[Boîte de nuit "L'Eclip's", anc. "L'Actuel" (Bernard...

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localisation Bibliothèque municipale de Lyon / P0740 FIGRP00661 001
technique 1 photographie négative : noir et blanc ; 36 x 24 mm
historique Un joueur de football reprend la plus grande boîte de nuit de Lyon. "L'Actuel" se mue en "Eclip's". Ure affaire réglée à coups de millions de francs. Vingt en l'occurrence. Bernard Ferrigno, l'ancien avant-centre de l'Olympique lyonnais à la fin des années soixante-dix, s'est associé à des anglais, pour s'offrir la "valeur sûre" des discothèques lyonnaises. Ce célibataire de trente-cinq ans a été rapatrié il y a moins de deux ans sur la région lyonnaise, après une carrière de footballeur assez mouvementée. En l'espace de dix ans, il aura défendu les couleurs de cinq clubs aux quatre coins de l'Hexagone. Lyon, bien sûr, durant deux ans, à l'époque des "petits lutins", puis Châteauroux, Tours, Bastia et Quimper. "C'est vrai, j'ai pas mal bourlingué. J'ai mis mis pas mal de buts aussi, cent cinquante dont deux pour mon premier match professionnel que j'ai disputé à Gerland à l'âge de dix-neuf ans". Fils d'ouvriers, d'origine italienne, Bernard Ferrigno a passé son enfance à taper le ballon dans le quartier du huitième, où sa mère vit toujours. L'homme n'aime pas vraiment s'étendre sur son passé. Sa vie, il la retrace en vingt secondes en égrenant les clubs de football où il a joué. "Mon meilleur souvenir reste de coupe de France avec l'OL contre Marseille, en 1976". C'est l'époque des Lacombe, Ravier, Mihajlovic, Chauveau, Di Nallo... Autant d'anciennes gloires qui ont connu des réussites diverses à la fin de leur carrière. Fausses factures, escroqueries à la carte bleue pour certains. Mais le tableau n'est pas si noir. La plupart ont "bien fini", coulant des jours tranquilles dans un hôtel, un cabinet d'assurances... Destin classique. Ferrigno, lui, n'a jamais été une star à l'OL, mais il gère son après-carrière très professionnellement. Pour Ferrigno, cette reconversion n'est pas véritablement une aventure. Tout en entretenant sa passion pour le ballon, en entrainant un petit club de Villeurbanne, il avait déjà songé à assurer ses arrières en reprenant un café sur la place Carnot, "Le café des étoiles". Une affaire exclusivement familiale qui emploie tout de même quatre-vingts salariés pour assurer deux cent cinquante couverts par jour. Ses deux frères et ses deux soeurs sont au fourneau, au service et derrière la caisse. "Au début. je ne savais même pas faire un café". Ferrigno vise plus haut maintenant. "le suis plutôt novice là-dedans, reconnaît-il pourtant. Mais tout s'apprend et j'ai un excellent professeur en la matière avec Kamel". Kamel, c'est l'homme qui a fait "L'Actuel". Une success-story comme il en existe peu à Lyon, surtout dans ce milieu. Il y a quinze ans, ce sous-sot assailli aujourd'hui par un millier de fans, chaque fin de semaine, n'était qu'un trou de mille mètres carrés, une "immense flaque d'eau" pour reprendre l'expression de Kamel. Agent d'un gros cabinet d'études américain à l'époque, ce "fêtard" était avant tout un spécialiste du génie climatique. Lorsqu'il débarque à la Part-Dieu, après avoir écumé les centres commerciaux de Nice, Paris, Marseille, Toulon et Grenoble, la "flaque" n'intéresse que des Anglais. Puis des Libanais. Et l'inévitable Régine qui reculera finalement devant l'investissement. Sur les conseils d'un "frangin dans le show-bizz", Kamel se lance alors dans l'aventure. "J'ai créé cette boîte pour m'amuser. J'ai investi cinq millions de francs mais ça aurait dû me coûter le double ou le triple. J'ai tiré sur tous les prix". Le Paladium est né. Une boîte quelconque de plus sur l'échiquier des folles nuits lyonnaises. "La formule n'était pas un succès. J'ai voulu donner une image plus clean, en organisant des soirées de prestige. J'ai plein d'amis dans le cinéma, ils m'ont tous donné un coup de main pour lancer L'Actuel". Alors qu'il est au top de sa notoriété, Christophe Lambert vient "à l'oeil" et ameute ses fans lyonnais dans ce sous-sol de la Part-Dieu. D'autres "coups" suivront : les groupes Supertramp, Talk-Talk, Kid Creole, Dick Rivers... Roger Hanin y présente en première La Rumba, accompagné de Charles Hernu muni d'une cape à la Dracula. L'Actuel fait parler de lui, notamment sur Antenne 2, lors de la grande messe médiatique en faveur de la myopathie. Le concept de la "boîte avant-gardiste et très sélective" fonctionne à Lyon. "C'est un gros bateau, pour l'instant, je ne vais rien changer. Je vais continuer ce qui a été fait jusqu'ici, dans le même esprit, lâche Bernard Ferrigno. Si, j'ai changé le nom tout de même, histoire de créer un petit choc psychologique. J'aimerais bien vieillir un peu la clientèle". La passation de pouvoir se déroulait donc en douceur le 4 octobre 1989, avec une soirée tout à fait conforme aux critères maison, et un spectacle de la formation originale de Village People. Source : "L'Actuel s'Eclip's" / Pierre Perret in Lyon Figaro, 6 octobre 1989, p.41.
note à l'exemplaire Ce reportage photographique contient 14 négatifs.
note bibliographique Wikipédia. [En ligne] : https://fr.wikipedia.org/wiki/Bernard_Ferrigno (consulté le 13-05-2019).

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