[13e Course des Six Heures de l'Ecole Centrale (1987)]

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localisation Bibliothèque municipale de Lyon / P0741 FIGRPT0609 09
technique 1 photographie positive : tirage noir et blanc ; 15 x 20 cm (épr.)
historique [Le 12 avril 1987], les moteurs vont rugir une nouvelle fois sur le Campus de l'école Centrale. Les mécaniciens de tout poil et mordus de la mécanique en tout genre ont rendez-vous avec la treizième édition de la course la plus folle de l'année : "Les Six Heures de Centrale à Solex". Au départ cinquante "engins", qu'on ne peut décemment plus appeler des Solex pour certains, tant ils ont subi de modifications et d'améliorations. Une obligation : conserver aux Solex leur ensemble cylindre-piston-vilebrequin et le carter d'origine, ainsi que l'entrainement par galet et une cylindrée inférieure à 50 cm cubes. Autour de ce règlement, toutes les variations sont permises et, chaque année, de petites merveilles d'innovation et d'ingéniosité font leur apparition : boite de vitesse, refroidissement liquide, variateur, sans parler des essais de carburants plus surprenants les uns que les autres... Objectif : construire des engins assez fiables pour tenir les six heures de course et, en même temps, assez costauds pour faire la course en tête. Les plus performants poussent des pointes à 75 km/h ! Un circuit tracé dans l'enceinte de l'école recense, en quelques centaines de mètres, chicanes, lignes droites, raidillons sur la terre, le gravier et le bitume. Une palette complète de difficultés qui fait appel à toutes les qualités de pilotage des concurrents. Le départ est donné dans le style des 24 Heures du Mans, à midi, par Jean Rigaud, député-maire d'Ecully et lui-même ancien élève de l'école Centrale. Ensuite, voguent les solex ! Source : "A vos Solex" / J. M. [Jean Mesnard] in Lyon Figaro, 11 avril 1987, p.54.
historique Départ devant le grand escalier. Une petite montée, un virage à angle droit et la ligne droite des stands, partie bitumée donc "à fond", 70 km/h pour les plus rapides ! Puis c'est l'entrée dans le petit bois. Gymkhana entre les arbres, dans la caillasse, parfois presque à l'arrêt. On retrouve la "terre ferme". Grande courbe à gauche vers la ligne et le tour est bouclé. Une fois encore, les dingues du solex ont eu la parole [le 12 avril 1987] à l'Ecole Centrale. Pour la treizième année consécutive, les mordus de ce deux-roues pas comme les autres avaient rendez·vous sur le campus écullois. Des quatre coins de la France, ils étaient venus, et même de Suisse et d'Allemagne. A midi tapante le départ était donné à cinquante bolides qui allaient s'expliquer pendant six heures sur les neuf cent cinquante mètres du parcours. La plupart du temps, la course se gagne dans les stands et là, les "Six Heures de Centrale" c'est un peu Paris-Dakar, toutes proportions gardées. Il y a les "privés". Ils ont 'bricolés leur machine avec les moyens du bord et arrivent au départ avec beaucoup d'enthousiasme, trois pièces de rechange et un bidon d'essence dans leur sac à dos, et pour objectif d'aller jusqu'au bout, si possible. Et puis il y a les "grosses écuries". Au fil des années, les plus compétitifs se sont regroupés pour faire évoluer en commun leurs machines. Ils profitent d'une longue expérience de la course et d'une logistique sans faille : panneautage, chronométreuse, mécanicien attitré pour chaque machine, arrêts au stand minutieusement répétés, comme en Formule 1. Les "Moktard" et les "Reynard", les deux teams de pointe, se livrent un duel courtois mais sans merci, tout au long de l'année à travers l'hexagone. Il y aura donc en fait deux courses, comme c'est le cas dans beaucoup d'épreuves de masse : devant ceux qui se battent pour la victoire, derrière les "amateurs". Pour corser le plaisir, les organisateurs ont mijoté un parcours machiavélique. Il recense en quelques centaines de mètres toutes les variantes de terrain et le plus grand nombre de difficultés possibles : bitume, terre, graviers avec des lignes droites bien dégagées mais aussi chicanes et virages qui ne permettent pas une seconde d'inattention. C'est ce tracé qui fait des "Six Heures" une épreuve si cassante et si sélective que même les habitués la redoutent. Ici, il faut laisser de côté la machine de circuit et sortir le cadre renforcé et les roues métalliques. C'est pour ça que certaines machines n'iront pas même au bout du premier tour et que d'autres auront déjà un tour de retard sur les premiers après seulement deux tours de course ! Car les "pros" sont partis très vite. Sans surprise, les favoris se dégagent dès les premiers tours. Impressionnants de technique dans les passages délicats. Impressionnants de vitesse dans les passages rapides. Faisant trembler le radar de la gendarmerie installé en bout de ligne droite ! Et les tours succèdent aux tours. Perchés sur une terrasse, les pointeurs alignent des petites croix en face d'une liste de numéros. Ceux qui reviennent le plus souvent, toujours les mêmes du premier au dernier tour : le 1, le 4 et le 47. C'est dans cet ordre qu'ils termineront l'épreuve après une lutte à couteaux tirés entre les deux premiers, séparés seulement d'un tour à l'arrivée. Thierry Morel, déjà vainqueur à trois reprises de l'épreuve termine une nouvelle fois en tête, associé à Jérome Guard. Sixième victoire pour les "Moktard" ! Derrière bien sûr une machine "Reynard", puis un second "Moktard" pour compléter le podium. Les favoris n'ont pas ratés le rendez-vous écullois. Quant aux autres, ils en terminent eux aussi, pour certains dans un état de délabrement avancé... Celui-là pousse sa machine qui a rendu l'âme depuis des tours et des tours. Cet autre, arrêté depuis longtemps, repart cinq minutes avant la fin pour avoir lui aussi sa part d'applaudissements ; sans parler de tous ceux qui finissent avec le réservoir sur les genoux ou cassés en deux sur leurs machines pour soutenir leur moteur défaillant... Les fous du solex ont rangés leur machines magiques. Les voisins ont retrouvés leur calme habituel. Le circuit est redevenu une école, les stands un parking et les commissaires de course des étudiants. Vivement l'année prochaine. Source : "Des Solex qui roulent à l'extraordinaire" / Jean Mesnard in Lyon Figaro, 13 avril 1987, p.9.

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