[Bibliobus de la Bibliothèque centrale de prêt du Rhône...

droits Creative Commons - Paternité. Pas d'utilisation commerciale. Pas de modification.
localisation Bibliothèque municipale de Lyon / P0740 FIGRPT1935 02
technique 1 photographie positive : tirage noir et blanc ; 18 x 24 cm (épr.)
historique C'est public, gratuit, et ça peut rapporter gros : quatre cents bouquins à chaque passage, qui sont prêtés aux petites bibliothèques municipales du département. Le bibliobus du Conseil général fait aussi du prêt aux particuliers.
historique "Je me souviendrai longtemps du jour où j'ai mis les pieds pour la première fois à Sainte-Catherine. Avec le chauffeur, on arrive et, à la place de la bibliothèque, on voit un énorme tas de gravats. Elle avait déménagé". Assise à l'avant du bus qui la conduit dans ce petit village du sud de Lyon, Eliane en rit encore. Mais, très vite, ajoute, sérieuse : "Pour les bénévoles qui s'occupent de cette bibliothèque, ce n'est pas drôle. Ils se sont retrouvés relégués dans un sous-sol, dans les combles de la mairie, pour cause de rénovation du quartier dans lequel ils étaient installés. Aujourd'hui, ils ne vivent que sur l'espoir d'avoir un nouveau local". Des histoires de ce type, la jeune femme en jeans en connaît plein. Comme elle connaît d'ailleurs toutes les bibliothèques de ce canton de Mornant, qu'elle sillonne régulièrement. En bus, uniquement. Et toujours à bord du même véhicule : celui que la Bibliothèque centrale de prêt (BCP), dépendant du Conseil général, affrété pour livrer des bouquins à toutes les communes de moins de dix mille habitants du département. Ce drôle de bus, on l'appelle bibliobus. Histoire de signifier, tout simplement, qu'il s'agit d'une bibliothèque itinérante, circulant sur quatre roues. Une bibliothèque reproduite en cinq exemplaires, qui transportent chacune, dans tous leurs voyages, deux mille documents environ, venant tous de la BCP. Le but de la mission étant, en premier lieu, de desservir les bibliothèques municipales et de remplir, dans les villages les plus démunis en matière de lecture publique, un service de prêt aux particuliers. Car chaque tournée du bibliobus, qu'il s'agisse d'un véhicule partant de Bron, la maison-mère, ou des deux annexes de la BCP à Limas et Thizy, est un véritable service public : ouvert à tous, gratuit avec, en prime, la possibilité pour ceux qui le fréquentent de récolter gros. Quatre cents livres à chaque passage, soit quatre fois par an, récupérés, le plus souvent, par les bénévoles, un millier au total, qui gèrent les bibliothèques. Et jusqu'à cinq ouvrages pour les lecteurs individuels qui, eux aussi, huit à neuf fois l'an, gravissent les marches du bus. Au sommet du marche-pied qui permet d'y accéder, le spectacle est pittoresque d'ailleurs. Des rangées de rayonnages, aménagées de chaque côté des cloisons, une banque à l'entrée avec tiroirs et fichiers permettant à la bibliothécaire du bus d'enregistrer les prêts et les retours. Un vrai petit mobile-home, version turquoise et orange pour le plus ancien de ces huit tonnes, ou couleurs du Conseil général pour ceux qui viennent tout juste d'être repeints. L'essentiel du décor étant, bien sûr, constitué par les livres. "La veille de notre tournée, on prépare le camion, en fonction notamment de ce que les dépôts où on va passer nous ont demandé, ou ont réservé, puis on consacre une demi-journée le lendemain à classer les fiches". Pour Eliane, comme pour chacune de ses collègues de la BCP concernées par les tournées, la journée, planifiée bien à l'avance, se partagera entre deux stations : Mornant le matin, Sainte-Catherine l'après-midi, en l'occurrence, où deux bibliothèques d'un style très différent seront approvisionnées à tour de rôle en livres pour enfants. De circuit en circuit en effet, les thèmes alternent et les villages du département voient passer, successivement, le bus pour enfants, rempli de romans et de documents à usage des moins de quinze ans, ou le bus pour adultes chargé d'essais, du tout-venant littéraire et, aussi, de quelques nouveautés. Le principe de fonctionnement est toujours le même : les bras chargés de livres, les bibliothécaires des bourgs visités, qu'elles soient professionnelles ou bénévoles, rendent les bouquins qu'elles ont empruntés quelques mois auparavant à la BCP, puis comblent les trous laissés sur leurs rayons en en empruntant de nouveaux. Idem pour les particuliers quand il s'agit de prêt direct : ils ramènent leurs ouvrages, puis choisissent leurs prochaines lectures. Comme dans n'importe quelle bibliothèque. "On a un budget propre qui nous permet d'acquérir des livres, et le bibliobus nous sert de complément. Un complément indispensable, car, sans lui, on n'arriverait pas à suivre la demande. Rendez-vous compte, rien qu'en matière d'enfants je dois satisfaire trente classes !" A Mornant. dans la grande bâtisse en pierres qui abrite la spacieuse bibliothèque municipale, l'employée attend la voiture de la BCP avec impatience. Elle permettra de renouveler une partie du stock proposé aux mille trois cents abonnés. Comptant parmi les plus belles du secteur, cette BM confortable fait partie de celles qui sont sur la voie de l'autonomie. Encore dépendante de l'assistance fournie par la BCP, elle pourra, un jour ou l'autre, s'en passer presque totalement. "On leur donne des conseils techniques, on les aide, mais, petit à petit, elles se détachent de nous, c'est ça, le but du jeu", résume Eliane. Au-delà de la simple fourniture de livres, en effet, le périple accompli chaque jour ou presque par le bibliobus départemental relève d'une mission très claire : le développement de la lecture publique dans les zones les plus reculées du Rhône, cet objectif étant celui poursuivi par les BCP dans chacun des départements français. Conséquence : non seulement on prête livres et, parfois, expos, mais on se montre attentif aux conditions de vie et de croissance des structures favorisant la lecture. "Ces gens-là ont vraiment du mérite", commente Eliane, en pénétrant dans les quelques mètres carrés qui servent de bibliothèque à Sainte-Catherine, ou en évoquant le village de Souzy, dont la BM a été surnommée "le frigo" par les itinérants du bibliobus, en raison de la température qui y règne l'hiver. "Sans nous, à certains endroits, il n'y aurait pas de bibliothèque", précise-t-elle aussi. Plus de cent trente bibliothèques, regroupant cinquante six mille lecteurs, et près de trois cents communes sont aujourd'hui desservies par les bibliobus de la BCP. L'informatisation du système, démarrée [en 1990], devrait être achevée début 1992. Source : "Des livres en rase campagne" / Anne Masson in Lyon Figaro, 1er novembre 1991, p.21.
note à l'exemplaire Négatif(s) sous la cote : FIGRP04586.

Retour