[Le Radiant à Caluire-et-Cuire]

droits Creative Commons - Paternité. Pas d'utilisation commerciale. Pas de modification.
localisation Bibliothèque municipale de Lyon / P0741 FIGRPT2884 08
technique 1 photographie positive : tirage noir et blanc ; 12,5 x 17,5 cm (épr.)
description Adresse de prise de vue : Le Radiant, 1, rue Jean-Moulin, 69300 Caluire-et-Cuire.
historique Le 13 octobre 1989, c'est sûr, on range les pelleteuses, on planque les échelles, on arrose les plantes louées pour le week-end et l'on prie pour qu'aucun talon aiguilles ne reste fiché dans une béton fraîchement coulée. Ces dernières années, toutes les communes de l'est lyonnais ou presque se sont offert un centre culturel. En général, la chose est pachydermique, futuriste et adaptée à trop de besoins pour répondre à un seul d'entre eux. Certes, il est encore trop tôt pour dire si le Radiant s'inscrit dans le lot commun, mais il est au moins original sur deux ou trois points, ne serait-ce que le fait que Caluire n'est ni à l'est, ni à gauche sur l'échiquier politique. Par ailleurs, le nouvel établissement possède un directeur qui a la particularité d'avoir été recruté sur concours national et non parmi les d'associations locales. En place depuis quasiment un an, Gérard Guipont a pesé de tout son poids, et ce n'est-pas rien, sur les aménagement intérieurs d'une salle qu'on devine au moins fonctionnelle. Baroudeur de la culture, Guipont a commencé sa carrière de l'autre côté de la Méditerranée, a fréquenté plusieurs Maisons de la culture, avant de quitter, en claquant la porte, celle de Firminy. Les sacs de noeuds, il en a démêlés beaucoup en dosant savamment patience et rouerie. Moyennant quoi Caluire, pour lui, c'est le paradis : "Le climat est euphorique. Autour d'un lieu et d'un projet existe de toutes parts un vrai désir de foncer". Quarante millions de francs pris en charge par la municipalité à l'exception des sept et quatre millions votés par le Conseil régional et le Conseil général, Caluire, c'est évident, mise gros. Et ce, sans compter un budget de fonctionnement encore secret mais qui, au vu de la programmation, doit de loin dépasser celui des structures comparables. Evidemment, il y a une contrepartie, plaire à tout le monde, ce qui n'est pas pour effrayer Guipont, au contraire. D'autres parleraient de compromis, lui dit : "Nous.sommes prêts à relever le défi de la polyvalence". Quand on lui annonce que son cahier des charges est truffé de dates réservées à des colloques ou autres séminaires, il enchaîne, serein : "Je ne suis pas de ceux qui s'enferment dans la pratique culturelle, nous créerons des liens intéressants avec les entreprises qui viendront, il y aura synergie". Cet homme est impossible à perturber, mieux, chaque fois qu'il donne l'impression de composer, c'est pour mieux imposer sa politique. Une politique bénigne en apparence puisque du rire, de l'humour, il a fait la composante majeure de sa programmation. Un spectacle oecuménique par ici, un comique par là, une gloire chaque mois, comment ne ferait-il pas l'unanimité ? Cependant, à regarder d'un peu plus près, le dosage est bigrement futé. On commence par Duteil, ça ne fait pas de mal, on trouve quelques concerts "pour tester l'acoustique", on débusque une création, une coproduction "puisqu'il en va du rayonnement du Radiant", un projet de résidence pour quelques artistes, un autre sur l'audio-visuel et même, vieux démon de monsieur le directeur, une approche de ce que pourrait être une grande exposition sur la culture scientifique. Du cent pour cent Guipont enveloppé dans un discours bénin. Très, très fort. Jamais méprisant, jamais dithyrambique, avec son air de soixante-huitard en charentaise, Guipont installe à Lyon une forme de séduction culturelle inusitée, le terrorisme homéopathique. On a très envie d'essayer. Source : "Radiantscopie" / Sophie Bloch in Lyon Figaro, 13 octobre 1989, p.51.
note à l'exemplaire Négatif(s) sous la cote : FIGRP00714A.
note bibliographique "L'année des douze saisons" / Nelly Colin in Lyon Figaro, 21 septembre 1989, p.34-35.

Retour