[Les plantations de la place Bellevue]

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localisation Bibliothèque municipale de Lyon / P0758 FIGRPTL0176 01
technique 1 photographie positive : tirage noir et blanc ; 17,5 x 12,5 cm (épr.)
historique La Place Bellevue, un espace sans histoire : il a toujours été vide en limite de la ville, à l'abri des fortifications Il semble avoir appartenu aux Neyret qui se faisaient appeler, selon Louis Maynard, "sieur de Bellevue", car ils possédaient là un castel flanqué de deux tours carrées. Dans une typologie des places et d'un point de vue rationnel, la place Bellevue n'est pas à proprement parler une place puisque l'espace ainsi appelé n'est pas limité : c'est un épanouissement du boulevard de la Croix-Rousse qui permet de découvrir la plaine du Dauphiné. Pourtant, l'alignement au cordeau de la rue Philibert-Delorme et celui plus lointain de montée du Boulevard, fabriquent les limites virtuelles d'un vide qui ponctuent l'ancienne redoute. L'utilisation acrobatique de la topographie par les tracés des voies est masquée par un talutage fort bien fait et une plantation astucieuse. L'ensemble fait oublier la ville alentour sans la cacher et dégage une poésie propre au lieu. La lumière particulière - en raison de l'orientation Est ou, peut-être, de la présence du Rhône - ajoute au charme de cet espace lyonnais.
historique Etonnement et consternation, [le 22 mars 1989], en haut des pentes. Les quinze acacias, qui ornaient la place Bellevue, dans le premier arrondissement, ont été abattus sans que personne, habitants ou élus du quartier, ne soit au courant. Les riverains de cette étape obligée des circuits touristiques parlent de "sabotage". Les écologistes, emmenés par Gilles Buna, nouveau conseiller d'arrondissement élu sur la liste du PS, s'emparent de l'affaire et organisent [le 24 mars], à 18 heures, une manifestation sur le thème : "Ils arrachent, nous plantons". Alerté, le nouveau conseiller municipal élu sur la liste de Michel Noir et pressenti comme maire du premier arrondissement, Roland Chandelon, s'est empressé de se rendre sur place, [le 23 mars]. Pour assurer que, dès sa prise de fonction, il s'occupera de replanter tous les arbres. Une peine que devraient lui éviter les services de la mairie centrale qui soutiennent avoir prévu le "reboisement" pour [le 24 mars]... Depuis quelques jours, des panneaux annonçaient une opération d'élagage. En fait, ce travail précédait le défrichement complet de la place, dans l'objectif de construire un parking. "Le projet prévoit vingt et une places de parking délimitées par des jardinières et l'aménagement d'un belvédère. Nous prévoyons également la plantation de quelques arbustes", explique le service de la voirie de la CoUrLy. Ce projet a été élaboré de longue date. Il s'inscrit dans le programme 1988 d'aménagement de la voirie mis sur pied par la Communauté urbaine. Comme prévu, les travaux débutent donc [le 22 mars]. Le service des espaces verts de la ville de Lyon et la CoUrLy se partagent les responsabilités : les premiers se chargent de l'aménagement floral et les seconds de l'élaboration du parking. Philippe Fandard, adjoint à l'urbanisme de la mairie du premier arrondissement, avoue avoir eu connaissance du projet mais s'étonne de sa mise en oeuvre : "Je n'aurais jamais signé l'autorisation pour le début des travaux. Quelqu'un a donné le feu vert, sans me consulter. Cette décision illustre le contrôle exclusif de la mairie centrale sur des décisions qui intéressent les mairies d'arrondissement". Alors que l'élu attaque l'Hôtel de ville, l'adjoint à l'Environnement de la mairie centrale de Lyon, le RPR Jean-Paul Bonnet s'étonne à son tour : "Je n'étais pas au courant que mes services avaient participé à celle opération de défrichement. Sans doute, si cela avait été le cas, je m'y serais pris autrement". Et d'ajouter que la décision de mettre en oeuvre le projet n'était pas de sa compétence : "La CoUrLy n'a besoin de l'assentiment de personne". La mairie de Lyon ne serait intervenue dans cette affaire qu'en tant que "prestataire de service" et ne serait pour rien dans la décision d'abattre les arbres. L'adjoint à l'Environnement reste cependant solidaire de son équipe : "Les acacias avaient au moins soixante-dix ans et étaient de mauvaise qualité. D'ailleurs, ils vont être remplacé par une dizaine de jeunes érables [le 24 mars] avant midi". Pour couper court à la polémique, la CoUrLy décidait, [le 23 mars], de bloquer le projet jusqu'à la prise de fonction de la nouvelle municipalité. Alors que, pour sa part, la Ville de Lyon entend poursuivre l'aménagement floral de la place. Il reste à espérer qu'à l'avenir, les différents centres de décision parviennent à mieux accorder leurs violons. Source : "Du vent dans les branches d'acacia" / Christelle Decker in Lyon Figaro, 24 mars 1989, p.6.
note bibliographique "Petit arbre deviendra grand" / Christelle Deker in Lyon Figaro, 25 mars 1989, p.8. - "Rouges de colère, verts de honte" / L. Salignat in Lyon Matin, 25 mars 1989. - "Comment sauver la place Bellevue" in Le Progrès de Lyon, 27 mars 1989. - "Plus vert que vert" / P.M. in Lyon Matin, 27 avril 1989. - "La place Bellevue reprend forme" in Le Progrès de Lyon, 8 juillet 1989.

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