[Entretien avec le professeur Badre Eddine Lahnèche,...

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localisation Bibliothèque municipale de Lyon / P0740 FIGRP02124 004
technique 1 photographie négative : noir et blanc ; 36 x 24 mm
historique L'ACLIF est malade mais elle entre en convalescence. Le diagnostic du docteur Lahnèche est clair, la situation est en train de s'arranger, affirme-t-il, même s'il reste quelque peu imprécis sur les remèdes qu'il va employer. Le projet de mosquée est toujours à l'ordre du jour et d'ici à quelques semaines, au plus tard quelques mois, les choses vont prendre une nouvelle tournure. Sortant de son silence le 25 avril 1990, le professeur Lahnèche a évoqué les soubresauts qui ont agité le projet de construction d'une mosquée à Lyon et les événements des semaines précédentes. C'est que, depuis le début du mois d'avril, l'émotion est réelle au sein des communautés musulmanes de Lyon qui ne se mettent d'accord que pour souhaiter la construction d'une mosquée, et encore. Elles constatent que, de différends en différends entre les personnes, le projet de construction d'une mosquée paraît s'éloigner de jour en jour. Il y a eu d'abord la démission spectaculaire du colonel Chabaga (PS), adjoint au maire de Villeurbanne, qui n'hésitait pas à déclarer qu'il abandonnait la trésorerie de l'ACLIF pour incompatibilité d'humeur avec deux membres fondateurs de l'association : Kamel Kabtane et Rabah Kheliff et qu'il les soupçonnait d'intégrisme (une affirmation qui a fait rire toute la communauté française). Pris entre le marteau et l'enclume, le docteur Lahnèche avait bien tenté une médiation, sans succès. Il n'est pas parvenu à réconcilier les deux parties. Quelques semaines plus tard, c'est le docteur Bakri, membre de l'association franco-libanaise, qui porte un nouveau coup au projet de mosquée en proposant carrément un contre-projet de dimensions plus modestes. Au sein de la communauté islamique, on soupçonne alors le docteur Bakri d'avoir été quelque peu poussé par le colonel Chabaga. Un soupçon qui s'appuie sur le fait que le docteur Bakri a aussitôt été désavoué par le président de sa propre association et que, chez les Libanais (qui comptent à peine 20% de musulmans et 80% de chrétiens), on se demande bien quelle mouche a piqué le docteur Bakri. L'émotion allait croissant alors que le docteur Lahnèche, président de l'ACLIF et président du Comité de construction pour la mosquée, se taisait. Le 25 avril, il en a donné l'explication, il a voulu garder le silence pendant la période du Ramadan. Avec la fête de l'Aïd, il a choisi de parler. Pour expliquer qu'il a demandé des explications aux docteur Bakri sur son attitude et que celui-ci a pris l'engagement de "faire une mise au point affirmant son soutien à l'ACLlF". Par ailleurs, le docteur Balai qui devait rencontrer Alain Jakubowicz pour des problèmes concernant la communauté libanaise aurait, selon le docteur Lahnèche, "accepté de ne plus présenter de dossier nouveau sur la mosquée et de s'associer à celui de l'ACLlF". Enfin, le docteur Bakri aurait aussi solennellement réaffirmé son attachement à la personne du président de l'ACLIF. En l'emportant sur ces trois points, et en obligeant de fait le docteur Bakri à faire marche arrière, le professeur Lahnèche a joué les pompiers et semble être parvenu à éteindre le brûlot qui menaçait de devenir un véritable brasier, Du même coup, il reprend le contrôle d'une association et d'un groupe dont le pouvoir moral paraissait en passe de lui échapper. Et pour ne pas avoir l'air d'être à la remorque de qui que ce soit, il a même annoncé que l'on s'orienterait vers une ouverture du conseil d'administration de l'ACLIF aux jeunes générations notamment. Prévoyant d'ores et déjà, si nécessaire, une modification des statuts de l'association "avant la fin de l'année" et réaffirmant que la mosquée serait celle de tous les musulmans et en aucune façon confisquée par tel ou tel groupe. En attendant, l'ACLIF et ses responsables restent suspendus au recours contentieux devant le tribunal administratif. Le jugement sera rendu le 16 mai 1990. Source : "La mosquée envers et contre tous" / Jeanine Paloulian in Lyon Figaro, 26 avril 1990, p.2.
note à l'exemplaire Ce reportage photographique contient 31 négatifs.

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