[Chantier de construction de l'immeuble B10 (Le Part-Dieu)]

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localisation Bibliothèque municipale de Lyon / P0759 FIGRPTL0191 01
technique 1 photographie positive : tirage noir et blanc ; 18 x 24 cm (épr.)
historique Le "Part-Dieu", anciennement B10, est certain de venir fermer la place de la gare en avril 1988. Et, comme par miracle, les réactions se succèdent. Nous allons finir par croire qu'une erreur est critiquable quand on ne peut plus l'éviter. Construisez, je vous dirais si c'est bien ! Après un comité d'intérêt local qui reprochait au bâtiment de transformer la place en "véritable cave", sous entendu un trou noir pour le commerce. Après Jean Rigaud, député-maire d'Ecully, qui défend l'aspect extérieur de la gare : "c'est une réussite, elle doit être montrée" (cf. Lyon Figaro, 3 et 5 février 1987). C'est au tour d'André Mure de dénoncer l'un des arguments clef qui justifie la construction du "Part-Dieu". C'est en tout cas celui que Charles Béraudier, président du groupe de travail de la Part-Dieu, s'appliqua à répéter une bonne dizaine de fois pendant le déjeuner de presse organiser le 2 février 1987 : "Le nouvel immeuble cachera enfin cet affreux silo de la bibliothèque". Et "pan" dans les dents du pauvre architecte qui le construisit en 1972. Ce jugement. l'adjoint à la culture le repousse violemment : "je n'ai rien à dire sur le projet lui même, cela ne me concerne pas. Mais je voudrais bien qu'on arrête de critiquer l'architecture de Perrin Fayolle. Je rappelle, à ceux qui ont peut-être la mémoire courte, que Louis Pradel avait le projet d'en faire la plus grande bibliothèque du monde. C'est aujourd'hui la seconde après celle de Los Angeles. Je suis désolé d'infirmer les propos de ceux qui la critique, mais la bibliothèque est une superbe réussite architecturale. Elle mérite (aussi) d'être vue." En fait, d'est en ouest le "Part-Dieu" vient un peu comme un cheveu sur la soupe. Il détruit la vision d'une gare que tout le monde approuve, bouleverse la perspective sur l'ensemble du quartier et massacre définitivement l'existence d'un bâtiment. L'architecte Perrin Fayolle n'en est plus à ça prêt : "la bibliothèque a été l'un des premiers édifices de la nouvelle Part-Dieu. A l'origine elle devait s'orienter au nord, et puis nous avons dû l'orienter à l'ouest. Plus tard, le centre commercial est venu se greffer tout autour, aujourd'hui c'est l'absorption complète, on ne la verra plus. Qu 'est-ce que vous voulez que je vous dise ? Que je regrette que personne ne m'ai demandé mon avis pour la construction de la gare. On aurait éviter ainsi que le silo soit désaxé par rapport à ce long bâtiment horizontal, et dérange l'harmonie du quartier. Les critiques que l'on peut faire sur son aspect ne me touche pas, elles ressemblent trop à des jalousies de confrères." Techniquement, on comprend la confiance de cet architecte. Traitée dans un matériau riche, la façade est de la tour des livres, plus d'un million d'ouvrages dans ce building de culture, a une bonne raison d'être sombre. "C'est un mur aveugle, de couleur blanche il aurait vraiment pris des allures de bunker, alors que le mélange de céramiques ocres et noires trompe l'oeil et lui donne une belle importance". Le "Part-Dieu" accueillera des bureaux, mais, avec le temps on va finir par croire qu'il servira surtout à révéler les non-sens d'une certaine façon d'envisager l'urbanisme. D'une construction qui ne tient pas vraiment compte de ce qui l'entoure, en parlant de la gare. D'une autre construction qui n'existe que pour nuire à un bâtiment, en parlant du "Part-Dieu". Il ne reste plus que la fontaine pour sauver le coup : "Hélas pour elle, André Mure n'approuve pas le choix du sculpteur, Ipousteguy : "il a déjà fait celle de la place Louis-Pradel, il va refaire la même chose sur celle de la gare. Je ne crois pas qu'il soit bon de toujours travailler avec les mêmes. J'avais proposé César, M. Delfante (N.D.L.R. : urbaniste de la Part-Dieu) semblait d'accord, hélas on préfère engager ceux que l'on connait". La peur du neuf peut-être. C'est en tout cas la seule explication que l'on puisse donner à la transformation d'un décor qui s'en va ressembler, en miniature, à tous les projets d'urbanisme ratés. Source : "La Bibliothèque est belle" / Olivier Barban in Lyon Figaro, 6 février 1987, p.4.

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