[Usine d'incinération des ordures ménagères Lyon-Nord à...

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localisation Bibliothèque municipale de Lyon / P0741 FIGRP06568 004
technique 1 photographie négative : noir et blanc ; 24 x 36 mm
description Adresse de prise de vue : Usine d'incinération des ordures ménagères Lyon-Nord (Uiom), 1110, route Mas-Rillier, 69140 Rillieux-la-Pape.
historique Aux portes de Lyon, dans l'Ain, il est un maire qui vient de faire une excellente opération politique. Il est en revanche une communauté urbaine, celle de Lyon, qui vient de subir un revers économique impromptu. Entre les deux belligérants qui, jamais ne se sont affrontés de face, on trouve une société, Valorly, singulièrement encombrée par les 200 tonnes de mâchefers qu'elle produit quotidiennement en réduisant à leur plus simple, mais lourde expression le contenu des poubelles lyonnaises. Depuis le 1er février 1994, la décharge de Neyron, dite aussi décharge de Sermenaz, a en effet été interdite aux camions en provenance de la centrale d'incinération de Rillieux-la-Pape. Au pied des grands fourneaux qui traitent la moitié des déchets de l'agglomération, dans cette "usine Nord" gérée par Valorly s'organise donc la résistance. Sur le site même de l'usine vient d'être aménagée une plateforme d'attente et sur ce terrain tout juste aplani vont s'entasser des mètres cubes de matière, inerte certes, mais pour le moins encombrante. Quelques jours auparavant, Fabien Genest, directeur de Valorly, a appris que les contrats et toutes les autorisations officielles obtenues pour décharger ses matériaux à trois kilomètres de là, à Sermenaz, sur la commune de Neyron, étaient désormais sans effet. Au soir du 31 janvier 1994, cette décharge privée dont le propriétaire est un industriel nommé Marius Moreau, cette décharge légalement prévue pour accueillir les résidus de l'usine Nord, s'est transformée en lieu destiné aux seuls matériaux de remblaiement. Comme par miracle, le maire de Neyron a obtenu gain de cause dans le conflit qui l'oppose depuis des années à Marius Moreau. En rendant leurs poubelles aux Lyonnais, Benoît de Chassey crée non seulement une jolie pagaille, mais il prouve surtout à ses électeurs qu'il a tout le ressort nécessaire à sa prochaine réélection. Il faut dire que ce maire-là a tout fait, joué toutes les cartes imaginables. Il a aussi fort bien été secondé par un Préfet de l'Ain qui n'a ménagé aucun arrêté pour tenter de fermer la décharge coupable. Supposé empoisonner la vie des Neyrolands, le lieu incriminé a pour défaut majeur de rapporter peu de royalties à ses riverains alors que l'usine d'incinération, elle, fait le bonheur financier des habitants de Rillieux qui n'ont jamais eu à supporter ses nuisances. Las de tant d'injustice, le préfet et le maire sont donc partis à l'assaut, non pas de l'usine, mais de la décharge et, à chaque épisode, ils ont subi des revers : sitôt une fermeture ordonnée elle était abrogée, sitôt une décision prise elle était annulée et le tout se complétait, le cas échéant, d'une condamnation pour diffamation. Prévue pour accueillir les mâchefers jusqu'en juin 1994, la décharge obtenait victoire partout, y compris auprès des experts et des administrateurs de l'industrie et de l'environnement. Dépourvus de munitions, le maire de Neyron et son conseil municipal ont donc jeté en décembre leur démission collective dans la balance et ont semé un peu plus de désordre dans une histoire qui n'a jamais brillé par sa logique. Or, un Préfet, cela déteste le désordre. Lorsqu'il ne s'agit que de camions de mâchefers, passe encore, mais un désordre politique, voilà qui est très désobligeant. Et c'est ainsi qu'il organisa la réunion de la dernière chance, imposa à Marius Moreau des arguments topologiques suffisamment convaincants ou exaspérants, pour que celui-ci cède, d'un coup. Jamais ne sera connue la teneur du débat, mais le fait est qu'entre Noël et le jour de l'An, l'industriel s'incline, accepte d'en finir avec les mâchefers dès le 31 janvier suivant et promet de remblayer ce qui reste à combler au seul moyen de matériaux de démolition. Au terme de vingt années de bisbilles et cinq mois avant la fermeture légale et obligatoire de la décharge, le combat cesse faute de combattants. [...] Après la fermeture de Sermenaz, la seule décharge envisageable se situe effectivement vers Saint-Etienne et la conséquence immédiate de ces voyages au long cours sera une multiplication de la facture transport par deux. A la fin de l'année 1994, les comptes "poubelle" du Grand Lyon augmenteraient de ce seul fait de 6 millions de francs... Source : "Poubelles en stock" / Sophie Bloch in Lyon Figaro, 2 février 1994, p.1 et 5.
note à l'exemplaire Ce reportage photographique contient 24 négatifs.

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