[Lyon, la nuit]

droits Creative Commons - Paternité. Pas d'utilisation commerciale. Pas de modification.
localisation Bibliothèque municipale de Lyon / P0740 FIGRPTL0113 08
technique 1 photographie positive : tirage noir et blanc ; 18 x 24 cm (épr.)
historique Lyon, le 8 décembre 1852. Aux fenêtres de la ville, apparaît, pour la première fois, une ribambelle de petites bougies. Par cette action collective et spontanée, les Lyonnais fêtent l'Immaculée Conception et célèbrent l'installation de la statue de la Vierge sur Fourvière, mise en place définitivement le jour même en présence du cardinal Maurice de Bonald... Lyon, le 8 décembre 1991. La ville est sous les feux de la rampe. Dans tous les arrondissements, les lampions jouent aux équilibristes sur le rebord des fenêtres. Depuis cent trente-neuf ans, les Lyonnais perpétuent la tradition. Même si, pour certains, le message religieux de cette fête a progressivement pris la forme d'un point d'interrogation. Car aujourd'hui à Lyon, le 8 décembre, on s'amuse. La fête religieuse s'est, au fil du temps, transformée en fête tout court. Celle de Lyon qui associe, cette année [en 1991], dans un même hommage la Vierge Marie et Mozart. Mais les concerts, les spectacles de rues musicaux, théâtraux, café-théâtraux, les concours de vitrines dans les coeurs de quartiers et accessoirement les batailles d'oeufs et de farine n'y feront rien : c'est la lumière qui reste la reine de la nuit. Avec les lampions et, plus récemment, l'éclairage des monuments lyonnais. Ce que l'on appelle depuis décembre 1989 le Plan lumière, émane de la Ville de Lyon. Du cabinet de l'adjoint à l'Urbanisme. C'est effectivement à la suite d'une promenade sur le lac artificiel et "illuminé" de Grangean dans la Loire, qu'Henry Chabert, accompagné pour l'occasion d'André Maréchal, a eu une idée somme toute lumineuse : mettre en valeur, par le biais d'un éclairage adapté, le patrimoine architectural lyonnais. Bref, mettre en scène un véritable paysage nocturne à Lyon. Le Plan lumière pointe alors le bout de son nez. L'agence d'Urbanisme de la CoUrLy est alors mise à contribution avec, comme premiers sujets d'étude, les fleuves de Lyon. "Les fleuves sont les grands espaces vides de Lyon. Ce sont des lieux où l'on peut le mieux et vraiment profiter de la lumière", explique Henry Chabert. Rattaché à un autre plan - le Plan bleu dit aussi schéma d'aménagement des berges de la Saône et du Rhône - le Plan lumière se charge pour le premier "8 décembre" de l'équipe de Michel Noir d'illuminer les passerelles enjambant les fleuves et certains autres lieux et monuments dont le "charisme" architecturai pousse l'adjoint à l'Urbanisme à entreprendre leur mise en lumière définitive. L'opération est une réussite. A Lyon, on prend conscience que l'éclairage, mieux que la lumière naturelle, permet de valoriser certains détails, d'habiller les monuments, de mettre en exergue leurs détails occultés par la lumière du jour. Bref, il s'agit avant tout de voir la ville "sous un autre aspect. Regardez le rocher Pierre-Seize : c'est à cet endroit qu'a été créée la voie romaine à partir de Lyon jusqu'en Bourgogne. D'où le terme Pierre-Scize qui signifie la roche cisaillée. Les rois de France s'y sont arrêtés, François Ier... On le connaît à peine", souligne Henry Chabert, dans une explication de texte. Et pourtant : "Illuminé, ce rocher est splendide. On l'a découvert avec sa mise en lumière", explique Henry Chabert. Le 8 décembre 1990, l'opération Plan lumière est, comme prévue, renouvelée. Une dizaine de monuments, ponts, sites urbains et espaces verts sont mis entre les mains des services de l'éclairage public de la Ville de Lyon et d'Architecture Lumière, conseil en éclairage urbain. On trouve dans la liste de l'an de grâce 1990 : le pont de l'Université, le passage Ménestrier, la mairie du septième arrondissement... La seconde étape du Plan lumière consistant à "créer des paysages, des parcours lumineux à travers la ville", explique l'adjoint à l'Urbanisme. Le choix se porte sur les spécificités architecturales des coeurs de quartier, telles les mairies d'arrondissement. Mais également sur les grands axes de circulation, les rues (Mercière), les espaces publics dont l'illumination dépend en grande partie du bon vouloir des commerçants. [En 1991], même formule. De plus, le cours Vitton sera mis en lumière de manière définitive. Idem pour le cours Franklin-Roosevelt. Deux grands axes de circulation appartenant au sixième arrondissement particulièrement impliqué dans l'organisation du 8 décembre 1991. L'Illumination des façades des immeubles fait, en outre, partie du partenariat avec le privé que compte développer la Ville de Lyon. Mettre en lumière le patrimoine, c'est non seulement onéreux, mais c'est également "compliqué", indique Henry Chabert. Le "plan" requiert chaque année - et pour trois ans encore - une enveloppe de dix millions de francs moins des poussières. Quant à la complexité du dispositif, elle réside dans la mise en place d'un éclairage qui doit à tout prix (ou presque !) éviter le style "lampe de cuisine". En clair : "Vous avez une ampoule au milieu de votre cuisine qui diffuse un éclairage global, sans décor. Brutal". Ne pas se limiter à la simple fonction de l'éclairage implique donc la mise en place de nouveaux modes d'éclairage. Car d'après Henry Chabert, "la ville doit évoluer dans son mode d'éclairage. C'est nécessaire. Pour la sécurité notamment". Une évolution qui s'illustre par exemple par l'étude de nouveaux lampadaires dont a la charge l'architecte Jean-Michel Willmotte. Mazda travaille également sur le sujet à la demande de la Ville. Bref, on s'emploie activement du côté de la municipalité à faire en sorte que Lyon devienne une ville attractive et sécurisante, de jour comme de nuit. Pour le 8 décembre 1992, Henry Chabert concocte un nouveau programme de mise en lumière (avec l'illumination de la rue de la République) qui devrait toucher, à l'instar du 8 décembre 1991, l'ensemble des arrondissements. Source ; "La Lumière se taille la part de Lyon" / Séverine Meille in Lyon Figaro, 7 décembre 1991, p.4-5.
note à l'exemplaire Négatif(s) sous la cote : FIGRP04767.

Retour