[André Combe, carillonneur de la Ville de Lyon, sous "la...

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localisation Bibliothèque municipale de Lyon / P0914 FIGRPTP1193 01
technique 1 photographie positive : tirage noir et blanc ; 20 x 15 cm (épr.)
historique Il aura fallu une sorte d'enquête policière pour découvrir, pour exhumer d'une des flèches de l'église Saint-Nizier, le plus vieux bourdon de France. Et peut-être du monde ? Un bourdon est une cloche pesant deux tonnes et plus. Ils sont les poids lourds des carillons. Les historiens de l'art Campanaire, en matière d'antériorité, ont souvent fait référence au bourdon de Reims fondu en 1575, parfois à celui de Sens de 1560 (révélé par André Combe) plus rarement à celui de l'hôtel de ville de Lyon, daté pourtant de l'an 1508. On ne va guère au-delà. Les dix huit tonnes du bourdon lyonnais, avant de prendre place dans le beffroi de la mairie centrale, battirent à Saint-Nizier jusqu'au jour où un incendie détruisit le clocher de l'église. Sauf croyait-on, c'est le résultat de recherches récentes, cette énorme cloche appelée "le Séral". Ses 18 tonnes sonnaient le soir, la nuit tombée, pour prévenir alentours de la fermeture des portes de la ville. Malheur à qui trouvait les portes closes, malheur aux attardés, victimes désignées des tire laine. "Le Séral" de son timbre profond, pressait les pèlerins, rassemblait à la hâte les gens en promenade avant l'heure où la cité allait se replier sur elle même. Et il sonna jusqu'à ces flammes de 1674. Le vieux bourdon résista. Les autres cloches brisées, refondues, formèrent pour une large part le carillon actuel de cet hôtel de ville qu'on implantait. "La quincharde" avait été également épargnée par le feu de l'incendie comme elle fut plus tard protégée de la tourmente révolutionnaire. On l'avait oublié... En effet on perdit la trace d'un autre bourdon, moins conséquent mais plus ancien, qui avait joué, lui aussi, un rôle dans l'histoire politique lyonnaise. En 1471, en effet, le clocher nord de Saint-Nizier s'acheva, on le dota d'une grosse cloche, dont le son portait loin, mais dont le timbre dur la fit surnommer "la Quincharde". Elle servait, non pas à rabattre le soir venu les gens égarés, mais à convier les Echevins à de graves confrontations devenues avec le temps les séances du conseil municipal. L'église de Saint-Nizier, alors, du fait de quelques dissensions entre le Primat des Gaules et les Chanoines de Saint-Jean, accueillait ces doctes assemblées communales. Les conseils de la ville avec le temps se déplacèrent pour se tenir finalement place des Terreaux. On ne pensa plus à cette "quincharde" inutile et silencieuse. Ensuite, on dressa des cloisons, on cloua autour des planchers et le temps se referma sur elle comme un tombeau. Et puis un jour... André Combre, maître carillonneur de la ville, chargé en outre de l'inventaire des clochers régionaux, expert auprès des tribunaux, regarde plus attentivement les flèches de Saint-Nizier. L'une des deux porte en son milieu une ouverture et "des abat-sons" de pierre, destinés à faire rouler vers le sol le chant des cloches. Pourquoi cette ouverture à ce niveau si le sommet du clocher était vide, comme on le supposait, se demanda-t-il ? Il consulta les documents de l'époque, les pistes de l'histoire. Aucun n'indiquait qu'une cloche ici avait été suspendue... Le mieux était d'y aller voir. Il y monta quasiment la veille de Pâques... Il découvrit des trappes, des échelles, des portes condamnées par plusieurs siècles d'abandon. Et au bout de tout, il a retrouvé cette "quincharde" oubliée, perdue et dont le chemin s'était effacé depuis au moins trois siècles. Quatorze centimètres d'épaisseur, un mètre quarante de diamètre, un mètre quarante de haut (suivant la règle d'or des fondeurs) sonnante toujours de ce son un peu dur, un peu aigre qui rameutait les édiles lyonnais il y a cinq siècles. André Combe s'emploie à déchiffrer cette frise de lettres gothiques qui la couronnent "En l'an du Seigneur 1471 Nicolas Guyot m'a fondue et mon nom est Marie..." Nicolas Guyot, fut un grand maître-fondeur auvergnat. Le maître carillonneur de Lyon a écrit déjà comment Lyon est lié depuis Saint-Pothin par toutes ses fibres à l'histoire des cloches, comment Lyon demeure dans le monde, un des points d'appui de l'art Campanaire. En 1175, le moine strasbourgeois André Kircher coula dans notre ville une cloche pour Saint-Nizier, une cloche dont tous les autres fondeurs allaient reproduire la forme et les lignes. Le plus ancien bourdon de France, peut-être le plus vieux du monde vient d'y être découvert. Que cette découverte ait eu lieu dans le temps de Pâques, combien y verront un signe particulier ? Source : "La plus vieille cloche de France [...]" / Luc Trassoudaine in Dernière heure lyonnaise, 8 avril 1980.
note à l'exemplaire Photographie attribuée à Edmond Roussel (d'après Dernière heure lyonnaise, 8 avril 1980). - Photographie issue des archives du Journal Rhône-Alpes.
note bibliographique "Le coup de bourdon du carillonneur" / Patricia Tourancheau in Lyon Libération, 12 novembre 1986.

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