite des émeutes lyonnaises du 24 mai 1968 et dans le cadre de l'enquête sur la mort du commissaire René Lacroix, tué sur le pont Lafayette par un camion lancé par les émeutiers sur les forces de l'ordre, le procureur de la République près le Tribunal de Grande Instance de Lyon, avait fait diffuser fin juin le communiqué suivant : "Lors des manifestations qui se sont déroulées à Lyon, le 24 mai 1968, dans la soirée, un camion dérobé sur un chantier du quai Saint-Antoine était lancé en direction des forces de police qui s'étaient massées sur le pont Lafayette, côté préfecture pour en interdire l'accès. Le commissaire Lacroix, qui commandait le dispositif policier à cet endroit, était happé par le véhicule, projeté au sol et écrasé. Transporté à l'hopital Edouard-Herriot, il y décédait le 25 mai 1968, à 0h30. Une information était immédiatement ouverte du chef d'homicide volontaire sur agent de la force publique, au cabinet de M. Ogier, juge d'instruction à Lyon. Deux médecins-experts, commis par ce magistrat, procédaient à l'autopsie de la victime, ils constataient de multiples fractures des côtes et du bassin, lequel avait été littéralement broyé et concluaient que ces lésions, particulièrement graves, étaient la cause unique du décès. D'autre part, le juge d'instruction donnait commission rogatoire au service de la Sûreté urbaine de Lyon, dirigé par M. le commissaire divisionnaire Durin, pour rechercher les auteurs du crime. Cette tâche particulièrement difficile était confiée à une équipe constituée de l'officier de police Taffine et des officiers de police adjoints Faccendini, Garcia, Aurouze, Joffray, Guerra et Mestre. Après audition de 1500 personnes, les efforts des enquêteurs devaient finalement aboutir. Le 15 juin 1968, un témoin donnait un signalement très précis de l'auteur du crime. Le 24 juin, des policiers de surveillance devant la Faculté des lettres interpellaient et appréhendaient le nommé Michel Raton, né le 25 octobre 1949, qui sortait de cet établissement et dont le signalement correspondait exactement à celui de la diffusion qui avait été faite. Conduit dans les locaux de la Sûreté urbaine, Raton, confondu par les éléments recueillis, ne tardait pas à passer aux aveux. Il avait participé à la manifestation du 24 mai, édifiant des barricades et lançant des projectiles sur les policiers. Vers 23h30, avisant le camion qui avait été conduit sur les lieux par une tierce personne et qui se trouvait garé quai Jean-Moulin, face à la brasserie des Trois Dauphins, il avait eu l'idée de le lancer sur les policiers. Après s'être muni d'une grosse pierre, il s'introduisit dans la cabine et conduisait le camion sur le pont Lafayette. Là, il le mettait en direction du cordon de police, puis coinçait l'accélérateur avec la pierre dont il s'était muni et sautait de la cabine. Mais, s'apercevant que la trajectoire du véhicule déviait vers la droite et que celui-ci risquait de s'immobiliser contre le parapet, il le rattrapait, remontait sur le marchepied et donnait un coup de volant vers la gauche pour redresser sa course avant de prendre définitivement la fuite et de regagner son domicile. Dès le lundi 26 mai, il allait se réfugier à la Faculté des lettres. Là il était pourvu d'une fausse carte d'étudiant, hébergé et nourri jusqu'au jour de son arrestation. Malgré son jeune âge, Raton a encouru plusieurs condamnations pour vols. Présenté ce jour à 9h au juge d'instruction, il a renouvelé ses aveux. Il a donc été officiellement inculpé et placé sous mandat de dépôt". Source : Le Progrès de Lyon, 27 juin 1968.
historique Les deux marginaux, Michel Raton et Marcel Munch, suspectés d'être les auteurs des faits, furent arrêtés et inculpés pour homicide volontaire. Ils furent acquittés en septembre 1970 par la Cour d'Assises.
note à l'exemplaire Au verso : timbre humide A.G.I. (Agence générale d'informations).

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