[Parc archéologique de Lyon-Fourvière]

[Parc archéologique de Lyon-Fourvière]
droitsCreative Commons - Paternité. Pas d'utilisation commerciale. Pas de modification.
localisationBibliothèque municipale de Lyon / P0759 FIGRPTL0248 04
technique1 photographie positive : tirage noir et blanc ; 15 x 20 cm (épr.)
historiqueLe 5 novembre 1986, le secrétaire d'Etat à la Culture, Philippe de Villiers, est passé sur 2000 ans d'histoire en 45 minutes. Il a pris contact avec le site gallo-romain de Fourvière. De bonnes relations en perspective puisqu'il a promi une "S.A.S." (Somme approximative et sûre) dont on ne connait pas le montant, pour permettre l'aménagement d'une "promenade culturelle" et la construction d'un portique au Théâtre Antique. Le site s'inscrit donc dans les cinq opérations pilotes suivies de prêt pour la campagne "Patrimoine 2000" du ministère de la Culture. Source : Lyon Figaro, 11 novembre 1986, p.8.
historiqueUn parc archéologique sur le site de Fourvière ! Projetée il y a déjà quelques années, cette belle ambition est en cours de réalisation depuis le mois de novembre 1986. Objectif : créer un espace gratuit pour la culture et la détente. Quand les élus et Jacques Lasfargues, directeur des Antiquités historiques, ont commencé à réfléchir sur la possibilité d'ouvrir largement le site des fouilles de Fourvière comme un parc de ville traditionnel, le principal écueil s'est immédiatement dressé devant eux. Comment fabriquer un espace scientifique en lieu de loisir attrayant, sans toutefois écarter sa principale raison d'être ? Rappelons que sur cette colline s'ouvre le chapitre premier de la troisième métropole française. Impensable donc de laisser ces quinze hectares de patrimoine dans un état destiné à l'étude, anarchique aux yeux du profane. Inimaginable aussi de le transformer vulgairement en circuit de promenade, avec des bancs de béton collés aux vieilles pierres romaines. L'aspect pédagogique conserve donc toute son importance, il devrait même se découvrir véritablement. Depuis la deuxième guerre mondiale, l'utilisation du théâtre comme espace scénique est avant tout pratique, ou esthétique, au choix. La création du Musée Gallo-romain en 1975, que l'architecte Bernard Zehrfuss a su parfaitement organisé, caractérise sans aucun doute la tranche culturelle du site, trop loin pourtant d'un cadre destiné au loisir. La nouvelle stratégie d'aménagement devrait en finir avec la rigidité spatiale de ce périmètre archéologique, c'est en tout cas le but poursuivi par MM. Damian et Sartout, architectes de ce projet : incorporer les fouilles de Fourvière à la ville dans son ensemble. L'urbanisme romain indissociable de celui du Lyon contemporain ! Pour Daniel Damian, "c'est un travail de longue haleine dont on verra l'achèvement dans quinze ou vingt ans". La réussite de la première tranche, commencée depuis quelques semaines [en décembre 1986], semble cependant très importante pour l'avenir du parc archéologique. Elle devrait être terminée à la fin de l'hiver. En janvier [1986] les élus locaux ont voté un budget de 1,9 million de francs pour ce début de "valorisation significative du parc archéologique dans sa présentation et son fonctionnement". En clair, il s'agit de remodeler chaque partie pour redonner à l'ensemble sa forme initiale. Les travaux actuels résument très bien la totalité du programme. A partir de la base sud du Musée, derrière le mur de fond de scène du théâtre et sur foute sa longueur, un cheminement piéton reconstituera, dans une trame de dalles en béton, le sol antique tel qu'il était quelques décades après le Christ. Mais comme il ne fut pas question de poursuivre "ce retour au source" en remontant tous les édifices existant à l'époque, les différents responsables ont eu l'idée de résumer leur importance par l'implantation d'un paysage. Répondant ainsi au principal objectif : l'antiquité romaine expliquée en plein air. Trois haies de verdure nous signalerons le mur de scène ; sur l'autre bord du cheminement, la reproduction du portique monumental par une colonnade contemporaine, dont les quatorze piliers cylindriques ne dépasseront pas un mètre de hauteur - l'ambition des autorités n'étant pas en faveur d'un décor de péplum -, et un talus gazonné pour rejoindre le jardin de Magneval. La clôture sera supprimée, à l'ouest le site s'ouvrira alors véritablement sur la ville. Toujours dans la perspective "d'harmonisation du traitement paysager", deux alignements végétaux reproduiront les bâtiments latéraux qui prolongeaient les côtés de scène en direction de l'actuel rue de l'Antiquaille. Ces nouvelles transformations permettront de créer un véritable équipement pour la sonorisation et l'éclairage du théâtre. L'égout antique servira de conduit à toute cette installation, qui depuis la création du festival et à l'occasion de chaque spectacle ne répond pas vraiment aux normes de sécurité. A terme, elle permettra l'illumination du site. Enfin, les monuments gallo-romain bénis par la nuit dans une aura "high tech" sur la colline endormie. De quoi rendre jalouses la basilique et les muses de l'Opéra. Mais nous n'en sommes pas là ! Avant de prendre cette dimension surréaliste, les travaux ont encore quelques étapes à franchir. Ils méritent, n'en doutons pas, l'aide appuyée du Gouvernement. Ce que Philippe de Villiers, secrétaire d'état à la Culture, semblait disposer à approuver le 5 novembre [1986] en visitant le site. La prochaine tranche prévue dans cette première phase devrait commencer en 1988, elle s'échelonnera sur deux ans avec un budget variable, de six à sept millions de francs. Sur la partie basse, c'est au tour de l'Odéon et au bâtiment d'entrée sur la rue de l'Antiquaille de prendre un coup de vert. Ce dernier n'a plus de raisons d'être en tant que billetterie, puisque la promenade dans le parc sera heureusement gratuite. Réaffecté, il se transformera en cafétéria et en point de vente, comme celui qui existe déjà au Musée Gallo-romain. Devant, le parking va disparaître, la barrière en fer aussi, pour laisser le terrain libre à un talus de verdure, découvrant l'esplanade avec, au premier plan, un musée lapidaire de plein air. Sur sa droite, suppression de la rue asphaltée au profit de la voie romaine enfin restituée, et l'aménagement d'une rampe pour la circulation des personnes handicapées. Si la cantine du lycée Jean-Moulin peut être déplacée, l'esplanade devant l'Odéon reprendrait ses dimensions originales qu'un nouvel alignement végétal signalera dans sa totalité. Sur ces cinq hectares axés autour de trois points, le temple de Cybèle, le théâtre, et l'Odéon, le site retrouvera sa forme antique et une partie de sa superficie initiale. Avec six entrées : deux sur la montée du Télégraphe, deux rue Radisson, une rue des Farges et une rue de l'Antiquaille, il s'ouvrira à tous les quartiers environnants. Les différents cheminements intérieurs, dont la plupart sont encore à l'état de projet, finiront d'éclater la caractéristique figée des fouilles, pour les glisser doucement dans un paysage urbain. L'idée d'un parc de verdure est en cela remarquable, qu'elle permet ce tour de passe-passe dans un espace intemporel où se mélangent un urbanisme vieux de deux mille ans, enfin retrouvé, et celui d'aujourd'hui, encore incertain. Un inconvénient mérite d'être souligné. Un tel aménagement multipliera par trois la fréquentation du site, tous les visiteurs ne viendront pas à pied comme on traverse un quartier. Le problème du parking est posé, les élus s'attachent déjà à cette difficulté, mais il semble que mis à part quelques projets provisoires la définition d'une aire réservée aux véhicules (au moins deux cents places) soit très délicate. Il faut dire qu'à l'époque romaine ils n'étaient pas nombreux posséder un char. La nécessité d'acquérir un ou plusieurs terrains sur quelqu'unes des nombreuses propriétés privées qui recouvrent encore une grande partie du site, s'imposera d'ici à quatre ou cinq ans. Ne perdons pas de vue qu'un tel projet est absolument unique en France, seulement par l'espace qu'il se propose d'occuper. La colline de Fourvière doit donc être prête à accueillir un public nombreux. Source : "Un paysage d'urbanisme romain" / Olivier Barban in Lyon Figaro, 30 décembre 1986, p.9.

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