[Incendie criminel à l'Institution des Chartreux]

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localisation Bibliothèque municipale de Lyon / P0740 FIGRPTL0084 04
technique 1 photographie positive : tirage noir et blanc ; 18 x 24 cm (épr.)
description Sur la gauche, la chapelle de l'Institution des Chartreux. Tony Desjardins, architecte ; 1860-1864. Adresse : Institution des Chartreux de Lyon, 58, rue Pierre-Dupont, Lyon 1er.
historique Dans la nuit du 22 au 23 décembre 1992, le feu ravage un bâtiment de deux étages de l'Institution des Chartreux. Un acte qui laisse l'ensemble du personnel de l'école stupéfait. Quatre classes, deux laboratoires mais aussi une partie de la chapelle - I'orgue et la tribune -, située à gauche de l'immeuble touché, sont détruits. Après le passage des pompiers, dans l'amas de poutres noircies et de cendres, les enquêteurs peuvent lire des inscriptions, sortes de tags sataniques peints sur les murs. "I'm the devil", "Go to Hell"..., des insultes au clergé et à certains professeurs et employés de l'école sont décryptées. Les incendiaires devaient connaître par coeur les paroles des standards du hard rock. Comme une sorte de signature maladroite. Tout de suite, les experts et les pompiers ont détecté plusieurs foyers à l'incendie qui aurait pu embraser et faire exploser tout un quartier de Lyon. Le sinistre s'est en effet déclaré dans un laboratoire de chimie, où les becs de gaz pointent à chaque bureau... Le pire a été évité. L'enquête de la section des affaires générales (SAG) de la Sûreté urbaine de Lyon commence. Très vite les policiers s'orientent sur la piste d'élèves ou d'anciens élèves de l'institution. En effet, les jours précédents, plusieurs faits ont été constatés au sein de l'établissement sans que les incidents s'ébruitent au dehors. Débuts d'incendie, statue de la Vierge Marie peinte en vert, jets de tuiles provenant du toit de l'église Saint-Bruno, voitures stationnées alentour recouvertes de peinture... Des indices et des témoignages conduisent la SAG à suspecter trois jeunes gens, anciens élèves des Chartreux. Agés de 17 et 18 ans, les trois personnages ont brillamment passé leurs bacs C et D en juin 1992 et sont issus de milieux favorisés. Cependant, côté discipline, ils laissaient à désirer. A tel point qu'à la rentrée 1992, quand ils viennent rendre visite à leurs anciens camarades, on leur dit purement et simplement qu'ils sont devenus indésirables rue Pierre-Dupont. Ils repartent la tête basse. En attendant les prochaines vacances. Deux des étudiants fréquentent maintenant des écoles parisiennes, l'un en chimie, l'autre en informatique, le troisième, mineur, est dans une école préparatoire lyonnaise. Ils attendront les fêtes de Noël pour se retrouver à Lyon et passer à l'acte. Plusieurs soirs de suite, ils escaladent le mur d'enceinte de l'institution et promènent leur vindicte jusqu'à la nuit fatidique. Dans le laboratoire, les deux "Parisiens" - le mineur ne s'est pas déplacé cette nuit-là - allument quelques petits feux puis vont se balader tranquillement dans leur ancienne école. Quand l'incendie s'aggrave, ils regagnent leurs domiciles respectifs sans inquiétude. Leurs parents vont maintenant en payer lourdement les frais. Le bâtiment détruit jouxtait en effet une chapelle néo-gothique protégée par les Monuments historiques et qui venait tout juste d'être restaurée. L'ensemble des dégâts est estimé à près de 15 millions de francs... Le 6 janvier 1993, les policiers ont tout d'abord interpellé l'étudiant, âgé de 17 ans, qui poursuit ses études à Lyon. Le jeune garçon passe rapidement aux aveux. Ses deux amis sont arrêtés, à Paris, par une équipe de la SAG en mission, le 6 au soir et le 7 janvier au matin. Devant les charges qui pèsent contre eux, ils ne peuvent qu'avouer leur crime. Présentés le 7 janvier devant le juge d'instruction, le plus jeune a été remis en liberté et les deux autres placés sous mandat de dépôt. Ils ont été inculpés de destruction volontaire d'objet mobiliers et de biens immobiliers par incendie, menace de mort par écrit et dégradation simple. Aux Chartreux, on est atterré. "Avoir à porter plainte contre d'anciens élèves, c'est terrible, déclare le père Babolat, supérieur de l'Institution. Surtout que nous avons jamais eu de choses graves à leur reprocher. Nous avons reçu des centaines de lettres de soutien de familles et d'élèves. De toute façon, je mets cette action sur le compte du hard rock... Source : "L'outrage intérieur" / Nathalie Blanc in Lyon Figaro, 9 janvier 1993, p.3.
note à l'exemplaire Négatif(s) sous la cote : FIGRP05807.
note bibliographique "Incendie aux Chartreux" / F. Ch. in Le Progrès de Lyon, 24 décembre 1992. - "Origine criminelle" / Gérard Corneloup in Lyon Figaro, 26 décembre 1992, p.3. - "Le mauvais coup d'anciens élèves" / F.Ch. in Le Progrès de Lyon, 9 janvier 1993.

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