[3e édition de la Biennale de Bron (1991). Nouvelle scène...

[3e édition de la Biennale de Bron (1991). Nouvelle scène fixe du Fort de Bron]
droitsCreative Commons - Paternité. Pas d'utilisation commerciale. Pas de modification.
localisationBibliothèque municipale de Lyon / P0740 FIGRPT2881 03
technique1 photographie positive : tirage noir et blanc ; 24 x 18 cm (épr.)
descriptionReportage photographique réalisé dans le cadre de la 3e édition de la Biennale de Bron et en prévision du spectacle "Gargantua" par la Compagnie Volodia (mise en scène : André Fornier).
historiqueQuatre heures de spectacle, avec un repas au milieu et de la marche à pied... L'événement est en passe de devenir rituel. En effet, pour la troisième fois consécutive, la compagnie Volodia et son metteur en scène André Fornier s'installent au fort de Bron. Avec, dans leurs valises, un nouveau spectacle : "Gargantua" de Rabelais. "Les mystères de Paris" d'Eugène Sue avait lancé l'affaire, en 1987, dans le cadre d'une première biennale du fort de Bron inaugurée pour l'occasion. "1793" de Victor Hugo avait pris la relève deux ans plus tard. Aujourd'hui, c'est au tour de Gargantua, le célèbre géant de RabeIais, d'être attendu de l'autre côté les lourdes grilles de la forteresse. On l'y croisera dès [le 20 juin 1991] et jusqu'au 20 juillet. Entouré de ses ouailles, d'agréable vin, de bonne chère. Et venu là pour conter la légende qu'il a fait naître. "Depuis le XVIe siècle, un certain nombre de gens continuent de perpétuer l'idée de l'abbaye de Thélème. Il y a même, au fort de Bron, une compagnie thélémite qui organise des portes ouvertes tous les quatre ans. Ce sont ses membres qui accueilleront les spectateurs". Amoureux des grands classiques et prompt à imaginer toutes sortes de scénarios en découlant, André Fornier a choisi cette fois non pas de jouer l'histoire de Gargantua, mais de la faire célébrer par les moines de la fameuse abbaye de Thélème. Passée l'entrée du fort, le spectateur se verra donc plongé dans un autre monde. Un univers rabelaisien, habité par des moines-comédiens, réunis là pour festoyer et évoquer la vie du géant. Ripailles à l'appui. Loger Gargantua, même réduit aux dimensions humaines de Bruno Andrieux, un jeune comédien sortant tout droit de la Comédie de Saint-Etienne, n'était pas chose facile. Jusque-là, André Fornier et sa compagnie avaient habitué le public se rendant à Bron à déambuler dans les chemins et galeries du fort. Cette année, le principe est maintenu, mais dans une version allégée. Car la grande nouveauté de cette troisième édition de la biennale de Bron, c'est le décor conçu par un vieux complice de Fornier, Charles Rios. Aux vieilles pierres et à la verdure, viennent en effet s'ajouter une construction spécial-Gargantua, la plus gigantesque possible, bien sûr. Vingt-six mètres sur seize, constitués de gradins en bois, encerclant une scène servant à la fois de plateau, de table et de réserve à surprises. Par un savant jeu de trappes, les comédiens peuvent apparaître ou disparaître. Devant les quatre cents spectateurs que peut contenir, au maximum, cet "objet". Non démontable, garanti deux ans par la compagnie, et destiné à rejoindre le patrimoine culturel de la ville de Bron, producteur du spectacle, qui en fera ce qu'elle voudra, l'édifice rabelaisien sera occupé, chaque soir jusqu'au 20 juillet, trois heures durant. Le reste du temps étant rempli à visiter l'abbaye fictive, à se balader avec les moines... Et à se restaurer. Au menu de ce gargantuesque repas, viande chaude et légumes arroses de croze hermitage et précédé, en entrée, de la fameuse fouace qui, dans le texte de Rabelais, constitue l'enjeu de la guerre opposant Grandgousier, le père de Gargantua, et Picrochole. Servant à Rabelais de prétexte pour critiquer les guerres de conquête, le conflit oblige Gargantua à rentrer de Paris. Frère Jean, le moine paillard, est à ses côtés. Ayant gagné la guerre, on connaît l'histoire. Gargantua fait son entrée en politique et devient roi, tandis qu'est créée la fameuse abbaye de Thélème, sous les auspices du Frère Jean. Au-delà de la forme théâtrale que prendra la légende, de ses épisodes variés et bouffons, adaptés pour l'occasion par Jean-Pierre Roos qui s'est contenté de couper dans le texte sans le modifier, le Livre I de l'oeuvre de Rabelais est riche en enseignements sur la philosophie de son auteur. "Il raconte le regard des humanistes de la Renaissance, qui changent sans arrêt d'angle pour saisir la réalité sous tous ses aspects", note André Fornier. Véritable traité sur l'éducation reposant sur l'idéal d'une pédagogie moderne libérée de son carcan moyenâgeux, il livre aussi l'utopie rabelaisienne d'un monde meilleur, symbolisé par Thélème et par la fameuse devise "Fay ce que tu vouldras". Mise en pratique dès [le 21 juin], entre les murailles du fort de Bron par une trentaine de comédiens, dont les principaux sont Bernard Cupillard, Jean-Pierre Roos et Anny Vogel-Janin. Source : "Un fort et un géant" / Anna Masson in Lyon Figaro, 20 juin 1991, p.45.

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