[Chantier de l'Opéra national de Lyon, version Jean Nouvel...

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localisation Bibliothèque municipale de Lyon / P0741 FIGRPTL0148 28
technique 1 photographie positive : tirage noir et blanc ; 18 x 24 cm (épr.)
historique Au printemps 1987, le Grand-Théâtre de Chenavard et Pollet accueillait sa dernière production lyrique : le Falstaff de Verdi. Les services administratifs déménageaient quai Jean-Moulin, directeurs en tête, la salle rouvrait brièvement en décembre pour recevoir en catastrophe une chorégraphie de Maguy Marin, puis c'était le silence. Point de bruits immédiats de pelleteuses ! Le bruit était ailleurs : à l'extérieur, où depuis six mois le projet de réhabilitation suivait un singulier itinéraire, qui tenait plus du parcours du combattant que de l'évolution normale d'un dossier municipal. Désignés à une quasi-unanimité par le jury adéquat, les candidats Nouvel et Blamont (le second est depuis passé aux oubliettes) avaient toutes les peines du monde à voir sanctifier leur nomination, par le maire d'abord, le conseil municipal ensuite. C'était le début d'une courtelinesque affaire, rejetant dans l'anecdote les péripéties pourtant déjà joyeuses qui avaient entaché la construction du vieux théâtre en 1826. Une affaire avec déclarations d'intention, considérations esthético-architecturales des édiles, jonglages avec des chiffres mis à toutes les sauces, lettres des architectes lyonnais (Nouvel et Blamont avaient le tort de ne pas être nés entre Rhône et Saône !), passes d'armes au conseil municipal, ricanements de bien des Lyonnais, commentaires acides de la presse, mines déconfites des directeurs et affairement des deux architectes qui devaient revoir trois fois leur copie. Miracle du consensus à la lyonnaise, le projet Nouvel IV était enfin adopté par les édiles assagis ! Tout le contraire du budget qui n'arrêtait pas de grimper, passant de 9MF à plus de 40 MF. Finalement, c'est (comme souvent) le patrimoine qui allait faire les frais de cette poursuite infernale : la salle, que les responsables locaux des Monuments historiques n'avaient pas réussi à faire protéger (le préfet s'y était opposé, fait rarissime en la matière !), la salle à l'italienne conçue par Dardel en 1842 et dont les mélomanes savouraient depuis des générations l'excellente acoustique, disparaissait sous les coups conjugués des directeurs anxieux de rentabilité et des architectes soucieux de faire du neuf. La municipalité laissait faire, toute occupée à s'y retrouver dans les dérapages financiers de moins en moins contrôlés. On ferait du neuf ! Et l'on ne se poserait pas trop de questions au sujet des parties classées du bâtiment (des calorifères, le rideau de scène de style Art Déco dû à Jaulmes, le plafond de l'ancienne salle, certainement peint par Abel de Pujol) : elles iraient dormir dans des caisses, en attendant... des jours meilleurs. Ce tour de passe-passe réalisé, l'équipe municipale changée, la nouvelle occupée à resserrer les boulons et à fixer une bonne fois pour toutes l'enveloppe financière, le chantier pouvait enfin s'ouvrir, en décembre 1990. Plus de trois ans après la fermeture du bâtiment ! Une année entière allait servir à coordonner l'action des nombreuses entreprises intervenant sur le chantier, à démolir les structures intérieures en respectant les quatre murs d'enceinte et le grand foyer du public (dont le beau plafond de Domer devait être tristement endommagé par quelque main indélicate), enfin à réaliser d'importants travaux de terrassement, permettant de couler les fondations spéciales requises. Alors que d'énormes vérins tenaient serrées les façades entre elles. L'année 1991 devait être toute entière consacrée à l'élévation des nouvelles structures, représentant dix-sept niveaux. Infrastructures descendant jusqu'à -17 mètres, puis superstructures s'élevant jusqu'à +40 mètres. Elévation qui a débordé d'un mois et demi sur 1992, après quoi s'est déroulée à partir du 24 mars 1992, la phase qui s'achève : la pose de la structure métallique supérieure qui supportera la fameuse verrière. Dix semaines pour poser douze arcs en acier de 8 à 15mm, soudés entre eux et dont la section est trapézoïdale. C'est que la fameuse voûte, qui a fait couler tant d'encre, dire tant de paroles, est une structure à la fois simple, complexe et originale, imaginée par le cabinet Nouvel et réalisée par les sociétés Durand Structures et Vilquin, originaires des Charentes ! [...]. Source : "Opéras jour J - 1 an" / Gérard Corneloup in Lyon Figaro, 14 mai 1992, p.30.
note à l'exemplaire Négatif(s) sous la cote : FIGRP05244.

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