[Elections cantonales de 1992 (2e tour)]

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localisation Bibliothèque municipale de Lyon / P0740 FIGRPT0868J 01
technique 1 photographie positive : tirage noir et blanc ; 24 x 18 cm (épr.)
historique Le Rhône a fait preuve [le 29 mars 1992] d'une grande stabilité. Seul un canton a changé de couleur. Celui de Vaulx-en-Velin qui est passe des mains du RPR à celles du communiste Maurice Charrier. Rhône-Alpes a cependant réservé des surprises. De taille. Dans l'Ain, le RPR Jacques Boyon a été battu dans son canton. Et perd du coup, la présidence qui devrait revenir Un UDF. Dans la Drôme, dernier département socialiste de la région, la majorité bascule de la gauche à la droite. Et Rodolphe Pesce perd son fauteuil de président. Mettant un terme à quarante-cinq ans de tradition socialiste.
historique Si le deuxième tour des élections cantonales n'a apporté aucune surprise dans le département du Rhône, il en a en revanche réservé deux, et de taille, dans la région : l'Ain et la Drôme perdent chacun leur président, Jacques Boyon et Rodolphe Pesce, qui apparaissaient pourtant comme de véritables figures locales. Dans l'Ain, et de façon tout à fait inattendue, le président du Conseil général, Jacques Boyon, RPR, a été battu [le 29 mars], contre toute attente, par un divers gauche, dans le canton de Pont-d'Ain qu'il détenait depuis 1970. La cause de cet échec électoral : une porcherie, dont le député-maire de Pont-d'Ain défendait farouchement l'implantation, allant même jusqu'à plaider sa cause devant le Conseil d'Etat contre les oppositions exprimées localement. En perdant son siège de conseiller général, Jacques Boyon perd du coup la présidence du Département de l'Ain qu'il assurait depuis 1984. Une présidence qui faisait l'objet d'un accord passé avec ses partenaires de l'UDF. Majoritaire au sein de l'assemblée départementale, l'UDF accordait en effet sa présidence du Conseil général à un RPR. S'il perd son président, le département de l'Ain ne change pas de majorité et c'est en toute logique un élu UDF qui devrait succéder à l'ancien ministre de la Défense. Le fauteuil de président devrait vraisemblablement revenir à Jean Pépin, maire de Saint-Nizier-le-Bouchoux, qui a décroché un siège de sénateur en 1989, en réunissant un consensus autour de lui. L'autre surprise est venue de la Drôme qui est passée dans le giron de la droite après plus de quarante-cinq ans de tradition socialiste. Le PS a vu lui échapper la présidence d'un Département qu'il détenait depuis la Libération et que présidait, depuis 1979, un poids lourd de la politique drômoise : Rodolphe Pesce, le maire de Valence. Faisant les frais à la fois de l'épineux dossier du tracé du futur TGV Sud-Est et d ela mauvaise image du gouvernement socialiste. [Le 22 mars] déjà, le premier tour des élections cantonales avait donné l'alerte. Le Parti socialiste avait en effet essuyé un sérieux revers en reculant de dix points par rapport à 1986. Les résultats [du 29 mars] ont largement confirmé la tendance et accordé quatre sièges d'avance aux candidats de l'UPF. La droite a arraché à la gauche les cantons de Chabreuil, de Tain-L'Hermitage, de Valence, de Nyons et de la Motte-Chançon. Le fauteuil de président laissé vacant par le maire de Valence pourrait bien revenir au CDS Jean Mouton, maire de Pierrelatte et président départemental de l'UDF, qui se présente depuis le début de cette campagne comme le challenger de Rodolphe Pesce. Il a clairement annoncé [le 29 mars] son intention de briguer la présidence. Il devrait être entouré, dans cette tâche, par deux jeunes fidèles, le leader du RPR Patrick Labaune, ainsi que le président régional du Parti radical et maire de Montélimar Thierry Cornillet. Dans les autres départements de Rhône-Alpes, les présidents sortants sont assurés de retrouver leur fauteuil. En Isère, Alain Carignon conserve sa majorité, tout comme le RPR Lucien Neuwirth dans la Loire qui conforte la sienne de trois sièges. En Savoie, Michel Barnier, le président RPR, se retrouve également à la tête d'une majorité inchangée pendant qu'en Haute-Savoie l'UDF Bernard Pellarin voit au sein de la sienne deux élus glisser vers le RPR, sans toutefois remettre en question sa présidence. En Haute-Savoie encore, les divisions de la droite apparues au grand jour pendant la campagne des régionales ont fait plusieurs victimes dont le député UDF Jean Broccard qui vient de perdre son siège de conseiller général au profit du RPR Bernard Accoyer. En Ardèche enfin, Henri Torre, le maire UDF, retrouve également un siège conquis en 1979, avec une majorité stable. On note toutefois dans le département la défaite de Robert Chapuis, ministre de l'Enseignement technique sous le gouvernement Rocard, ainsi que celui du député socialiste Claude Laréal. Source : "L'Ain et la Drôme perdent leur président" / Catherine Lagrange in Lyon Figaro, 30 mars 1992, p.2.
