[Démolition du Prisunic de la place du Pont]

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localisation Bibliothèque municipale de Lyon / P0741 FIGRPTL0183 05
technique 1 photographie positive : tirage noir et blanc ; 24 x 18 cm (épr.)
historique Le Prisunic de la place du Pont aura complètement disparu le 20 décembre 1990. Le 31tobre, André Bourgogne a lancé officiellement le chantier de démolition. En présence de riverains mécontents.
historique "Le quartier est en deuil... Tous ces magouilleurs ont tué notre quartier". Charmante ambiance, [le 31 octobre 1990], autour du Prisu de la place Gabriel-Péri. Sur les coups de 11h30 et sous les yeux de quelques-uns de ses anciens clients, plutôt incisifs, le bâtiment commercial, fermé depuis des années, a reçu son premier coup de pelleteuse, actionnée par André Bourgogne, maire du 3e arrondissement, l'un des rares élus présents à la cérémonie. On aurait pu penser que cette manifestation, qui marquait un tournant décisif pour le dossier du CLIP, aurait attiré un peu plus de monde, d'officiels et notamment ceux qui s'étaient fait largement remarquer lors de la période la plus critique du dossier. Leur absence n'a pas manqué de provoquer certaines réflexions ironiques chez les associatifs du quartier : "Aurait-on eu peur de la réaction des habitants ?", ou encore : "Ils ont fait un foin de ce projet et, aujourd'hui, personne n'est là pour assister à sa mise en route". Moins qu'une mise en route, il s'agissait plutôt d'une ébauche de démolition. Un trou dans la cloison du Prisunic. Il faudra quatre semaines, pas moins, pour que les travaux - effectués à partir du coeur du bâtiment grâce à un "puits de lumière" par lequel les déblais de la toiture, du quatrième et du troisième étage devraient être évacués - soient totalement terminés. Le 20 décembre, les cloisons du Prisunic tomberont elles aussi et le dossier du CLIP pourra entrer dans sa phase de concrétisation. Quatre années de travaux pour construire les trente-deux mille mètres carrés de commerces et de bureaux, un hôtel à plusieurs étoiles et quelques logements sociaux. Egalement quatre années de nuisances qui n'inquiètent "pas plus que ça" les commerçants du quartier. Pour qui le CLIP devrait être un véritable "bol d'air". "Enfin", ont-ils unanimement lancé, à l'issue de la "cérémonie". "Ce projet ne peut apporter qu'un plus et retenir les commerçants qui souhaitaient partir. Depuis vingt ans, on nous dit qu'on arrangera le quartier. On n'espérait plus. Aujourd'hui, nous avons atteint notre niveau le plus bas, dû à la paupérisation", a expliqué cet opticien de la rue Paul-Bert. Et d'accorder un satisfecit à HDI, le promoteur de l'opération : "Ils ont un service de communication extraordinaire. A aucun moment une décision n'a été prise sans que nous en soyons averti". "Ils ont bien de la chance", explose de son côté cette habitante de la rue Moncey. Selon elle et les associations du quartier, la communication et la concertation avec les riverains et notamment les familles à reloger se seraient très mal passées. On dénonce volontiers "des méthodes odieuses. Tout ce que l'on propose aux habitants, ce sont des logements en banlieue. Rien dans le centre de Lyon". Prise à parti, l'une des responsables du relogement chez HDI a tenu, une bonne fois pour toutes, à remettre en place ceux qui ne cessent de faire l'amalgame entre l'opération du CLIP et celle de l'axe Moncey. Avez-vous rencontré les personnes que nous avions relogées ? Aucune d'entre elles ne s'est plainte. Elles habitent aujourd'hui là où elles ont choisi d'habiter", a t-elle expliqué à un riverain de la rue Montebello, particulièrement braqué. Beaucoup plus modérée, la responsable de la coordination des associations de La Guillotière. Selon elle, "il s'agit avant tout d'un problème politique. Il faut que les élus s'orientent autrement pour que tout le monde puisse vivre dans ce quartier où on doit construire des logements adaptés aux revenus de tous. Le problème, ici, c'est que la construction des logements sociaux ne se fait pas là où elle devrait se faire. Il n'y a pas de ZEP (zone d'éducation prioritaire), nous ne sommes pas en DSQ (Développement social des quartiers), aucun contrat de ville, pas de centre social... Bref, aucune aide sociale, alors que le quartier en a cruellement besoin". Une analyse que partage Djida Tazdaït, présente, le 31 octobre, à l'invitation des associations. Pas pour parler du CLIP, "un dossier que je n'ai pas suivi", mais pour aborder avec son homologue Henry Chabert, député européen, "la question du logement social au niveau local". Un problème qui, selon elle, doit être réglé, dans un premier temps, par l'instauration d'un dialogue entre habitants et élus locaux. "Si les institutions font des choses pour les habitants, il faut que ces derniers le sachent. La première disposition à prendre pour régler les problèmes sociaux, c'est avant tout de développer la concertation, la communication". Dans un deuxième temps, par la création d'un "pôle de logement d'urgence pour les gens qui doivent être relogés ou pour ceux qui sont expulsés". Djida Tazdaït n'aura pas eu l'occasion d'en parler avec Henry Chabert. L'adjoint au maire chargé de l'Urbanisme ne s'étant pas présenté au local d'information du 11, rue de Turenne, place Gabriel-Péri. Source : "Le Prisu à la casse" / S.M. in Lyon Figaro, 1er novembre 1990, p.6.
note à l'exemplaire Négatif(s) sous la cote : FIGRP02882.
note bibliographique "Clip : le nouveau visage de la place Gabriel-Péri" / Pierrick Eberhard in Le Progrès de Lyon, 27 août 1990. - "Premiers coups au coeur du bâtiment" / S.G. in Le Progrès de Lyon, 1er novembre 1990. - "Démolition, place du pont" / Aline Duret in Lyon Matin, 2 novembre 1990.

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