[Affaire David Hosansky (défenseur : Me Jacques Vergès)]

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localisation Bibliothèque municipale de Lyon / P0741 FIGRPTP1677 04
technique 1 photographie positive : tirage noir et blanc ; 12,5 x 17,5 cm (épr.)
historique Inévitable, c'était inévitable que David Hosansky rencontre Me Vergès. Cela s'est passé le 4 décembre 1989, en fin d'après-midi, à Lyon, dans un salon du Sofitel où le garnement avait "convoqué" l'avocat parisien qui, d'ailleurs, ne s'est pas fait prier très longtemps. Le défenseur de Barbie, Frérot et autres Abdhallah a écouté attentivement ce jeune lyonnais qui vient d'être placé "sous sauvegarde de justice". Majeur depuis juin 1989, David Hosansky a profité de l'été pour "craquer" trois millions de francs au casino... Alerté, son ancien tuteur a aussitôt saisi le juge des enfants, pour mettre fin à ce grand dérapage. Contre-attaque du flambeur-étudiant en droit : exiger de subir une expertise psychiatrique. Résultat, le 15 décembre. En attendant, Hosansky alerte les médias, son "seul rempart", et multiplie les déclarations, en racontant les moindres épisodes de sa triste vie de gosse de riche. Effectivement, cet orphelin, seul et unique rejeton d'une famille lyonnaise, aussi inconnue que fortunée, a de quoi être traumatisé. Quand son père, médecin d'origine polonaise, meurt, il a 7 ans. C'est sa mère, Jeannette, qui se charge de son éducation. "On voyageait sans arrêt. On vivait entre les palaces et les casinos. Ma mère me traitait comme son confident... J'en ai gardé un très bon souvenir. C'était un peu Madame Bovary... J'ai appris à lire sur ses lettres d'amour et à compter sur ses relevés de compte en banque". Quelques années de cette pédagogie particulièrement avisée et Jeannette meurt à son tour. L'enfant se retrouve seul mais très entouré par un conseil de famille. Première réaction : "J'ai hurlé parce qu'on a alors essayé de me voler..." Puis il plonge dans une adolescence perturbée. Fréquentant une école pour "attardés", puis un établissement spécialisé dans l'accueil des "surdoués", sans compter quelques institutions réservées à la progéniture de la jet-set. Tout est en place pour qu'à dix-huit ans. David entre dans sa majorité par une grande glissade sur les tapis verts. Question, aujourd'hui, devant ce cas, sinon original, du moins particulièrement médiatique : au nom de quoi interdire à un jeune imbécile de se comporter comme un jeune imbécile ? D'autant que cet attardé surdoué ne lèse personne en dilapidant sa fortune, sinon lui-même. Réponse de Vergès, toujours candidat au Prix Nobel de la provocation : "On a tendance à penser que nous vivons dans un Etat de droit. En réalité cet état est très précaire, très fragile. Il tend toujours à l'arbitraire..." Et dans un demi-sourire, l'avocat ajoute : "Cette affaire m'intéresse parce que ça met en cause les libertés individuelles !". Mais, désormais, Vergès a trouvé un redoutable concurrent. Le 4 décembre, le jeune Hosansky expliquait très à l'aise sur un ton agaçant : "Je suis adulte, le juge des enfants est incompétent..." Ou encore : "Si tous les joueurs devaient être déclarés irresponsables, les magistrats auraient du travail !" Bref, au bout de quelques minutes, on ne sait plus qui parle. Le maître ou l'étudiant. L'un commence une phrase, l'autre conclut. Et les deux sourient d'un air moqueur. "C'est vrai, je suis un emmerdeur", commence Hosansky... Et il n'est pas le seul, ajoute Vergès en expliquant : Ce sont les emmerdeurs qui soulèvent les vrais problèmes, pas des gens comme l'abbé Pierre !" Et son client enchaîne : "Provocateur ? Ce sont les situations qui sont provocantes." La justice n'a pas fini d'en baver avec un duo pareil. Au menu des prochaines semaines : un recours devant la commission européenne des droits de l'Homme et une série d'actions en justice contre ceux, banquiers ou autres, qui refuseront de reconnaître David Hosansky comme un adulte. Et ce n'est pas fini. Puisque ce jeune étudiant envisage une carrière d'avocat. Et peut-être un stage chez Me Vergès qui estime avoir découvert un élément intéressant : "Pour être un bon avocat, il ne suffit pas de tenir des discours tartuffe sur Les droits de L'Homme. Il faut avoir vécu des passions et des souffrances..." Le futur stagiaire approuve. Ça promet. Source : "Le duo de choc" / Philippe Brunet-Lecomte in Lyon Figaro, 5 décembre 1989, p.4.
historique Le 7 janvier 1990, le jeune et fortuné David Hosansky était retrouvé mort au pied de son immeuble, à Marina-Baie-des-Anges, près de Nice. Pour le premier anniversaire de sa mort, Reno Isaac sortira un disque 45 tours, sous le titre : "Qui a tué David Hosansky ?" (EPM Musique).
note à l'exemplaire Négatif(s) sous la cote : FIGRP01352.
note bibliographique "Me Vergès au secours de l'héritier flambeur" / Christine Mérigot in Le Progrès de Lyon, 5 décembre 1989. - "Solitude dorée" / Didier Berneau in L'Humanité Rhône-Alpes, 9 janvier 1990. - "La vie brisée de David Hosansky" / Carole Chatelain in Lyon Figaro, 9 janvier 1990, p.3. - "Dernier banco pour David Hosansky" / Mireille Debard in Lyon Libération, 9 janvier 1990. - "Sous la frivolité, le désespoir" / Yves Alègre in Le Progrès de Lyon, 9 janvier 1990. - "La deuxième mort de David H." / Ph.B.-L. [Philippe Brunet-Lecomte] in Lyon Figaro, 2 février 1991, p.5.

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