[Halle médiévale de Crémieu]

[Halle médiévale de Crémieu]
droitsCreative Commons - Paternité. Pas d'utilisation commerciale. Pas de modification.
localisationBibliothèque municipale de Lyon / P0741 FIGRP06994 001
technique1 photographie négative : noir et blanc ; 24 x 36 mm
historiqueAu terme d'un important chantier de deux ans et demi conduit par les Monuments historiques, l'action conjuguée de l'Etat, de la commune, du Département de l'Isère, a permis à Crémieu de restaurer ses superbes halles médiévales, désormais dotées d'une nouvelle couverture de lauzes. A l'identique de celles d'origine. Moins de trois mille habitants, mais six bâtiments classés au titre des Monuments historiques et quatorze autres inscrits. Qui dit mieux ? Mieux que Crémieu, ancienne place forte médiévale, sise au croisement des grandes voies de commerce reliant la Suisse, la Savoie et l'Italie, puis ville un rien assoupie, loin du réseau des routes ouvertes par le Siècle des Lumières. Une ville qui, en 1994, est bien décidée à entretenir et à mettre en valeur cette richesse patrimoniale, pour en faire le pivot d'un tourisme culturel, lequel devrait prendre racine sans grand problème dans ce lieu qui appartient au réseau des Villes d'art et d'Histoire. Elle a signé un contrat de pays avec la Région et un contrat de développement touristique avec l'Etat. "Cela nous coûte cher, mais nous en sommes fiers", aime à dire le député-maire, Alain Moyne-Bressand, voyant là un "vecteur économique d'importance pour la cité". Une cité dont la maison commune a investi l'ancien couvent des Augustins, possède encore de solides remparts, ornés d'imposantes portes, une superbe pompe à balancier du XIXe siècle, une belle brochette de rues médiévales et une halle, sous laquelle se tient encore le traditionnel marché du mercredi. Pas n'importe quelle halle : un superbe bâtiment médiéval, dont la charpente en bois est couverte de lauzes, ces plaques de pierre débitées, jadis monnaie courante pour la couverture des maisons. Une couverture qui donnait d'inquiétants signes de faiblesse... Elle vient d'être, comme la charpente, entièrement restaurée, à l'occasion d'un important chantier dont le coût (5,2MF) fut réparti entre l'Etat (50%), le Conseil général de l'Isère (25%) et la commune de Crémieu (25%). Deux ans et demi de travaux, sous l'égide du conservateur régional des Monuments historiques, Jean-Louis Charpentier, et sous la direction de l'architecte en chef des Monuments historiques chargé de l'Isère, François Botton. Pour lequel "ces travaux ont été l'occasion d'un large dialogue avec la population de Crémieu." Point de départ de l'affaire : un immense rectangle de soixante mètres sur vingt, faisant de la Halle de Crémieu l'une des plus vastes de France, constitué de trois nefs séparées par quatre rangées de vingt et un poteaux et clos par deux façades-pignons en maçonnerie, percées de baies en arcs brisés. Avec une charpente en chêne, comportant une grande quantité de bois originaux, ce qui fait parler les spécialistes de "véritable bibliothèque de bois anciens." Une charpente dont les nouvelles techniques de cicatrisation, mettant en oeuvre des résines synthétiques, ont permis de changer certaines pièces dégradées, sans avoir à démonter l'ensemble. Restait la toiture à deux versants, recouverte de lauzes, ou plus exactement de couvrures, selon la terminologie exacte des hommes de l'art. Un poids énorme : trois à quatre cents kilos par mètre carré, soit plus de quatre tonnes à Crémieu. Des plaques de deux à trois centimètres d'épaisseur, jadis débitées par les mains expertes des artisans-carriers, dans des pierres calcaires des alentours. Et tout de suite un problème : le mauvais état des lauzes ne permettait pas de les réutiliser. Il en fallait de nouvelles. Car l'on voulait conserver au lieu son authenticité. Mais les carrières d'extraction locales (elles étaient vingt-six à la fin du XVIIIe siècle) étaient fermées depuis longtemps... Force fut donc de trouver un produit de substitution : une pierre calcaire de Bourgogne, sélectionnée après de nombreuses recherches dans la carrière de Magny-lès-Villers, en Côte-d'Or. Aujourd'hui, la nouvelle couvrure offre aux regards sa blondeur bourguignonne, en attente de la patine du temps. Prochainement, grâce à l'aide du Conseil régional et du Conseil général, la commune va s'employer à éclairer judicieusement sa halle et à daller le sol. Puis, tout en pratiquant une politique tendant à faire disparaître des rues (médiévales !), les indiscrètes enseignes au néon des devantures, elle devrait s'attaquer au cloître des Augustins et ensuite à l'église. Elle aussi couverte de lauzes. Pour l'occasion, celles déposées à la halle seront réutilisées... Directeur régional des Affaires culturelles, Patrice Béghain se plaît à souligner le caractère exemplaire de ce dossier : "Voilà un chantier qui illustre parfaitement. bien ce qu'est aujourd'hui la restauration d'un monument historique. Ce n'est plus seulement changer des pièces, refaire un enduit, décaper une poutre... C'est en plus devenu un travail scientifique. De la datation des pièces de bois, au travail d'injection de résine, qui en appelle aux techniques les plus modernes en la matière." Et il est vrai que la remarque s'applique bien ici : l'analyse dendrochronologie pratiquée (c'est-à-dire la datation des strates de bois successives, par le carbone14) a permis de rectifier la date de naissance de la halle. On la pensait de 1321, elle ne date que de 1434. Un siècle de moins, Une sacrée cure de jeunesse... Source : "Crémieu trouve un toit" / G.C. [Gérard Corneloup] in Lyon Figaro, 17 septembre 1994, p.34.
note à l'exemplaireCe reportage photographique contient 11 négatifs.
note bibliographiqueHalle de Crémieu, Isère : couvertures / [éd. par] Conservation régionale des monuments historiques Rhône-Alpes, 1994 [BM Lyon, B 051456].

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