[Abbaye de Talloires (Haute-Savoie)]

[Abbaye de Talloires (Haute-Savoie)]
droitsCreative Commons - Paternité. Pas d'utilisation commerciale. Pas de modification.
localisationBibliothèque municipale de Lyon / P0901 FIGRPT1566 02
technique1 photographie positive : tirage noir et blanc ; 18 x 24 cm (épr.)
descriptionAdresse : Abbaye de Talloires, 2, chemin des Moines, 74290 Talloires-Montmin.
historiqueL'abbaye de Talloires, au bord du lac d'Annecy, dans un magnifique décor. Une maison vivante, dirigée par Jean Tiffenat, un homme qui ne manque pas d'idées pour offrir à ses hôtes un accueil de qualité, décontracté.
historiqueCe n'est pas parce que l'abbaye à Talloires a hébergé, en 1986 pendant un mois, le dictateur haïtien déchu, Jean-Claude Duvalier, que la maison supporte le mauvais goût. Au contraire. Jean Tiffenat, directeur de l'établissement [en 1990], résume son travail à une phrase : "Je vends de l'atmosphère". Et non seulement c'est vrai, mais en plus c'est une atmosphère juste. Le personnel n'a pas ce côté contrit qu'on essaie, ailleurs, de faire passer pour du savoir-servir. Un juste équilibre, mélange de décontraction et de souci de la qualité, fait que cette maison est vivante. Y compris dans le décor. Car on aurait pu figer, ici, le temps une bonne fois pour toutes. L'histoire de l'abbaye est assez longue. On a fait tout le contraire. Erigée en 1681 par les moines bénédictins, l'abbaye a, par exemple, gardé la chambre du prieur, classée monument historique, ouverte. On peut y dormir comme dans toutes les autres chambres de la maison qui s'articulent autour de l'authentique grande galerie. Les murs de cette galerie changent aussi au gré des expositions que Jean Tiffenat accueille dans son établissement. On pourrait craindre de l'austérité. Il n'en est rien. Même quand l'établissement était encore lieu de prière, elle n'était pas de mise. "Les moines d'ici avaient une réputation abominable, raconte Jean Tiffenat. On leur avait interdit de boire plus d'un verre de vin par jour. Alors le prieur a réalisé des verres d'un litre". Rien d'étonnant à ce qu'on retrouve l'abbaye bénédictine transformée en relais de poste en 1844. Malheureusement la cave des moines avait déjà disparu, bue sous la Révolution. Quant à la bibliothèque, grand regret de Jean Tiffenat, elle a péri aux mêmes dates par les flammes. Comme l'ensemble du mobilier. Après la Seconde Guerre mondiale, monsieur Tiffenat-père, laissant un hôtel à Megève, a repris l'abbaye. "Il y avait deux salles de bains et six water-closet", explique Jean Tiffenat. Quinze ans plus tard, l'établissement est parmi l'un des premiers à être admis dans le cercle fermé des Relais et Châteaux. Il n'en est pas sorti depuis, tout en gardant un caractère assez personnel. Pas de télévision dans les chambres par exemple. "Chez les gens, cela devient un réflexe. Nous pensons qu'il faut les couper de leurs habitudes pour qu'ils se reposent vraiment. En revanche, je vais créer une bibliothèque et installer des chaînes laser dans les chambres avec des disques pour écouter de la musique", confie Jean Tiffenat qui ne manque pas de projets. Pour le printemps, il a fait appel à un spécialiste de roses anciennes. Roses dont il compte agrémenter son "beau jardin de curé". Expression tirée de la bouche d'Alain Chapel. Elément de plus dans le décor splendide du bord de lac d'Annecy. Côté cuisine, il a aussi ses idées. Bien arrêtées. Et il est rare d'entendre un directeur dire qu'il n'aime plus sa cuisine. On peut pourtant y découvrir des petites choses étonnantes comme la nage de perches aux herbes fraîches (beaucoup de safran), et même des choses remarquables comme les grillettes de veau au safran (encore) avec farçon aux pruneaux. La nouvelle tendance de la table Tiffenat avec un nouveau chef, Philippe Caillaud, sera au régional et au naturel. Il est vrai qu'à deux cents mètres de la table du Père Bise, il faut se distinguer d'une manière ou d'une autre. Source : "Ce supplément d'âme" / C.D. in Lyon Figaro, 2 février 1990, p.30.

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