historique Un seul canton, Vaulx-en-Velin, a basculé en faveur du PCF dans de département du Rhône à d'issue d'un second tour qui voit les grands équilibres du département conservés. Promis d'être les arbitres du second tour, le Front national et les écologistes n'auront finalement pas bouleversé les grands équilibres politiques dans le département du Rhône. Un seul canton est perdu pour la majorité départementale de Michel Mercier, celui de Vaulx-en-Velin, où le communiste Maurice Charrier reconquiert le siège perdu par Jean Capiévic en 1985 au profit du RPR Jean-Claude Cret. Les communistes seront désormais trois dans la nouvelle assemblée. Le Parti socialiste conserve ses positions dans les trois cantons de Villeurbanne, à Saint-Priest et à Saint-Fons. Dans ces deux dernières circonscriptions, la lutte a été chaude. Jacqueline Vottero relève d'une tête la succession socialiste de Franck Sérusclat à Saint-Fons. La bataille a encore été plus serrée à Saint-Priest, un canton qui correspond géographiquement à la ville, où le maire Bruno Polga (PS) est réélu avec un écart de quatre cents voix sur la candidate du Front national. A Villeurbanne, les trois circonscriptions restent à gauche, et Marc Fraysse devra se contenter de son poste de conseiller régional acquis la semaine dernière. Il ne parvient pas à faire tomber Raymond Terracher, qui fait ainsi son entrée en remplacement de Gilbert Chabroux. Mais Villeurbanne a accueilli avec satisfaction les résultats de ce second tour qui voit la droite classique reprendre la seconde place derrière les socialistes, laissant le Front national en troisième position. Une situation qui efface ainsi le spectre de la cantonale partielle de juin 1990. Assurément, la majorité départementale et le Parti socialiste maintiennent leurs positions, mais par défaut. Car la multiplication des triangulaires - douze pour ce second tour sur vingt cantons - agit au détriment de la droite qui aurait dû logiquement faire basculer plusieurs circonscriptions en sa faveur. La présence d'un candidat du Front national aura donc permis au Parti socialiste d'éviter la casse qu'il a connue dans d'autres départements. Autre enseignement de ce scrutin, si le score du Front national continue de conserver un caractère protestataire dans une majorité de circonscriptions, notamment dans les cantons lyonnais, c'est sur lui désormais que semble s'exprimer le vote d'opposition : à Vaulx-en-Velin, le RPR Jean-Claude Cret, pourtant conseiller sortant, accentue sa baisse au second tour, au profit du FN Thierry Derocles qui emporte 34,35% des suffrages exprimés. A Saint-Priest également, avec 34,28%, Eliane Bentéo (FN) se situe loin devant le candidat UDF-RPR René Morand. A Saint-Fons enfin, même si Pierre Voegel, le candidat de l'UPF progresse, il est encore devancé par le candidat du FN, Albert Robles. A la Croix-Rousse, c'est sans surprise que Jean-Paul Bonnet a été réélu. Retrouvant un score honorable après avoir été malmené au premier tour par le candidat écologiste Alain Rocher, qui ne parvient pas à tirer son épingle du jeu. Pour ce dernier, ce sont les voix socialistes qui ne se sont pas reportées sur lui, alors que le PS estime quant à lui avoir complètement joué, avec succès, le jeu du désistement. Reste enfin le cas particulier de Rillieux-la-Pape, où Marcel André, exclu en milieu de semaine dernière de l'UDF pour avoir passé un accord de report de voix avec le Front national, est réélu, sans toutefois bénéficier d'un bon report de voix total. En revanche, à gauche, le front de refus a relativement bien fonctionné, sans toutefois pouvoir inverser la tendance. Dans ce canton, où 44% des électeurs ne sont pas allés voter au second tour, les consignes données par Michel Noir auront assez bien été suivies. Le maire de Lyon avait appelé au vote blanc. 8,70% des électeurs l'ont écouté. Source : "Stabilité dans le département" / Frédéric Poignard in Lyon Figaro, 30 mars 1992, p.[3].

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