[Restaurant "La Mère Vittet" à Perrache]

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localisation Bibliothèque municipale de Lyon / P0740 FIGRPT2858 04
technique 1 photographie positive : tirage noir et blanc ; 18 x 24 cm (épr.)
description Adresse de prise de vue : Restaurant "La Mère Vittet", 26, cours de Verdun, Lyon 2e.
historique Atmosphère pesante et triste chez La Mère Vittet depuis le 27 juillet 1993. Jean Vittet a réuni son personnel ce jour-là pour lui annoncer qu'il devait, la mort dans l'âme, procéder à la déclaration de cessation de paiement de la Brasserie Lyonnaise, la société anonyme qui contrôle La Mère Vittet et le Bistrot de la Mère. Un dépôt de bilan qui n'a surpris qu'à moitié dans les milieux économiques lyonnais. Jean Vittet avait déjà été contraint de se séparer de deux de ses établissements - Le Bar Américain et le Tavernier de Saint-Paul - il y a quelques semaines. Une vente qui malheureusement n'a pas suffi à sauver l'entreprise. Presque quarante ans après sa création, La Mère Vittet connaît un sérieux accroc. Sans doute le plus pénible pour Jean Vittet après la mort de sa mère, Alice, en février 1989. Lorsque la dernière des mères lyonnaises disparaît, l'entreprise est au faîte de la gloire. Le groupe Vittet emploie alors 140 personnes et son chiffre d'affaires dépasse les 50 millions de francs. Certes, la construction du complexe de Perrache dans les années soixante-quinze a porté un rude coup aux restaurants du quartier. Mais la réputation de La Mère Vittet lui a permis de surmonter cette difficulté. En 1985, Jean Vittet a racheté Le Bar Américain, une belle affaire. Il réaménage le Bistrot Perrachois et le transforme en Bistrot de La Mère en 1989. En 1991, il se lance dans deux nouveaux projets qui expliquent vraisemblablement pour une bonne part (avec la crise économique) le dépôt de bilan de l'entreprise. C'est tout d'abord l'ouverture du Tavernier de Saint-Paul dans le Vieux-Lyon. Un restaurant brasserie de 210 couverts qui a pour ambition de faire découvrir les moules aux Lyonnais. Un investissement de 10 millions de francs pour une fréquentation qui ne répond pas aux attentes des initiateurs du projet. Parallèlement, Jean Vittet acquiert des terrains à Genas où il projette d'implanter avec des partenaires un vaste complexe regroupant deux hôtels, trois restaurants et un centre de congrès. Montant minimum du projet : 70 millions. Finalement, l'affaire tourne court, mais Jean Vittet y laisse des plumes. La conjoncture se dégrade en 1992. Les restaurateurs lyonnais voient leur activité chuter fortement. Et La Mère Vittet, comme les autres, n'y échappe pas. Légèrement déficitaire en 1990 (de 133.000 francs sur un chiffre d'affaires de 24,1 millions), la SA Brasserie Lyonnaise voit ses pertes passer à 1,1 million en 1991 pour un chiffre d'affaires de 23 millions. Un résultat négatif qui a dû encore se creuser en 1992, tout comme l'endettement de l'entreprise. Sans compter que la situation de l'hôtellerie restauration s'est encore fortement dégradée en 1993. En juin 1993, Christian Bourillot, président de la FNIH du Rhône (Fédération nationale de l'industrie hôtelière), avait tiré la sonnette d'alarme : "50% des entreprises du secteur sont menacées. Depuis un an, le chiffre d'affaires de chacun d'entre nous a baissé en moyenne de 10 à 40%. Certains grands noms de la profession risquent de déposer le bilan au cours des prochains jours", prédisait-il, avant de préciser : "Nous débauchons presque tous. Même Paul Bocuse n'est pas épargné". La dégradation de la situation économique a notamment pour conséquence de faire chuter fortement les repas d'affaires, avec les incidences que l'on peut imaginer sur l'activité des restaurants. Placée en redressement judiciaire, la société de Jean Vittet (qui emploie encore 53 personnes) bénéficie d'une période d'observation jusqu'au 10 août 1993, date à laquelle elle devrait être fixée sur son sort. Source : "La Mère Vittet dépose son bilan" / Jean-Pierre Vacher in Lyon Figaro, 29 juillet 1993, p.1.

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