[Chantier de l'Espace Fauriel à Saint-Etienne (Loire)]

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localisation Bibliothèque municipale de Lyon / P0740 FIGRPT1471A 08
technique 1 photographie positive : tirage noir et blanc ; 24 x 18 cm (épr.)
historique Après une semaine de rumeurs autour du projet de reconversion du site Manufrance, la mairie de Saint-Etienne et la SARI ont confirmé leurs accords de partenariat. Mais toutes les hypothèques ne paraissent pas levées au moment où la ville surveille ses dépenses.
historique La rumeur était devenue tellement insistante à Saint-Etienne que, n'y tenant plus, Paul Chomat, conseiller municipal communiste, a carrément posé la question au maire, publiquement. Est-il vrai que la ville est sur le point d'abandonner la construction d'un centre de congrès sur le site de l'espace Fauriel, l'ancienne Manu, au profit d'un autre projet ? Emoi dans la salle du conseil municipal. Et réponse de François Dubanchet, jugée embarrassée dans les rangs de l'opposition : oui la mairie se pose des questions, mais uniquement sur la taille du palais des Congrès ; oui, la mairie négocie la création d'un hôtel quatre étoiles, avec salles de conférences, sur un autre site, mais les deux projets sont complémentaires, pas rivaux... Ce pavé, lancé dans la mare [le 11 mars 1991], n'a pas fini de faire des remous. Remous sur lesquels la municipalité stéphanoise, comme la SARI-SEERI, aménageur du programme Fauriel, surfent avec plus ou moins de bonheur. A coups de réunions et de rencontres avec la presse. Le projet privé-surprise, d'abord. La mairie de Saint-Etienne a lancé, sans grande publicité, un concours pour le réaménagement de la bibliothèque municipale, après son transfert prévu pour la fin 1992. Après examen des projets, un jury, réuni en février [1991], aurait retenu la candidature commune Bouygues-GFC-Pullman. Soit un hôtel quatre étoiles de cent chambres, avec une salle de conventions de 400 places et des parkings. Ce projet sera-t-il mené à son terme ? Bizarrement, à la mairie comme chez Bouygues, on insiste aujourd'hui sur le fait que rien n'est signé ni programmé, tout en affirmant que cet équipement n'est en rien incompatible avec un équipement de congrès : le fameux centre de l'espace Fauriel. Depuis l'origine du projet, il y cinq ans, ce centre de congrès est supposé être la locomotive de la reconversion de Manufrance en centre d'affaires et de communication high-tech, agrémenté de logements, d'un centre commercial et d'un planétarium. Si les responsables de la SARI ont pu, pendant une semaine, avoir des doutes sur les intentions de leur partenaire municipal, ils ont apparemment été rassurés [le 12 mars]. Une "réunion de crise" s'est en effet déroulée avec François Dubanchet. "Nous nous sommes mis d'accord sur les problèmes de partage de frais et de capacité, assurait, [le 13 mars], le maire de Saint-Etienne. Il n'y a pas de remise en question du principe d'un centre de congrès. Les actionnaires de l'espace Fauriel pensent qu'il ne faut pas plus de 450 places. La SARI estime que pendant qu'on y est, pour un coût à peine supérieur, on peut en faire 700. Et qu'il y a, à Saint-Etienne, un potentiel de dix à douze manifestations par an susceptibles de remplir ces 700 places. Alors, je suis tenté de suivre la SARI, surtout lorsqu'on connaît les retombées économiques de cet afflux de congressistes. Ces gens-là amènent leurs épouses, ou leurs petites amies, ils vont à l'hôtel, au restaurant, ils achètent des cravates ou une boîte de chocolat Weiss. Et puis, quand ils rentrent, il ramènent un cadeau pour leur femme, surtout s'ils sont venus avec une maîtresse... Bref, les estimations disent que chaque congressiste dépense 1400 francs par jour. Ce n'est pas rien". Même son de cloche chez l'aménageur, Jean-Louis Giraud, responsable de l'agence Rhône-Alpes de la SEERI, estime que la réunion stéphanoise "a confirmé le contenu de l'espace Fauriel, sans le modifier". Et d'assurer que le permis de construire du centre de congrès, de l'hôtel Novotel et des activités annexes (administration, salles de réunion, restauration) qui y sont liés, sera déposé [fin mars 1991]. Alors, tempête dans un verre d'eau, inquiétudes injustifiées. En fait, tout semble indiquer que le bras de fer "amical" entre mairie et SARI, autour des restes de La Vieille Dame, n'est pas terminé. A la mairie, on rappelle que la participation de la ville au financement du futur centre n'est pas définitivement fixée (on parle de 75 millions TTC). Nul doute que François Dubanchet aimerait obtenir quelques ristournes, après avoir obtenu, il y a peu, que la SARI s'engage par convention à assurer pendant douze ans le fonctionnement de l'activité congrès et qu'elle prenne entièrement à sa charge tous les équipements annexes de la grande salle... C'est que - et l'opposition municipale en fait ses gorges chaudes -, la situation financière de la ville impose une rigueur de gestion sans précédent. La dette municipale avoisinerait les 2,5 milliards (sans tenir compte de la dette industrielle, avances que la ville devrait se faire rembourser). Plus question de continuer sur cette lancée. "Saint-Etienne s'est retrouvé dans une situation peu brillante en 1983, plaide le maire. Manufrance était en proie à la chienlit, le maire allait saucissonner sur les machines avec les syndicats. Je ne crois pas que ce soit le genre de climat qui fait venir les entreprises. J'ai été élu au mois de mars 1983 et je me suis adressé à Pierre Richard, directeur des collectivités locales au ministère de l'Intérieur, qui a parlé à son ami Robert Lion, à la Caisse des dépôts. Ils m'ont dit : nous vous aiderons à relancer l'activité, mais à vos risques et périls. On ouvrira une ligne de crédit. Mais vous serez responsables du remboursement. Alors, évidemment, on a utilisé l'argent du contribuable pour accrocher les entreprises. Mais ce sont des opérations presque blanches. La collectivité est remboursée. Et puis, on m'a toujours dit, M. Barre, par exemple, qu'il n'y a pas d'économie saine sans un environnement culturel de qualité. Alors, on a fait le musée d'Art moderne, le musée de la Mine, la bibliothèque, la conservatoire, l'école des Beaux-Arts. Toutes ces opérations coûtent cher. La ville des dettes, oui, mais à la hauteur de ses moyens. Nous sommes aujourd'hui à la pointe de l'endettement. Mais c'était prévu. Et c'est quand même la prospérité. De 13 à 14% de chômeurs, nous sommes tombés en-dessous de la moyenne nationale". Très prochainement, Christian Pellerin, le patron de la SARI, doit se rendre à l'espace Fauriel pour lancer les travaux d'installation de la Chambre de commerce et d'Industrie. Cette dernière implantation avait été à l'origine du dernier épisode en date du feuilleton Fauriel, nécessitant une refonte partielle du plan masse et une modification du plan d'aménagement de zone avec six mois de retard à la clé. François Dubanchet assure que cette "grand-messe médiatique" scellera le sort radieux de "la première friche industrielle de France". Faut-il le croire, alors que la rumeur, toujours elle, promet à la SARI bien des difficultés pour commercialiser son ambitieux espace du futur de 90.000 mètres carrés ?. Source : "L'odyssée de l'Espace Fauriel" / Philippe Bordes in Lyon Figaro, 14 mars 1991, p.3.
note à l'exemplaire Négatif(s) sous la cote : FIGRP03547.

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