[Siège historique de la C.G.T., 42 bis rue Tronchet]

droits Creative Commons - Paternité. Pas d'utilisation commerciale. Pas de modification.
localisation Bibliothèque municipale de Lyon / P0740 FIGRPTL0054 04
technique 1 photographie positive : tirage noir et blanc ; 24 x 18 cm (épr.)
description Adresse : 42 bis, rue Tronchet, Lyon 6e.
historique Rien ne va plus du côté de la rue Tronchet, dans le sixième arrondissement. L'immeuble sis au 42 bis, lieu historique du syndicalisme à Lyon, serait menacé de démolition pour laisser place à des bureaux et des parkings. Le comité régional CGT, l'INCA (Institut national d'assistance aux travailleurs italiens), la FSGT (Fédération sportive et gymnique du travail) et un syndicat de taxis se partagent encore le bâtiment. Depuis plus de vingt ans, pour certains. Et la perspective d'une opération immobilière sur le site est loin de susciter l'enthousiasme. "Nous ne ferons pas de cadeaux, nous ne partirons pas", lance Daniel Blanc-Brude, secrétaire général du comité régional. La première alerte remonte au 12 mars 1990. Le syndicat reçoit un courrier de la division des domaines de la ville de Lyon, mais adressé en fait à l'Union départementale des syndicats du Rhône CGT-FO, locataire de l'immeuble mais partie depuis belle lurette. Qu'à cela ne tienne, la lettre signifie à l'UD CGT-FO de quitter les locaux avant le 31 décembre 1990. "compte tenu des projets en cours d'élaboration sur l'immeuble". Le syndicat renvoie la lettre à l'expéditeur, précisant qu'elle ne lui était pas destinée bien que libellée "Syndicat CGT". Mais la petite phrase intrigue. Et le comité essaie d'en savoir plus. En vain, jusqu'au mois d'octobre où le maire de Lyon, par lettre, le renvoie sur Etienne Tissot, conseiller délégué aux Affaires sociales. L'élu, verbalement, les informe qu'un programme de logements sociaux, agrémenté d'une crèche, est prévu rue Tronchet. Les immeubles 40, 40 bis, 42 et 42 bis devant être démolis dans cette optique. "Nous étions prêts à accepter, étant donné qu'il s'agissait de logements sociaux, à condition d'être relogés dans le périmètre de la CoUrLy", explique Daniel Blanc-Brude. Deux réunions ont lieu avec Etienne Tissot, les 14 janvier et 18 février 1991. "Nous n'avons pas eu de précisions concernant la date de démolition, seulement une fourchette comprise entre la fin 1991 et début 1992. Mais, étant donné que nous n'avions pas de bail, Etienne Tissot nous a répondu que la ville de Lyon n'était pas amenée à nous reloger". Premier accroc. Le comité régional ne peut admettre de rester sans locaux et fait alors appel aux. syndicats du Rhône pour appuyer sa demande de relogement. "Ne pas nous loger, c'est ne pas reconnaître le droit syndical. C'est la responsabilité des collectivités territoriales d'assurer un local aux organisations syndicales". Entre-temps, les locataires du 42 bis découvrent, par l'intermédiaire d'une lettre de Christian Bonnefond adressée à la FSGT, que l'immeuble doit être cédé à la société immobilière Investor pour la construction de bureaux et de parkings. Bref, du haut de gamme et pas du logement social. Tollé. Là, plus question de quitter l'immeuble au profit d'une "spéculation immobilière". D'abandonner un lieu qui a vu naître les premiers syndicats du Rhône, où Gramsci, en 1924, en exil en France, a reconstitué le parti communiste italien dans la clandestinité et où se sont succédé divers syndicats. "Nous allons informer les syndicats des projets de la ville et mettre sur pied un comité de défense avec les autres locataires", annonce le secrétaire général. Les locataires sont d'autant plus amers qu'ils ont investi quelques deniers dans cet immeuble pour le rendre habitable. Ainsi, la FSGT a tiré de ses poches 45.000 francs pour la rénovation d'une salle l'année dernière. Tout comme la Ville de Lyon, d'ailleurs, puisque l'installation électrique qui vient d'être remise à neuf lui a coûté la bagatelle de 150.000 francs sans compter la rénovation des façades, il y a deux ans. [...] Reste que le comité régional ne serait plus opposé à quitter les lieux si... les collectivités publiques se décidaient à aménager une bourse régionale du Travail. Un projet ressorti des tiroirs pour l'occasion. Déjà du temps de Charles Béraudier, les syndicats faisaient des pieds et des mains pour qu'un tel équipement voit le jour. D'après les responsables syndicaux, l'ancien président du Conseil régional ne semblait pas opposé à l'idée, "si le dossier était monté en partenariat avec le Département et la Ville. Le Languedoc-Roussillon et la région Centre disposent déjà de bourse de travail régionales. Alors pourquoi pas Lyon ?" [...] Source : "La grogne des camarades-locataires" / M.C. et D. Ch. in Lyon Figaro, 11 avril 1991, p.4.
note à l'exemplaire Négatif(s) sous la cote : FIGRP03692.

Retour