[Manifestation des salariés au Théâtre du Huitième]

[Manifestation des salariés au Théâtre du Huitième]
droitsCreative Commons - Paternité. Pas d'utilisation commerciale. Pas de modification.
localisationBibliothèque municipale de Lyon / P0740 FIGRPTL0252 01
technique1 photographie positive : tirage noir et blanc ; 12,5 x 17,5 cm (épr.)
descriptionAdresse de prise de vue : Théâtre du Huitième, 8, avenue Jean-Mermoz, Lyon 8e.
historiqueLes quatorze salariés "oubliés" par la nouvelle direction comme par l'ancienne ont été rejoints [le 19 septembre 1989] par les têtes pensantes et parisiennes de leur syndicat CGT et par tout ce que le Huitième compte d'anciens, époques Maréchal, Gironès et Weber confondues. Ici, on a l'habitude des successions houleuses et des changements de pouvoir qui menacent de laisser une partie du personnel sur le bord de l'avenue Mermoz. A chaque fois, on s'organise, on se recase, on part avec le directeur précédent, on prend sa retraite... Nul n'ignore ni ne conteste qu'un directeur artistique est en droit de travailler avec qui il veut. Mais, cette fois, il y a un lézard dans le scénario. En dépit des mirifiques dettes laissées sur place et doucement épongées par des subventions qui auraient dû revenir à son successeur, Jérôme Savary refuse de déposer le bilan. Une affaire d'honneur à en croire Emile Herlic, actuel directeur de ce qui reste du Carrefour européen du théâtre. Pourquoi pas. A ceci près que les salariés semblent ne pouvoir être réintégrés en les lieux très précisément parce qu'il n'y a pas eu dépôt de bilan. Cela fait un sacré bout de temps que le passif Savary pourrit l'atmosphère. A lui, on doit les lenteurs de la nomination d'Alain Françon à la tête du Huitième. A lui, on doit l'éviction d'Emile Herlic d'une codirection. A lui, revient un lancement de saison si tardif qu'il en est suicidaire. A lui, s'adresse notamment la colère d'un personnel technique et administratif en quête d'interlocuteur. Soucieuse de ne pas être considérée comme reprenant l'héritage Savary et ses créances, la nouvelle direction a dans un premier temps fait mine d'ignorer jusqu'à l'existence du personnel. S'est noué ensuite un dialogue timide et quasi clandestin concernant six salariés dont on attend qu'ils se portent candidats. Ajoutons à cela un silence radio total du côté du ministère et l'on peut comprendre l'émotion de ceux qui se nomment "les boat people du Huitième". Au-delà de procédures maladroites, du bien ou mal fondé de la fermeture de l'atelier de décors, des subtilités du L 122-12 du Code du travail, du plaisir formidable procuré par les grandes mises en scène de Savary, la vraie question, celle qui fait enrager non seulement les salariés mais tous ceux que concerne la rigueur d'une gestion culturelle, la question est : comment a-t-on pu ignorer des années durant le déficit de huit millions de francs qui se creusait au Huitième ? Les questions subsidiaires étant : Pourquoi a-t-on laissé faire et pourquoi fait-on aujourd'hui payer la note au petit personnel ? Les réponses, il faut comme toujours les chercher très haut. C'est par volonté divine et non ministérielle que Jérôme Savary a été nommé à Chaillot. Vexé et drapé dans sa dignité, le ministère de la Culture attend donc tranquillement qu'explose la bombe à retardement qu'est la dette Savary. Mauvais calcul. D'au-dessus des nuages, voici qu'un rayon de soleil assèche en partie le trou. Restent seize petits nègres. Deux sont passés côté nouvelle direction, quatre pourraient être repris par l'ancienne, la ville de Lyon semblerait devoir en sauver deux, quatre autres sont appelés à reprendre leurs postes. Il en manque quatre et, pour implorer le ciel, il va leur falloir un sacré porte-voix, ne serait-ce que pour obtenir qu'on les licencie ! Source : "Et Dieu dans tous ça" / S.B. [Sandrine Blanchard] in Lyon Figaro, 20 septembre 1989, p.33.
historiqueLe Théâtre du Huitième a successivement été utilisé par le Théâtre du Cothurne, puis par la Compagnie du Cothurne (1967-1975), le Théâtre de la Reprise (1975-1979), le Théâtre des jeunes années (1968-1979), la Compagnie Jacques Weber (1979-1985) et le Carrefour européen du théâtre (1985-1988), avec le statut de Centre dramatique national (1972-1992). En 1989, Alain Françon reprend la direction du Théâtre du Huitième. En 1992, le théâtre est réhabilité et la Maison de la danse, jusqu'alors hébergée dans le Théâtre de la Croix-Rousse, s'installe dans ce bâtiment.
note à l'exemplaireNégatif(s) sous la cote : FIGRP00527.
note bibliographique"Cachez ces millions..." / Anne-Marie Boulet in L'Humanité Rhône-Alpes, 20 septembre 1989, p.14. - "Théâtre du VIIIe : on s'enlise. La balle dans le camp du ministère" / A.-M.B. [Anne-Marie Boulet] in L'Humanité Rhône-Alpes, 26 septembre 1989, p.16.

Retour