[Albert Boucherat, affichiste lyonnais]

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localisation Bibliothèque municipale de Lyon / P0740 FIGRPTP0626 01
technique 1 photographie positive : tirage noir et blanc ; 17,5 x 12,5 cm (épr.)
description Inscription(s) sur l'image : "[10 juin]-1er juillet 1934 / Fêtes inaugurales du nouveau centre de Villeurbanne". Affiche par Albert Boucherat, artiste lyonnais ; 1934.
historique A quatre-vingt ans, le Lyonnais Albert Boucherat a tout dessiné. Au gré des commandes. Et fait de la publicité sa vocation. Des Gratte-Ciel au camembert, du saucisson à la Foire de Lyon, du Guignolet au chocolat Voisin, ses affiches ont illustré les plus grandes marques.
historique "J'aime beaucoup dessiner les femmes. J'ai plus la main, je les réussies toujours mieux que les hommes". Son éternelle blouse blanche sur le dos, Albert Boucherat contemple ses affiches étalées devant lui. D'immenses affiches jaunies, scotchées, écornées et bruissantes sous la main, qu'il manie avec délicatesse : "Il ne faut pas les bousculer ces pauvres choses, elles s'abîment toutes à force." A quatre-vingts ans, de tous petits yeux bleus pétillants, le graphiste n'a rien perdu de sa passion. Il regarde ses oeuvres comme autant de trésors précieusement pliés, classés et mis à l'abri dans ses tiroirs. "J'ai réussi à en conserver pas mal. Mais beaucoup se sont perdues car je ne pense pas tout le temps à en garder un exemplaire." Assis à son bureau, une brosse à dents et un tamis à la main, Albert Boucherat dessine. Depuis plus de cinquante ans, il reproduit, compose, imagine. Tous les sujets, et dans tous les formats. Au gré des commandes. De la dernière collection couture à la mode aux vaches dans les prés, du saucisson pur porc à la une d'un magazine américain. Car Albert Boucherat, sorti tout droit des Beaux-Arts de Lyon en 1928, a fait de la publicité sa vocation. "Ma plus belle affiche, du moins celle que je préfère, je l'ai dessinée pour une marque de vêtements de ski "Nivôse" : une superbe "pin-up" qui marche en tenant ses skis à lanières sur l'épaule. Tout est en marron, jaune et rouge et se détache sur un fond noir. Mais je ne l'ai plus avec moi. C'est mon petit-fils qui me l'a piquée. Et il l'a fait mettre sous verre. Alors je n'ose pas la lui redemander." Le dessinateur voue aussi une tendresse toute particulière à une affiche réalisée en 1931 pour le compte du Palais de la Foire de Lyon : un immense microsillon noir, sur fond jaune vif, ponctué de notes de musique. Et surtout pour son texte : "Troisième exposition internationale, TSF, machines parlantes et cinéma." "Pensez-donc, ça ne date pas d'hier !". Toutes ces affiches sont des lithographies, réalisées selon la technique de la brosse. De quoi créer quelques effets de pulvérisation et élargir la gamme des couleurs. Petit apprenti chez son oncle graphiste, Albert Boucherat est resté marqué par ses illustres prédécesseurs : Cappielo et ses fameuses affiches Cinzano, Cassandre et du beau, du bon, Dubonnet, Loupot et Monsavon, Paul Colin et l'Art Nègre. "Moi, c'est la mode que j'ai aimée." Smokings larges, costumes évasés, fuseaux, tailles de guêpe, spencers, l'artiste lyonnais a tout dessiné. Par centaines. Toutes les collections, toutes les modes, toutes les tendances. "Jusqu'au jour où nous avons été concurrencés par la photo." Villeurbanne doit aussi quelques réalisations à Albert Boucherat. Notamment l'affiche inaugurale des Gratte-Ciel, en or sur fond azur. "J'ai réalisé l'affiche avant que les bâtiments ne soient construits, d'après les indications de l'architecte." Un peu comme les collections de mode : "Il suffit qu'on me donne la longueur d'un rabat ou d'une poche, et j'en sais autant que le couturier." Mais l'affiche n'est pas le seul support du graphiste. Albert Boucherat s'est également fait une spécialité des étiquettes de vin. Chiroubles, Brouilly, Hermitage, Gigondas, etc. Des centaines et des centaines de crus : paysages, vues bucoliques, vignes, blasons, grappes de raisin, Albert Boucherat dessine tout. En lithographie, au trait noir ou gris, en sépia ou sanguine. "Le style est très différent pour les vins d'Alsace ou de Corse : il faut beaucoup plus de couleurs, c'est beaucoup plus gai. Tandis que pour certains crus, les producteurs demandent obligatoirement leur château. Souvent, la moindre baraque prend le nom de château." Côté étiquettes, le dessinateur ne compte plus non plus le nombre de producteurs de saucissons, de camemberts, de jambons ou de fromages qui ont fait appel à lui. "Maintenant, je peux dessiner une vache presque les yeux fermés", ironise-t-il. "Mais, de toute façon, ce que j'aime, c'est la diversité." Guignolet, les chocolats Voisin, la Menthe Verte et son absinthe, les confitures Lenzbourg ont également fait appel au coup de crayon du Lyonnais. Aujourd'hui, s'il continue à réaliser des étiquettes pour les grands crus, Albert Boucherat travaille surtout pour lui. En préparant une exposition de dessins à l'encre de Chine ou au crayon. Des vues de Lyon ou des Alpes. "Je n'ai jamais eu le temps de m y mettre avant." Source : "L'afficheur tant réclamé" / Carole Chatelain in Lyon Figaro, 21 mars 1989, p.64.

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