[Atelier Saint-Michel : restauration et création de...

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localisation Bibliothèque municipale de Lyon / P0741 FIGRP08068 005
technique 1 photographie négative : noir et blanc ; 24 x 36 mm
description Adresse de prise de vue : Atelier Saint-Michel, rue de Condé, Lyon 2e.
historique Ne possédant ni les diplômes d'Etat, ni la légitimité des ouvroirs, elle ne se prétend jamais restauratrice des vêtements et accessoires de culte. Elle dit tout juste : "Je fais resservir". Aux chasubles qui rendent l'âme, aux bannières privées de procession, Marie-Joseph Vaquié restitue couleurs et tenue, attaque parfois de front le fond et le relief, brode, rapièce et redonne vie aux tissus enfouis dans les sacristies. Son histoire au service du service de Dieu s'inscrit au rayon des vocations tardives. La vie de Marie-Joseph Vaquié fut d'abord celle d'une mère de famille, puis celle d'une femme active par nécessité qui eut à créer son propre emploi par obligation. Elle dit avoir toujours bricolé, cousu, brodé et c'est un stage chez une tapissière assorti d'un CAP qui lui ont donné les moyens d'ordonner ses capacités. Là, elle apprend des gestes et découvre des outils qui lui permettront bientôt de mêler plusieurs techniques artisanales. La foi catholique, le goût des rites, de l'apparat et un cadeau fait à un prêtre ami devaient enfin déterminer sa destination finale. L'ordinand hérite d'une chasuble qui ne doit rien au prêt-à-porter sacerdotal vendu par correspondance et la couturière décide de s'installer à son compte. Depuis, n'ont cessé d'affluer les demandes et ressortent des tiroirs des dais dont il faut recréer la pompe et l'esprit, des étoles d'hiver dont la doublure de molleton a servi de nid à rats et autres parures aux ors flétris. Fin XIXe ou première moitié du XXe siècle, la plupart des tissus qui parviennent jusqu'à l'atelier Saint-Michel relèvent d'une histoire récente et peuvent à ce titre être remaniés sans que des armées de conservateurs aguerris ou d'archéologues du culte aient à intervenir. C'est du moins ce que soutient la petite main Marie-Joseph Vaquié qui abandonne bien volontiers aux spécialistes les pièces anciennes pour se consacrer aux sauvetages de la dernière heure, aux travaux obscurs qui n'en redorent pas moins le blason d'une paroisse et la dévotion des paroissiens. Elle multiplie donc les devis, propose de déplacer un ornement pour masquer des ans un outrage pas du tout réparable, récupère ici un métrage de cannetille qu'elle fixera ailleurs, invente des patchworks de damas, redonne de l'éclat à une doublure, se fait aider d'une restauratrice de tableaux lorsqu'il faut recréer un décor peint et partout milite pour le beau qui n'est pas forcément synonyme de dispendieux. Elle dédaigne ainsi les fils d'or neufs et leur préfère des écheveaux de récupération dont les métaux oxydés s'allient naturellement aux tissus qu'elle fait "resservir". "Ce métier qui n'a pas de nom, exige d'associer technique et qualités d'imagination, mais il faudrait plus encore redonner aux prêtres le goût de la solennité, il s'agit tout de même du service Dieu !". Dans sa boutique de la rue de Condé, Marie-Joseph Vaquié fait donc du presque neuf avec du vieux et du vrai neuf sur commande, elle travaille aussi pour les particuliers sur des sièges aux tapisseries profanes, cherche dans les greniers lyonnais la machine Cornely qui lui faciliterait la tâche et s'apprête à partir vers Chartres pour la grand-messe des marchands du temple : Religio, le salon des objets du culte. Sur son stand, elle montrera comment elle sait à la fois respecter et inventer ; elle exposera une chasuble, deux étoles de sa main, mais surtout un ombrellino de procession, une vieille chose qui bat de la baleine et à qui elle est en train de redonner des raisons de parader lors des fêtes votives en abritant du soleil et des ondées un clergé vieillissant qui renoue avec les valeurs du passé. Source : "Au service du service de Dieu" / Sophie Bloch in Lyon Figaro, 18 janvier 1996, p.4.
note à l'exemplaire Ce reportage photographique contient 22 négatifs.

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