[Portrait tissé sur soie d'Edouard Aynard (1837-1913)]

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localisation Bibliothèque municipale de Lyon / P0901 FIGRPTP0161A 02
technique 1 photographie positive : tirage noir et blanc ; 24 x 18 cm (épr.)
description Portrait tissé sur soie conservé au musée des Tissus de Lyon. Signé et daté, b.d. : "Anaïs Favre / 1893".
historique Banquier, politicien, amateur d'art éclairé et mécène, Edouard Aynard fut à l'origine du musée des Tissus. Le 15 juin 1919, sur la place de la Bourse où se côtoient de façon exceptionnelle les politiciens lyonnais de gauche et de droite, le maire Edouard Herriot préside à l'inauguration du buste d'Edouard Aynard que vient d'élever Tony Garnier et sculpter Jean Larrivée. L'heure est aux discours que l'on aime alors abondants et fleuris. "Monsieur Edouard Aynard s'appuie fortement sur ce soi dont il se réclame. Il s'attache avec amour, avec dévotion, à telle parcelle de terre régionale qu'il enrichit et dépasse par l'envol continu de la pensée. Il a parfaitement aimé Lyon", lance Herriot. L'hommage n'est pas mince, venant d'un maire, de gauche, résolument anti-clérical, au conseiller municipal de l'opposition, député du Rhône, banquier, représentant de la droite lyonnaise cléricale et conservatrice. Mais les deux hommes, qui d'ailleurs entretenaient de bonnes relations, avaient un point commun : leur vaste culture et leur goût pour ce que l'on appelait alors les Beaux-Arts. Arrière-petit-fils d'un combattant de Lyon guillotiné après le siège de 1793, petit-fils d'un conseiller municipal ayant servi aussi bien l'Empire que la Restauration, fils-d'un administrateur des Hospices, ce représentant typique de la bonne (et grande) bourgeoisie lyonnaise, naît le 1er janvier 1837, rue du Plat, dans une famille ayant fait fortune dans le commerce du drap, puis dans la soierie, avant de toucher à la banque. "Ma famille a mis sa noblesse à rester bourgeois", aimera-t-il à dire lus tard. Pour le moment, il étudie chez les dominicains d'Oullins, qui lui font découvrir le catholicisme ouvert de Montalembert et Lacordaire, puis chez les Jésuites de Brugelette en Belgique. des séjours en Angleterre et aux Etats-Unis précèdent le retour à Lyon, où Aynard prend bientôt la direction de la banque familiale. Acceptant la République, qu'il désire libérale, Aynard entre en conflit avec le Préfet Ducros, séide du gouvernement ultra-conservateur, dans les colonnes du quotidien qu'il fonde dès 1871 : "Le Journal de Lyon". Inévitablement, il se tourne vers la politique, entre au conseil municipal en 1874, devient député de L'Arbresle en 1889, s'affiche très tôt dreyfusard, au grand scandale de la bonne société d'Ainay, mais s'oppose aux mesures anticléricales et anti congréganistes du gouvernement Combes. C'est d'ailleurs au Palais-Bourbon qu'il s'écroule, en juin 1913, alors qu'il va monter à la tribune pour défendre un texte sur l'un des sujets de prédilection de ce père de douze enfants : la liberté d'enseignement. Cet homme politique est aussi un homme de culture et d'art. Au conseil municipal, il obtient la présidence du conseil des musées et commande à Puvis de Chavannes la décoration du grand escalier du Palais Saint-Pierre. Président du conseil d'administration de l'école des Beaux-Arts, membre de l'Académie de Lyon (et de la plus badine académie du Gourguillon), président de la toute nouvelle Société des grands concerts fondée par G.M. Witkowski, il crée la Société des amis de l'Université, s'intéresse à l'art sous toutes ses formes et toutes ses époques, entreprend d'interminables recherches de collectionneur qui lui font amasser des trésors. Des sculptures médiévales aux peintres impressionnistes. Mais cet amateur d'art est aussi un financier : élu à la Chambre de commerce en 1882, il en devient le président huit ans plus tard et le restera jusqu'en 1910. Il s'intéresse aussitôt au musée d'art et d'industrie que possède l'institution et qui végète au deuxième étage du palais de la Bourse. Or il lui faut abriter les superbes soieries offertes par les artisans lyonnais en rentrant de l'Exposition universelle de 1889. L'ancien hôtel de Villeroy fera l'affaire. Dûment aménagé, placé sous la compétence d'un conservateur pugnace, il devient en 1890 le musée des Tissus Auquel Aynard lui-même fera de nombreux dons. Membre de l'Institut, du Conseil supérieur des Beaux-Arts, régent de la Banque de France, Edouard Aynard se découvre en 1906 une nouvelle passion : sauver de la ruine l'abbaye cistercienne de Fontenay, en Bourgogne, superbe édifice du XIIe siècle ayant appartenu à la famille de sa femme, les Montgolfier, qui avaient établi là une papeterie. A cette restauration, il va consacrer tous ses moyens. Après lui, ses héritiers continueront. Mais, dès décembre 1913, six mois après sa mort, son importante collection de peintures, sculptures et objets d'art est dispersée aux enchères. Des pièces restent à Paris, acquises par les musées. beaucoup partent pour l'étranger, les Etats-Unis surtout. Elles y sont toujours... Source : "Amateur d'art et financier" / G.C. [Gérard Corneloup] in Lyon Figaro, 14 décembre 1990, p.36.
note bibliographique "Bloc-notes lyonnais : Mme Anaïs Favre" / Charles Dulot in Le Salut Public, 21 mai 1899.

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