8, rue Juiverie : galerie sur trompes

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localisation Bibliothèque municipale de Lyon / P0707 CRDP E07448
technique 1 photographie positive : tirage noir et blanc ; 12,5 x 17,5 cm (épr.)
historique Qui ne connaît la célèbre "trompe" de Philibert de l'Horme, construite en 1536 pour Etienne Bullioud, et qui se voit au fond de la cour de la maison, sans apparence extérieure, qui porta le numéro 8 de la rue Juiverie. C'est un des monuments les plus savants et les plus hardis de l'art au seizième siècle. Il consiste en deux demi-arcs d'ogive inégaux, reposant sur un massif pilier, terminées par des coquilles, soutenant en l'air une galerie à portiques d'ordre dorique, flanquée de deux pavillons cylindriques d'ordre ionique, décorés de métopes à bucranes. Tel est l'ensemble de cette construction très élégante, solution d'un problème ardu et délicat de l'art architectural. Philibert de l'Horme en a consigné la description minutieuse dans son "Traité d'architecture".
historique Vous le connaissez tous. Il n'est pas de Lyonnais digne de ce nom qui n'ait un jour guidé des visiteurs parisiens ou provinciaux rue Juiverie, dans l'arrière-cour de l'immeuble portant le numéro 8. Au-dessus de la porte d'entrée, la prévoyante érudition de Félix Desvernay - dont on tarde bien d'installer et d'inaugurer le buste à Hôtel de Gadagne - a fait placer une plaque qui rappelle au touriste pressé l'interêt de la maison L'immeuble appartint autrefois à Antoine Bullioud, un des quatre trésoriers de l'Epargne ou général des finances pour la province de Bretagne. En 1586, il chargea l'architecte lyonnais Philibert de l'Orme d'établir une communication entre deux bâtiments par une galerie extérieure. Philibert de l'Orme construisit alors ce chef-d'oeuvre de science et d'art auquel il a laissé son nom. La façade est flanquée de deux pavillons semi-circulaires que soutiennent deux arcs de trompes de saillie considérable. Les pavillons et la galerie a une décoration d'ordre ionique. Les trompes sont surmontées d'un entablement dorique. L'escalier s'abrite sous la trompe de droite ainsi qu'un joli puits couvert. Sous la trompe de gauche passe un balcon qui dessert le premier étage. Cette partie de l'hôtel, décorée par le peintre Stella, posséda jadis de belles cheminées, des plafonds à caissons et poutrelles, des portes et des boiseries où tout l'art des menuisiers et ébénistes contemporains s'était déployé. Le corps de logis situé entre la cour et la rue Juiverie comportait autrefois de vastes pièces qui furent divisées par la suite en petits appartements. Ce vaste hôtel de Balliond était mitoyen avec l'hôtel voisin d'Antoine de Servières, à superbe façade Renaissance et à salles de belles dimensions. Ce quartier du Vieux Lyon fut prédestiné aux réjouissances théâtrales. Non loin de là était la salle du jeu de Paume ou Molière donna, près la place Saint-Paul, sa première représentation de "L'Etourdi". [...] Dans les salles de l'hôtel Bullioud s'installa sous le Premier Empire un théâtre bourgeois. Les contemporains ont raconté comment, vers 1824, ce théâtre était régi par le père Four, ferblantier-lampiste, chargé du luminaire et du matériel, participant parfois à la figuration, et par le père Dubrec, petit tailleur d'habits, faisant fonctions de chef d'orchestre, de costumier et d'archiviste. On joua au théâtre de la rue Juiverie le vaudeville, la comédie, le mélodrame. Des sociétés de jeunes gens y venaient récolter les bravos du public. Parmi les favoris de celui-ci, deux devaient accomplir dans les théâtres parisiens une belle carrière : Frédéric Achard, tisseur, fils de braves ouvriers en soie de la rue Confort et Léonard Hermann, dessinateur de cachemire, fils d'un ouvrier tailleur de la rue Mercière. Leur vocation théâtrale naquit au théâtre de la rue Juiverie comme d'autres se développèrent au théâtre de la montée Rey. Ils moururent jeunes tous deux, Achard en 1856, Hermann en 1858, après avoir été au Palais Royal, au Gymnase, aux Variétés, à l'Opéra-Comique, les idoles des Parisiens. Nous voila loin de l'hôtel Bullioud et de Philibert de l'Orme. On n'ignore pas que la statue de celui-ci par Degeorges orne la belle fontaine de la place des Jacobins. Ce que l'on sait moins, c'est qu'une statue du même architecte, par G. Bonnet, lui fut élevée à l'entrée du passage des Terreaux, en face de l'Hôtel de Ville, le 19 mai 1858. En mauvais état, elle fut descendue le 16 juin 1879. Clair Tisseur a relaté l'événement : "Au passage des Terreaux, deux belles colonnes portaient les statues de Philibert de l'Orme et de Simon Maupin qu'avaient faites Bonnet. Elles étaient en mauvaise pierre. Un jour, un bras tomba sur le trottoir, puis une tête. On se hâta de les descendre. Le bon public crut que c'était pour les mouler et les refaire en pierre plus dure. Depuis lors, les colonnes représentent au naturel le quatrième officier du convoi de Malbrough." Les deux emplacements sont demeurés vides, vides comme les deux piédestaux situés à droite et à gauche du grand escalier, au Palais de Justice. La Ville de Lyon a dressé l'image de Philibert de l'Orme en maints endroits : une toile de Jobbé Duval le représentant est à l'Hôtel de Ville, Joanny Glatigny l'a placé parmi ses "Célébrités lyonnaises" au Palais des Arts, et Edouard Fournier au milieu de ses "Gloires lyonnaises" dans la salle du Conseil général du Rhône. La Ville devait bien cet hommage à l'auteur de la galerie de l'hôtel Bullioud et des plans d'un porche de Saint-Nizier, au grand Lyonnais, inspecteur des fortifications, architecte des rois de France, qui construisit ou embellit tant de demeures royales ou princières. Voila qui permet d'alimenter les réflexions de ceux de nos concitoyens qui iront en pèlerinage - s'ils ne Pont déjà fait - au fond de la petite allée tortueuse et mal éclairée qui donne accès à la cour peu aérée où la galerie de Philibert de l'Orme attend ses admirateurs. Source : "Choses du passé. Les vieux-logis lyonnais : l'hôtel Bullioud" / Du Vernay [Martin Basse], 1928.
note à l'exemplaire Photographie attribuée à Pierre Clavel.
note bibliographique Recherches sur l'architecture [...] / Pierre Martin, 1854, p.25. [En ligne] : https://books.google.fr/books?id=cr0GJ3Hm7VkC&hl=fr&pg=PA25 (consulté le 06-08-2023). - 8 rue Juiverie [Livre] : la lumière élargie / Jean-Louis Schefer et Jacqueline Salmon, 1989 [BM Lyon, 6900 X8 SAL].

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