[Cinema "Les 8 Nefs"]

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localisation Bibliothèque municipale de Lyon / P0740 FIGRP08074 001
technique 1 photographie négative : noir et blanc ; 36 x 24 mm
historique Le 24 décembre 1985, Lucien Adira, propriétaire indépendant de cinémas, rachète à UGC, premier exploitant français en nombre de salles, son complexe sis 20, rue Thomassin, en plein coeur de Lyon. L'UGC Scala devient Nef Scala, depuis rebaptisé 7 Nef. Les sept salles, menacées depuis la naissance des 14 salles UGC implantées dans le Centre commercial de la Part-Dieu, sont ainsi sauvées de la fermeture. Même si UGC reste toujours le propriétaire des murs et que Lucien Adira n'a acheté que la "gestion du fond de commerce". Commence alors, pour le seul complexe lyonnais indépendant encore en place, une nouvelle vie. Dix ans qui ont vu des périodes de doute et de lutte autour d'une "sale réputation qui collait trop à la peau", et la mise en place d'une politique musclée et audacieuse destinée à redorer un blason quelque peu terni. Ce dixième anniversaire coïncide avec l'aboutissement de cette politique basée sur des prix bas, et surtout, un lifting total, tant à l'intérieur qu'à l'extérieur du complexe. En effet, au tout début de 1994, lassée de nombreuses années de délabrement de la situation, face à une clientèle des plus difficiles, la direction du 7 Nef décida de prendre le taureau par les cornes et d'assainir ce public qui nuisait à l'image du cinéma. Sans pour autant abandonner un système tarifaire, si envié qu'il déclencha, à Lyon, à la rentrée 94, la fameuse guerre des prix, désormais inscrite dans les annales de la distribution cinématographique française. Furent alors conjointement lancées "une grande chasse aux fraudeurs et semeurs de troubles" et une série de travaux organisés en deux phases. La première, en mai 1994, consiste en la transformation, après son rachat, du cinéma pornographique attenant, "Le Paris", en une huitième salle. La seconde, d'une toute autre échelle, s'achève en décembre 1995. Les sept "anciennes" salles sont désormais flambant neuves. Les fauteuils, moquettes et tissus muraux ont tous été changés. Sur l'écran, en plus du son THX, la grande salle de 450 places a été équipée du système Digital qui offre une qualité, dit-on, "encore supérieure". En revanche, si l'amélioration sonore des six autres salles est passée par le remplacement des amplis, cinq restent encore équipées en mono. Mais le changement le plus spectaculaire, car le plus visible, est intervenu à l'extérieur. Depuis début décembre 1995, le gigantesque caisson de 28 mètres de haut, promis en janvier 1994, est en place. Le cabinet d'architectes-urbanistes Faure et Yves de Tassin, en est l'auteur. Cet imposant signal lumineux, constitué de panneaux de verre traité en dégradé de bleu, éclaire désormais les alentours. Une grande nacelle devant servir à l'entretien des carreaux, frappée du chiffre "Nef", coiffe le tout. L'appellation 7 Nef, quoique obsolète depuis mai 94, devient donc définitivement hérétique. Une mauvaise inclinaison du terrain non prévue, suivie d'une impossibilité de réutiliser les structures métalliques existantes pour des questions de poids, ont obligé les maîtres d'ouvrage à redessiner les plans. Et du coup à créer un retard sur le calendrier qui alimenta les rumeurs les plus folles quant à l'avenir du complexe. Peu importe, après dix ans d'existence, le Nef est bel et bien là, vivant, et plus beau que jamais ! Seul rescapé de la main-mise progressive sur les salles effectuée par les deux majors Pathé et UGC qui se partagent le parc lyonnais. Le premier sur la rive droite, le second sur la gauche. Un vaisseau vivant et revigoré par cette politique musclée qui porte déjà ses fruits : "Alors qu'en 1993 nous représentions environ 14% des parts du marché lyonnais, nous arrivons aujourd'hui aux environs des 19%, avec des pointes de 22% en août", se vante Jean-Michel Baloge, nouveau directeur du Nef depuis mai 1995. Des chiffres cependant facilement explicables par la création de la huitième salle, et si l'on considère que le Pathé Palace, seul autre grand complexe du centre-ville est fermé depuis février 1995. Avec la réouverture de celui-ci en février 1996, les données seront sûrement modifiées. Pourtant, de par son nouvel écrin, Le Nef est désormais synonyme de qualité et pourra affronter le géant à armes égales. [..] Source : "Dix années de traversée" / Bruno Thévenon in Lyon Figaro, 27 décembre 1995, p.15.
note à l'exemplaire Ce reportage photographique contient 6 négatifs.
note bibliographique "7 nefs à l'abordage" / Bruno Thévenon in Lyon Figaro, 3 janvier 1994, p.1.

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