["L'Automate traditionnel" à Herbeys (Isère)]

droits Creative Commons - Paternité. Pas d'utilisation commerciale. Pas de modification.
localisation Bibliothèque municipale de Lyon / P0741 FIGRPT0369B 01
technique 1 photographie positive : tirage noir et blanc ; 17,5 x 12,5 cm (épr.)
historique Sur la table du salon, Jacques, automate encore inachevé, fait une démonstration : assis sur un tabouret, il huile un canard en métal qu'il vient de "construire". Toute la maison vit à l'heure de ces poupées mobiles. C'est dans leur petit pavillon de la campagne grenobloise que Geneviève et Claude Laurent ont installé leur atelier de construction d'automates. L'entreprise dispose d'une place bien réduite. Pourtant, elle est l'aboutissement d'un parcours hors du commun. L'histoire commence à Paris, en 1949. Geneviève, professeur de dessin, entre comme décoratrice dans la société JAF, l'un des derniers grands fabricants d'automates traditionnels et de vitrines animées, successeur de la marque Vichy et Triboulet. Là, elle rencontre Claude Laurent entré comme apprenti. Durant plusieurs années, ils ont mis leur travail au service de leur passion commune, les automates, et ont collaboré activement aux multiples réalisations de la célèbre entreprise. En 1957, le couple s'est installé à Grenoble où Claude, devenu ingénieur électromécanicien, travaille dans la société Sudélec. Mais, en 1986, la société disparaît en licenciant tout le personnel. Pour conjurer un tel coup du sort, Geneviève, aidée et soutenue par Claude, décide de reprendre leur métier de jeunesse et crée "L'Automate Traditionnel". Installés à Herbeys, ils construisent des pièces originales, inédites, qu'ils reproduisent sur commande. Mais même reproduite l'oeuvre est inédite et peut être personnalisée à la demande du client. Pour ces authentiques créateurs, la reproduction permet d'améliorer la connaissance des méthodes de travail traditionnelles. Car, selon Geneviève Laurent : "L'artisanat d'art ne pourra survivre qu'avec une grande connaissance des méthodes traditionnelles. Il faut une très grande rigueur." Et elle ajoute modestement : "Je ne sais pas si nos réalisations sont des oeuvres d'art, mais notre travail est typiquement de l'artisanat puisque nous faisons tout." En effet, Geneviève et Claude Laurent partent d'un moteur et de deux yeux pour réaliser leurs automates. Ils créent tout ce qu'il y a autour. Ce travail, réalisé grâce à une totale complémentarité des deux époux, nécessite une parfaite maîtrise de tous les travaux manuels : sculpture, "moulage et peinture pour le corps, la tête et les mains, maroquinerie couture et broderie pour les vêtements, mécanique, menuiserie... A ce sujet, Geneviève Laurent éprouve quelque inquiétude. Si l'affaire est amenée à se développer, ce qui ne fait pas de doute, le couple ne pourra plus honorer toutes les commandes. Il faudrait alors prendre des apprentis capables de savoir travailler manuellement tous les matériaux, qualité que le système éducatif actuel ne permet pas de développer. Un espoir peut-être, du côté du fils de Geneviève et Claude Laurent qui pourrait assurer la continuité de l'entreprise familiale. Parallèlement aux créations, l'atelier réalise des automates sur mesure. Il s'agit d'oeuvres de prestige commandées essentiellement par des collectionneurs passionnés. D'autre part, la connaissance et la maîtrise des procédés traditionnels de fabrication permettent à Geneviève et Claude Laurent de restaurer des pièces anciennes. Mais ils se heurtent ici au problème crucial des approvisionnements. La déontologie exige que les matériaux utilisés pour la remise en état dès sujets soient identiques à ceux utilisés initialement. Or il est de plus en plus difficile de trouver des colles, des tissus, des teintures de qualité. Le dernier né de l'atelier de Geneviève et Claude Laurent a créé l'événement dans le monde des automates. Il s'agit d'un automate écrivain. Il n'en avait pas été construit depuis plus de quarante ans. Car ceci est un travail très délicat. L'idée de ses concepteurs était de répondre à Pierrot construit à la lin du siècle dernier. C'est ainsi que naquit Colombine. Elle pense à son ami et sur le support qu'on lui offre trace son nom. Alors la tête s'incline, les paupières battent, la gorge se gonfle. Une fois le mot achevé, la main gauche se relève pour libérer la feuille et Colombine se met à rêver... Le réalisme est stupéfiant. C'est une des principales préoccupations de Claude Laurent qui veut "donner du naturel et de la crédibilité aux mouvements". Aucun détail n'est omis. Ainsi, par exemple, on peut découvrir sous le gilet de Léon Paul, le joueur d'orgue de Barbarie, des bretelles modèle réduit et, sortant de la poche, la chaîne de montre. Du grand art. Source : "Les rouages de la passion" / Véronique Deville in Lyon Figaro, 25 avril 1989, p.52.
note à l'exemplaire Négatif(s) sous la cote : FIGRP01022.

Retour