[Cinéma CNP-Terreaux]

droits Creative Commons - Paternité. Pas d'utilisation commerciale. Pas de modification.
localisation Bibliothèque municipale de Lyon / P0741 FIGRP10086 003
technique 1 photographie négative : noir et blanc ; 24 x 36 mm
historique Ainsi Roger Planchon a vendu le CNP. Et à un très bon prix. Tout en se déclarant démissionnaire de ses fonctions de pdg de la SA CNP dont il était l'actionnaire majoritaire, le directeur du Théâtre national populaire a annoncé le 30 mai 1998, par voie de communiqué, la vente des huit salles art et essai. Le nouveau propriétaire s'appelle Galeschka Moravioff. Ce n'est pas un inconnu. Son nom est d'ailleurs le premier à avoir été prononcé quand la mise en vente des salles lyonnaises a été publiquement connue. Il est distributeur, exploite également le Bastille, à Paris, et le César, à Marseille, et s'était déclaré depuis fort longtemps intéressé par les dites salles lyonnaises. Son image dans la profession ? Fort contrastée... Selon les précisions apportées par l'ex-pdg, la transaction a été basée sur le chiffre d'affaires global des huit salles qui, selon lui, est "d'une moyenne de 11 millions de francs par an. La valorisation globale de la société a ainsi été fixée à 7,5MF". Une belle affaire, les chiffres avancés jusque-là oscillant entre 4 et 8 MF. D'après Roger Planchon, qui rappelle son intention d'investir cette somme "dans la réalisation d'un projet artistique inédit dont le cadre juridique est connu depuis longtemps du ministère de la Culture, de la Direction du Théâtre et des Spectacles et du CNC", le nouvel acquéreur du CNP "se propose de conserver pour les huit salles la qualification art et essai", il envisagerait même "d'étendre aux autres salle la classification 'recherche' aujourd'hui attribuée à six d'entre elles", tout en garantissant la même qualité de programmation, "Comme l'exige la loi, poursuit Roger Planchon, M. Moravioff reprend les contrats de travail de la totalité du personnel". En résumé : continuité dans l'esprit de la programmation, maintien du personnel en place... Le feuilleton de la vente des salles CNP qui agite passionnellement la ville depuis mars 1998 aurait-il donc pris fin, et sur un happy end ? Non, pas totalement, répond Dominique Pascaud, le président de l'association Les Amis du CNP dont la réaction immédiate est de dire que, plus que jamais, l'association a sa raison d'être. Qu'elle doit rester vigilante. Explications. Il y a d'abord, quant à cet achat, un sentiment d'inquiétude : que "dans l'espèce de bagarre qu'il y a en ce moment dans l'art et essai en France, Galeschka Moravioff ne tente une sorte de coup pour mieux monter en puissance. La deuxième inquiétude, est qu'il s'agit là d'une transaction élevée." Sous-entendu : sur quoi repose le financement de l'acheteur ? Sur un capital ou sur un prêt bancaire, ce qui signifierait des échéances à honorer... et donc une rentabilité immédiate des salles obligée. Inquiétude, aussi, quant à l'affirmation de Moravioff de chercher à avoir le classement "recherche" pour toutes les salles (six la possèdent, pour l'instant). "S'il le fait, c'est ahurissant. Cela semble une espèce de surenchère pour mieux convaincre." Et c'est même dangereux pour l'économie des salles. Les Amis du CNP ont bien l'intention de rencontrer Galeschka Moravioff qui vient à Lyon à la fin de la première semaine de juin. "On va lui faire des propositions, lui manifester notre inquiétude. On a parfaitement conscience qu'il fera ce qu'il veut, qu'il est chez lui, mais, on veut discuter avec lui. Sans a priori. A Marseille, Monsieur da Silva, directeur du César, a une programmation qui fait l'unanimité. On verra comment cela va se passer à Lyon. Si les décisions pour la programmation vont se prendre à Paris ou ici. Si Marc Artigau reste ou non, ce qui nous semble aller de soi... Avant que l'annonce de la vente n'intervienne, l'association avait prévu de se réunir courant juin. La réunion sera maintenue. Je le répète, nous serons vigilants." Inquiétude quant à Galescha Moravioff, amertume et colère quant à Roger Planchon. Dominique Pascaud, dont l'association aux côtés de Marc Artigau et du personnel du CNP, on s'en souvient, avait fait à l'ex-pdg de la SA CNP une offre conjointe de rachat, se dit partagé entre ces deux sentiments. "Roger Planchon pense peut-être avoir quitté le jeu, mais à nos yeux, loin s'en faut. Symboliquement et moralement, il n'est pas quitte." Source : "La main passe au CNP" / Nelly Gabriel in Lyon Figaro, 1er juin 1998, p.1.
note à l'exemplaire Ce reportage photographique contient 25 négatifs.
note bibliographique "La polémique continue" / Nelly Gabriel in Lyon Figaro, 13 mai 1998, p.1 et 30. - "Perspective d'avenir pour le CNP" / Nelly Gabriel in Lyon Figaro, 6 juin 1998, p.49. - "Licenciements aux CNP" / Sophie Bloch in Lyon Figaro, 8 août 1998, p.1 et 4.

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